Sortir de la nuit : marcher vers la lumière — ne pas atteindre le bout du chemin. Peut-on, par l’entremise de la peur et de la désolation, perdre jusqu’à la dernière fonction émotionnelle ? Peut-on, sous la menace du temps qui file entre nos mains, craindre même l’écoulement de la chanson ?
J’écris ici à la lumière d’une bougie. Autrement dit : encore tapi dans la nuit, observant grâce au début d’un regain de lumière, ce qu’il manque encore de jour à la vie. Je voudrais que revienne mon attention au monde car je l’ai perdue. Des mois que je n’ai pas écouté le commencement d’une chanson sans que mon esprit s’égare et se referme. Des jours que je n’ai pas ressenti le début d’une émotion claire et distincte. Des heures que je n’ai pas appartenu à l’humanité pleine et entière. Continuer la lecture de « Je déteste la musique »
Un disquaire par jour propose ses 10 albums du moment.
Créé en 2019, Dizonord (pour Disquaire de la Zone Nord) s’est immédiatement imposé comme l’un des hauts lieux du digging pointu et oeucuménique. Field recording, Folk trad, musiques africaines, japonaises ou orientales, musiques pour enfants, expérimental, noise ou free côtoient toutes les formes de musiques électroniques – dancefloor, rave ou plus abstraites, l’offre est impressionnante. L’ambition, pour les fondateurs et animateurs du lieu, étant de réunir les multiples communautés qui gravitent autour des différentes chapelles musicales, de faire du shop un point de rencontres et d’échanges. Un établissement qui est aussi très actif dans son quartier (ateliers pour les enfants, dj set, rencontres, etc.), et qui fait office de label ou de maison d’édition. Mention spéciale pour leur capacité à dénicher les deadstocks des labels et autres distribs les plus improbables !
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Originaire de Perpignan, Franck Pompidor débarque à Paris pour travailler dans des labels au début des années 2000. Après plusieurs stages pour Tricatel et les défunts distributeurs Source ou Poplane, il se rend compte alors que de nombreux artistes et leurs disques ne se vendent plus vraiment nulle part. Il se lance alors au pire moment, comme il le décrit, en ouvrant Ground Zero en 2004, au 12, rue de Crussol, à quelques encablures du Bataclan et du Cirque d’Hiver. La boutique aimante les fans d’indie pop, qui fouillent les bacs du disquaire avant d’aller descendre des pintes au Pop In voisin. Franck tient alors la batterie du groupe garage Hushpuppies, et parvient à fédérer une communauté solide avec des évènements dans le magasin, qui se finissent plus tardivement dans le mythique bar de la rue Amelot (ndlr. Le Pop In, donc). On se souvient particulièrement d’un concert vraiment touchant de Jeffrey Lewis, mais d’autres artistes comme Julie Doiron, Troy Von Balthazar, et Herman Düne, viennent se produire au milieu des rayons, en plein jumelage antifolk avec les open mics du dimanche au Pop In et le festival Mofo à Mains d’Œuvres à Saint Ouen. En 2008, Ground Zero quitte le 11ème arrondissement pour agrandir son espace du côté de la charmante place Sainte Marthe, sous Belleville. Ground Zero étend alors son spectre aux musiques world ou électroniques, et devient l’un des fers de lance des premières éditions du Disquaire Day français, qui symbolise ce retour de flamme hexagonal du vinyle. Continuer la lecture de « Clique & Collecte chez Ground Zero à Paris »
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À deux pas du marché d’Aligre et de la rue du Faubourg St Antoine, dans le douzième arrondissement, se trouve Hands And Arms, une distribution en ligne (depuis onze ans) devenue disquaire depuis quatre ans. La boutique est un gentil bazar, il y a des disques un peu partout, du dernier Metronomy en passant par la réédition d’un obscur disque de musique psychédélique péruvienne. Très orienté indie-pop à ses débuts sur le site internet, Hands And Arms a su trouver sa place dans le quartier et ouvrir sa ligne éditoriale. Que vous cherchiez le dernier Tame Impala, les nouveautés des labels hexagonaux ou une réédition chez Vampisoul, Hands And Arms l’a sûrement. La boutique dispose également d’un rayon d’occasion tout à fait correct dans son choix et ses prix. Attentif, curieux et bienveillant, Yves est à l’opposé de l’image d’Épinal du disquaire bougon : Hands And Arms est un endroit où il est agréable de venir.
