La cellule de groupe entièrement (ou quasi) féminine est décidément bien ancrée dans l’histoire du rock et des musiques des marges, pour la plus grande joie des grands et des petits. Considérés avec bienveillance, parfois avec un brin de condescendance par la concurrence masculine, les groupes de filles trouvent souvent un accueil chaleureux du côté des fans (hommes et femmes) énamourés pour plusieurs raisons. Vrai ou pas, elles sont souvent nimbées d’une sorte d’innocence originelle, débarrassées des poses débiles et guerrières, combats de coq à la clé, des mascus de service. Continuer la lecture de « Alvilda, C’est Déjà L’heure (Static Shock) »
Que faire quand, à bout de souffle, on a écouté la quasi totalité des disques des Guided By Voices ? Se lancer à corps perdu dans les méandres de Crafted Achievment, le nouveau et second long format des EggS. En 2022, il avait fallu moins de deux écoutes de leur premier album (A Glitter Year) pour conclure que ces chantres des anti-héros des années 90 avaient tout bon. Avec des morceaux comme Old Fashioned Virtue ou Daily Hell, ce groupe français reprenait le flambeau des stakhanovistes américains de Dayton et rendait un peu de fierté aux orphelins de David Berman. C’était urgent, touchant sans être désuet, c’était pour ainsi dire un premier album parfait. Quid de la suite ? Les EggS ont-ils versé dans la compromission ? Vont-ils trahir leurs idéaux ? Ont-ils prévu de faire des reprises de Taylor Swift sur leur nouvel album ? Continuer la lecture de « EggS, Crafted Achievement (Howlin’ Banana Records / Prefect Records) »
On ne compte plus les artistes et groupes passés par cette exercice mensuel chez section26, auquel participe l’ensemble de la rédaction. Ce mois-ci, on ouvre avec Panda Bear, qui a eu l’idée lumineuse de faire appel à l’auteure du triple albumDiamond Jubilee, qui a fait une quasi-unanimité chez nous ce printemps dernier, et vient tout juste de sortir en vinyl chez l’illustre label Superior Viaduct : l’obscure et fascinante Cindy Lee. Rien que pour cela, appuyez sur play et laissez défiler les perles.
« L’adolescence est terminée. » (Convergence) « J’ai fait tant de saisons pour enfin éclore » (Elégie)
L’adolescence est, dit-on souvent, le moment passionnant de la véritable rencontre. Sur ce premier album, produit d’une lente gestation de six années et jalonnée de sept Ep’s dont avait suivi l’évolution avec passion et attention, le tandem Calvin Keller et Alicia Lovich (ainsi que Séverin Hutt à la basse) sont donc parvenus au premier terme d’un parcours qu’on leur souhaite encore long. Et c’est émouvant. Pas tellement parce qu’on continuerait ici de déceler les lueurs de ces flambeaux musicaux qui ont illuminé nos jeunesses, brillamment brandis par un groupe dont quelques décennies et une bonne génération nous séparent désormais. Continuer la lecture de « Sinaïve, Pop Moderne (Antimatière / SuperStructure) »
Depuis l’écoute de leur première cassette éponyme enregistrée et sortie en toute confidentialité en pleine pandémie, l’excellent trio Lyonnais eat-girls façonne un jeu singulier, rempli d’expérimentations, laissant imaginer une parenté avec les Australiens de Exek (avec qui elles ont joué cet été) et des projets Nantais comme Kontexte et Quinconce. Para Los Pies Cansados, quatrième morceau d’annonce d’un debut album à venir chez Bureau B début novembre, tient toutes ses promesses. Dès le début du morceau, un son motorik glaçant, une basse qui bourdonne, et l’ajout d’un synthé enveloppe le tout de manière lancinante. Sans oublier une voix tendue qui laisse présager tout son amour pour des projets allemands comme Malaria! Pour ce groupe en pleine croissance, parti d’enregistrements à la maison, l’avenir sonne avec fracas.
