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Tony Molina, Kill The Lights (Slumberland / import)

Tony MolinaOn se souvient tous plus ou moins (enfin surtout nous, les jeunes, qui l’avons vu de son vivant) de notre réaction énamourée et définitive à l’écoute du premier morceau d’Eliott Smith que nous ayons entendus. L’évidence d’un talent supérieur, d’une propension à toucher les étoiles l’air de rien, et surtout du décalage entre la vision humaine, pas ramenarde, presque banale de la chose malgré son caractère divin, et l’air de rien, rien à foutre. Cet aspect désespérément morose et déprimant, et puis, 20 ans après, des regrets et un culte aussi évident que facile.  Continuer la lecture de « Tony Molina, Kill The Lights (Slumberland / import) »

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Vinyl Williams – Opal (Requiem Pour Un Twister)

Vinyl WilliamsDepuis quelques années, le revival psychédélique nous gratifie de disques plus ou moins réussis. Comment renouveler un genre musical qui cumule déjà plus d’un demi-siècle d’histoire, avec ses propres codes et ses icônes ? Parmi les réussites, il y a eu Thee Oh Sees et le tourbillon garageux ; plus récemment, Kikagaku Moyo et la scène japonaise. Continuer la lecture de « Vinyl Williams – Opal (Requiem Pour Un Twister) »

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Cut Worms

Cut Worms Paris Psych Fest 2018 La Route du Rock Coralie Gardet Section26
Cut Worms à La Route du Rock le 18 août 2018 / Photo : Coralie Gardet

La vie de Max Clarke aurait pu prendre une tournure tout à fait différente : c’est en terminant ses études d’illustration à Chicago que l’américain, prêt à embrasser la carrière de graphiste qui l’attend, réalise que son passe-temps, l’écriture de chansons, est bien tout ce qui ne s’apparentera jamais pour lui à du travail. Après Alien Sunset, recueil de six balades au charme brut et hors du temps révélé l’année dernière, Hollow Ground, paru en mai sur Jagjaguwar, confirme le talent d’un fin mélodiste qui ne s’est, pour sûr, pas trompé de voie. Un premier album plus sophistiqué mais toujours aussi élégant, entre folk psychédélique et pop baroque, que l’américain présente sur scène avec de musiciens de choix, échappés le temps d’un été des joyeuses bandes de Woods et de Quilt. Quelques minutes avant leur représentation à La Route du Rock, c’est avec un peu de difficulté, le regard fixé au sol, que l’artiste introverti a accepté de s’ouvrir le temps d’un court entretien sur son succès inattendu, la poésie et la mélancolie qui l’habite.

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Luluc

Zoé Randell et Steve Hassett / Luluc

Pour qui aurait eu la très excusable négligence de manquer les deux épisodes précédents – Dear Hamlyn, 2008 et Passerby, 2014 – il faudra peut-être surmonter un premier mouvement de répulsion agacée avant de s’abandonner aux délices charmants de ce troisième plan Luluc. Comme en témoigne le portrait photographique qui orne la pochette de Sculptor, Zoé Randell et Steve Hassett bon nombre des attributs physiques et esthétiques qui tendent à opérer comme autant de chiffons rouges agités devant les yeux exorbités des pourfendeurs de hipsters brooklynites : la barbiche soigneusement ébouriffée de Monsieur, la blondeur évanescente pour Madame, la production signée par leur voisin de palier Aaron Dessner (The National).  Continuer la lecture de « Luluc »

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Papa M, A Broke Moon Rises (Drag City)

Papa M, A Broke Moon RisesAprès le constat d’accident et les demandes de réparation formulées sur Highway Songs (2016), disque somme néanmoins varié des traumas vécus par David Pajo sur la dernière décennie (adultère, tentative de suicide, catastrophe motocycliste), notre homme a tout bonnement choisi de quitter la voie rapide. À l’instar d’un Townes Van Zandt, qui partait vers les bois dès qu’il sentait la dépression l’empêcher de tout contact humain, ou d’un Jim Harrison qui préféra souvent la compagnie des arbres et des animaux à celle de ses semblables, Pajo a préféré se perdre en forêt pour une raison bien précise : y construire une cabane en bois pour mieux s’y abriter. Continuer la lecture de « Papa M, A Broke Moon Rises (Drag City) »

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Playlist d’été #4 : Après l’école

Dernière des quatre playlists d’été consacrée aux musiques noires : soul, funk, jazz ou disco, à travers une période vaste, depuis les soubresauts du Summer of Love (Sunny, Sittin’ on the Dock of the Bay, California Soul) jusqu’au début des 80’s (All Night Long, Risin’ on the Top, Remind Me…). Continuer la lecture de « Playlist d’été #4 : Après l’école »

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David Bermude

David Berman
David Berman

Je viens d’une génération musicale qui s’est heurtée trop violemment au réel. La génération qui a gaspillé ses poètes, comme le disait Roman Jakobson. Jason Molina bouffé par l’alcool, Mark Linkous régurgité violemment par les stupéfiants, tout comme Elliott Smith – voilà des ruines ensorcelantes. Jeff Buckey noyé et perdu dans les eaux du Mississippi ? Ah ! Quel triste inventaire. Il demeure pourtant des vivants, des grands vivants, qui ont choisi, eux, de disparaître. David Berman s’est réfugié, sans compromission, dans le secret. Il est un modèle. Continuer la lecture de « David Bermude »

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Garage-rock : le genre majeur des groupes mineurs

Les années soixante furent ô combien prolifiques en termes de formations essentielles. Dylan, Beach Boys, Beatles, Byrds, Kinks, Who, Pink Floyd, Rolling Stones, en moins d’une décennie, inondèrent les ondes et s’imposèrent durablement dans le cœur des amateurs de musique pop.  À l’ombre de ces idoles jamais déboulonnées, en Amérique du Nord, une frange particulièrement concurrentielle se disputa de rares places au soleil des charts, à l’assaut du cœur de la jeunesse étasunienne. Continuer la lecture de « Garage-rock : le genre majeur des groupes mineurs »