Hands & Arms, 72 rue Crozatier, 75012 Paris. Joignable par e-mail (contact@handsandarms.com), ou commander sur le site et récupérer vos disques sur rendez-vous à la boutique.
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Listen! est un disquaire ouvert depuis deux ans. Généraliste, pratiquant tous les prix, la boutique se démarque par une sélection composée à 95% de disques d’occasion – et de quelques rééditions de labels amis – chiné par le maitre des lieux, Thomas Pasquet. Collectionneur et créateur du défunt site frenchattack.com, il a fait découvrir pendant plus de quinze ans les disques les plus improbables de l’hexagone. La sélection et le concept de la boutique est à son image : tel un chef qui va composer son menu en fonction de ce qu’il trouve au marché, Listen! proposera des arrivages au gré de ses pérégrinations aux quatre coins de la France mais aussi au Japon, où il se rend plusieurs fois par ans. On l’aura compris, dans ce petit écrin boisé du onzième arrondissement, on chine des disques précieux, allant du krautrock au synth, en passant par le jazz, le brésilien, l’afro et la soul. Un passage indispensable, à placer dans sa quête du groove parfait à Paris, entre Betino’s, Superfly et Le Souffle Continu.
Listen!, 43 rue de la Folie Méricourt, Paris 11ème. Et aussi sur leur site, ou leur page facebook et instagram.
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Elles / ils sont des filles de, fils de – ou peut-être des cousines ou des cousins, des nièces, des neveux. Toute la journée, toute la semaine, ils subissent la musique forcément cool qu’écoutent leurs parents ou les membres de leur famille. Alors, ces ados et pré-ados sont-ils déjà condamnés à écouter ce qu’on leur impose au presque quotidien ? Pas forcément, la preuve par 16, comme en témoigne la dixième mixtape de cette série, concoctée par Louis, 14 ans.
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Enclave salutaire sise au cœur d’un quartier que toujours arpentèrent les obsessionnels de la chose vinylique (Bastille / Ledru Rollin / Faidherbe), Pop Culture Shop a su, grâce à la témérité et à la bienveillance de son grand architecte, devenir un incontournable des disquaires pointus de la capitale. Dire que depuis une décennie Fred Paquet tisse un réseau de connaissances, de fouinage et d’excellence serait pourtant tout à fait incongru car notre camarade (#entresoi, on ne va pas se mentir) exerce la fonction de passeur et d’activiste depuis la fin de son adolescence. De fanzines en compilations cassettes devenues mythiques (Happy?, Heol, Whoops) de label (Intercontinental Records) en formations enjouées (Superdrug, Clair, Panama), Fred a toujours su fureter profondément là où certains ne faisaient qu’effleurer le sujet. Son échoppe attire donc non seulement des clients pinailleurs et exigeants, mais aussi de simples curieux qui par les sortilèges d’une pédagogie assez finement orientée mais sans exclusive, en ressortiront probablement plus riches qu’en y entrant. Et c’est bien un éventail complet de tout ce que les musiques pointues et POPulaires ont proposé au fil de deux siècles qui est disponible ici, avec notamment un travail hallucinant sur les rééditions et un rayons d’occasions parmi les plus alléchants qui soit. Ressortir de ce singulier bazar les mains vides n’étant tout simplement pas une option.
Pour cliquer & collecter : réservations, retraits de commandes, livraison gratuite sur Paris et envois tous les jours via facebook, téléphone (01.43.55.34.68) ou mail (popcultureshop75@gmail.com)
Pop Culture Shop, 23 rue Keller, 75011 Paris
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Un petit jeune qui a de la bouteille et une certaine présence, pourrait-on dire. Grand par sa taille et la diversité de sa sélection mais récent par son ouverture, en avril 2018. Bigwax est le fruit de l’association entre Squeezer, société de pressage de vinyle, et L’International Records, boutique de disques que Dave tenait depuis 2012. Il anime le magasin avec Alan, et deux associés et co-gérants qui ne travaillent pas sur place, Gregory et Edouard. Côté bacs, l’identité de la boutique est vraiment « d’être ouverte à tous les genres et de proposer une sélection qui puisse parler à tout le monde, du très pointu au plus populaire », selon Dave. « Nous sommes généralistes, du classique à la techno, en neuf comme en occasion. Notre clientèle est donc extrêmement diverse, nous avons autant de fans de jazz que de chineurs de variété française ou de disco, autant de curieux et amateurs que de geeks absolus. »
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