Il en est des musiciens qui arrivent à construire une bulle d’élévation spirituelle autour de leurs œuvres. On sent qu’ils investissent dans leur façon de jouer, de composer, de produire plus qu’une simple envie de façade sociale ou de désir de succès. C’est le cas d’Adrien Kanter dont la musique de voyageur outsider semble rejoindre, par des méandres insaisissables, teutons planants, jazzmen libres ou guitaristes prog britannico-lysergiques. Dans ce rock spatial qu’il cultive dorénavant en accord avec la nature de sa Savoie d’accueil (où on le voit monter à cheval sur les superbes photos presse), on a envie de se perdre comme dans une cérémonie de révélation (on pense à un bol de peyotl dans un film perdu de Jodorowsky, ou au piment hallucinogène d’un épisode des Simpson) angoissante, parfois accueillante, parfois reposante, toujours remuante. Dans cet ensemble homogène quasiment instrumental, entre les incantations à on ne sait quel divinité, on se voit obligés de construire nos propres repères et de suivre l’avancée du disque « comme une marche en montagne » extatique, exigeante physiquement, mentalement toujours surprenante. De toute façon, nous, dès qu’on entend du saxophone qui serpente dans de la reverb, on est charmé. C’est l’âge. En attendant de récupérer de ce trip inattendu, Section26 a demandé à Cowboy Kanter ce qui le nourrissait en ce moment. Continuer la lecture de « Selectorama : Adrien Kanter »
Il y a certains groupes qu’on est fiers d’avoir accompagnés depuis leurs débuts. Eh non, il ne s’agit pas toujours de ces hérauts de la pop moderne au crépuscule de leur carrière, mais bien de petits groupes français proches de nous, qui ont émergé ces dernières années, souvent freinés par la pandémie. En Attendant Ana, Sinaïve ou encore Eggs sont de ceux-là, sur qui nous misons à long terme. Ces derniers partaient d’un quatuor qui s’est largement étoffé depuis leurs débuts, puisque Charles Daneau et le noyau dur de membres originels (Leo Deville, Grégoire Bayart et Manolo Freitas, rejoints par Rémi Studer à la batterie) aiment s’entourer de contributeurs occasionnels ou non, comme Erica Ashleson (SCHØØL, Special Friend, Dog Park), Come Ranjard, Cyprien Vandenbussche, et toujours le tandem d’inséparables Margaux Bouchaudon et Camille Fréchou (En Attendant Ana) qui viennent chacun apporter une touche de plus à leur œuvre collective. Alors non, l’idée n’est pas de finir en orchestre symphonique, bien au contraire. At The End Of The Road est le second single de Crafted Achievement, leur deuxième album prévu pour le 1er novembre, toujours chez Howlin’ Banana et Prefect Records, et révèle une certaine maitrise à réaliser des clips bouts-de-ficelle aussi attachants que leur jangle pop enjouée et mélancolique. Continuer la lecture de « Eggs, la bonne pioche »
Mayfly Two, c’est d’abord l’occasion de retrouver avec joie Anne Bacheley, légende discrète de la pop française anglophone des années 2000. A la tête d’une petite œuvre fais-le-toi-même plus ou moins difficile à trouver (des CDR, des œuvres numériques), elle a eu le privilège de figurer dans des listes de recommandations de Stephen Pastelhimself. Bien sûr que les Pastels figurent en bonne position dans les influences de la dame, mais Anne est avant tout une âme libre qui se fiche de tout carcan et de toute étiquette. Elle écrit et compose parce qu’elle en ressent le besoin, le reste n’est pas son problème. Plutôt solitaire musicalement jusqu’ici, elle semble avoir trouvé en Chris Fox (from Dundee, 100 km au nord d’Edimbourg) un alter ego musical avec qui elle partage sa passion pour la musique et cet alias de Mayfly Two. Continuer la lecture de « Selectorama : Mayfly Two »