À la base, je viens des scènes de musique grind, métal, hardcore, donc au début j’étais hurleuse dans un groupe de grind. J’ai eu envie d’un projet plus rock chanté en français. La rencontre avec Seb a été le déclic et la décision de jouer ensemble est partie de notre passion commune pour les Thugs. Puis, je suis allée chercher Guillaume qui m’intriguait et que j’avais envie de mieux connaître et enfin Carole, que je connais de longue date. J’étais convaincue que c’était le bon combo. Continuer la lecture de « Sous surveillance : Le Cœur des Garçons »
Il y a des démons du passé, des cadavres décomposés dans le placard de la musique du messin Guillaume Marietta. De projets (A.H. KRAKEN, The Feeling of Love) nés dans le joug de La Grande Triple Alliance Internationale de l’Est, dont il a témoigné l’an passé à travers un documentaire percutant comme une balle dans le cœur, jusqu’à ce Handkuss Jesus paru ce mois, au nom d’artiste à propos en ces temps armés : Warietta. Un disque où ses mélopées graves / aigues, autant Bowie que Murphy, soulignent une fois encore le talent fou de songwriter du dandy dépité et dérangeant. Aussi synthétique que profondément rock (Si le rock voulait encore dire quelque chose, dit-il), la cartouche goth / wave jamais loin, ce nouvel album lacère nos derniers espoirs envers ce monde nauséabond avec flamboyance et noirceur. Excellente raison pour demander à ce personnage précieux et érudit quelques références de plus. Continuer la lecture de « Selectorama : Warietta »
« Trop de ressentiment, ça détruit les sentiments »
Dans le département documentation de Section 26, on commence à avoir des dossiers. En 2019, j’écrivais à propos d’un homme-orchestre aperçu et apprécié au Diamant d’or de Strasbourg, et de sa démo en CDR glanée à la fin de son concert : « C’est l’état que je préfère de notre chanson française, directe, un peu frime, un peu déprimée : avec quelques mélodies inoubliables, assez pour nous faire espérer une suite, que ce soit pour de vrai en studio, en concert aussi, où la belle présence de ce jeune homme à moustache (et au mulet naissant) apaise. » Je ne sais pas s’il porte encore la moustache et le mulet, mais Antonio Emmanuel, connu sous le nom Danse avec les Shlags (qui est entre-temps devenu le titre de ce disque, capito ?), et ex clavier du Villejuif Underground revient, et de belle manière. Continuer la lecture de « Antonio Emmanuel, Danse avec les shlags (Entre-soi) »
Ce n’est pas un hasard si le disque des Mercuriales commence par un tonitruant « LA MORT ! » éructé d’outre-tombe par la voix de Jacques Lacan : morts, nous le sommes déjà vivants. Pas seulement parce que ce qui nous a faits a disparu : décors de l’enfance, arrière-grands-parents qui nous tenaient sur leurs genoux au bord d’une table en formica dans une odeur de Clan ou d’Amsterdamer, mais aussi parce que la mort était déjà depuis longtemps au travail dans la sensibilité même du temps, celle de « l’homme sans immédiateté » qui est à jamais la nôtre, post-adolescents maladifs et fétichistes, fébriles et désorientés, et qu’on retrouve encore dans la voix tremblante de Maurice Ronet qui succède à celle de Lacan en ouverture de ce disque des Mercuriales donc, Les choses m’échappent. Continuer la lecture de « Les Mercuriales, Les choses m’échappent (Hellzapoppin) »
Il n’y en a pas beaucoup. Peut-être n’y a-t-il que lui. Des artistes français capables de chanter : Rock’n’Roll sur un refrain – celui d’Enfant Terrible, le premier morceau de son nouvel album – sans susciter ni cette gêne incrédule ni ce malaise décalé qui accompagnent les tentatives pataudes pour s’approprier les reliques d’une forme lointaine et disparue. Dans les accents élégants de cette voix – de plus en plus grave, de plus en plus belle – on ne discerne aucune prétention vaine à ressusciter ce qui n’est plus. Simplement à faire vibrer, une fois encore, cette nostalgie sereine qui imprègne depuis longtemps l’œuvre essentielle de Johan Asherton. Continuer la lecture de « Selectorama : Johan Asherton »
C’était il y a vingt ans – presque très exactement. La RPM canal historique était devenue (ou en passe de devenir) le média qui plus que tout autre allait prendre fait et cause pour les disques de Jean-Louis Murat, certes déjà adoubé par Les Inrockuptibles (LA fameuse une bleue délavée du numéro 31) mais qui avait trouvé en la plume du journaliste Franck Vergeade un thuriféraire d’une rare fidélité. L’Auvergnat n’était pas encore devenu le stakhanoviste des sorties d’albums – il en était aux prémices – et ses interventions médiatiques ne défrayaient pas encore les chroniques. Certes, il s’était mis à nu (au propre, pour le coup) dans un numéro de la RPM (le numéro 45 pour celles et ceux qui sont intrigués), et cela nous avait valu une mention dans un ou deux confrères moins portés sur la chose musicale. Quoi qu’il en soit (car je sais que d’aucuns chipoteront), il avait déjà cette sainte horreur de se répéter et aimait surtout concrétiser ses idées, mêmes les plus farfelues – ce qui n’était pas le cas ici. Coincé entre Lilith et 1829, A Bird On A Poire n’était pas je crois à proprement parler un album de Jean-Louis Murat – et tant pis si je suis excommunié pour écrire cela. Ce disque aussi gai que les traits légers et pastel de sa pochette, aux accent sixties et aux tons résolument badins (coquins, oseraient certaines et certains) est un album imaginé à deux et enregistré à trois (un peu plus en fait) – composé et écrit par le bassiste suisse Fred Jimenez et celui qu’on commence à surnommer Le Moujik, rejoints en studio par l’Américaine Jennifer Charles, dont la voix caressante – oui, exactement, de celles qui tiennent dans un mouchoir – avait déjà épousé celle de Murat cinq ans plus tôt, sur ce qui reste peut-être comme la pierre angulaire d’une discographie plurielle, l’œuvre outre-atlantique Mustango. Continuer la lecture de « Jennifer Charles, la fidèle »