
Des claques, j’en ai prises. Des virtuelles, des réelles. Des claques données par des chansons, des disques, des filles. Non, jamais par des garçons. Enfin, pas directement. Parce que, bien sûr, vous avez raison : derrière les chansons, derrière les disques, il y a souvent eu des garçons. La dernière claque en date – assez violente sur l’échelle des émotions – remonte à l’automne dernier. Un jeune homme que je connais – mais pas si bien que ça –, que j’ai croisé – mais pas si souvent que ça – envoyait les fichiers audio de son premier album à tous ses souscripteurs – via l’excellente structure Microcultures. Ce jeune homme, donc, venait de terminer un disque dont on devinait une gestation longue et parfois douloureuse – mais quand un disque raconte les morceaux d’une vie, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. Un disque qui parle de lui, mais qui, ai-je compris dès les (presque) premiers mots (“Moi qui fais tout pour t’épater / qui cherche ton admiration / Je passe mon temps à t’assommer / Quand je ne passe pas pour un vrai con…”), allait aussi parler un peu de moi. Et puis, tant qu’on y est, de vous également. Un disque qui ne fait pas tout à fait les choses comme les autres. Un disque ancré dans la musique d’ici – ces textes encore, comme autant de nouvelles qui pourraient exister par elles-mêmes –, mais aussi tourné de l’autre côté de l’Atlantique.



Spring
J’étais à peu près sûr de ne pas avoir jeté « jeté » ces premiers mails reçus le 18 septembre 2017, à une époque où j’avais la tête ailleurs. Je n’avais donc pas tout à fait réagi comme il se devait à la nouvelle – comme il se devait ? Faire des bonds de cabri dans le salon, ressortir tous les disques des personnes concernées (une vingtaine de disques au total), déboucher une bouteille de vin (Rioja, merci), passer une nuit blanche à tout réécouter et tirer quelques plans sur la comète. Pour résumer, depuis Londres, un ami un peu perdu de vu — mais beaucoup croisé dans les années 1990 – m’annonçait la naissance d’un nouveau projet avec sa compagne. Cette nouvelle, en fait, je l’attendais depuis plus de deux décennies. 
