Une décennie de recul et ce qui n’était encore, à sa sortie, qu’un très grand album de plus, une étoile tout particulièrement scintillante au firmament bien garni de la galaxie Teenage Fanclub s’est presque transformé en signe avant-coureur. On connaît désormais la suite, les péripéties, la rupture finale – digne et peut-être définitive. En ce printemps 2012, Gerard Love manifestait ses première velléités d’autonomie. Avec cette modestie et cette discrétion habituelles qui ont sans doute contribué, à chaud, à limiter le retentissement de l’événement. Dix ans plus tard, donc, comme pour mieux accompagner ses premières incursions sur scène en solitaire quatre ans après le divorce, Electric Cables, le premier et, à ce jour l’unique, album de Lightships ressort en vinyle chez Geographic. C’est toujours aussi beau et voici ce qu’il en racontait à l’époque. Continuer la lecture de « Gerard Love période Lightships (2012) »
Étiquette : Lieu : Ecosse
Catégories mardi oldie
Deacon Blue, Raintown (CBS, 1987)
Ils étaient loaded, bien avant Primal Scream, disons cinq bonnes années, et vu le clip, on ne sait pas trop à quoi ils tournaient, mais ils planaient bien haut. Et même que le chanteur avait un petit chapeau, le même que Stuart Murdoch de Belle & Sebastian s’est mis à porter quelques années plus tard, avec plus de classe, on dira. Ils venaient de Glasgow, comment en eut-il été autrement ? Ils venaient de cette ville d’Écosse, qu’ils surnommaient Raintown, ville de tous les fantasmes du petit gars de seize ans de l’Est de la France que j’étais. Je m’étais choisi ce coin de paradis comme d’autres avaient pointé, sur la carte de leur désir, Tahiti ou Bora-Bora. Ou plutôt, c’est cette ville qui m’avait choisi. Continuer la lecture de « Deacon Blue, Raintown (CBS, 1987) »
Catégories chronique nouveauté
work_space, workspace (Bandcamp)
Plus que jamais, la passion musicale demeure essentielle et, à la fois, un peu dérisoire. En particulier lorsqu’on se surprend à exercer la même vigilance teintée d’anxiété à guetter les moindres nouvelles, même périphériques, en provenance d’un groupe particulièrement chéri que celle qui s’impose lorsqu’il s’agit de suivre les péripéties terrifiantes de l’actualité du vrai monde. Surveiller Glasgow en général et tout ce qui concerne Teenage Fanclub en particulier avec l’attention que mériterait, seule, l’ébauche d’un troisième conflit mondial : on a beau ne pas être complètement dupe du ridicule de ce genre de dérivatif, il faut bien vivre. Et se réjouir tant qu’on le peut de l’insignifiant : le retour sur scène de Gerard Love en ce début d’été, par exemple – en première partie des concerts locaux de The Bevis Frond et de Michael Head. Ou encore la découverte fortuite de ce premier album de Finlay MacDonald sous le pseudonyme de Wor_kspace. Continuer la lecture de « work_space, workspace (Bandcamp) »
Catégories billet d’humeur
A plein corps
À propos de « A bit of previous », le nouvel album de Belle and Sebastian.
Lorsque Nicola pose le dernier album de Belle and Sebastian sur la platine, A Bit of Previous, et que résonnent les premiers accords du titre d’ouverture, Young And Stupid, cela fait longtemps qu’il s’est éloigné du groupe écossais, le groupe chéri de son adolescence. Guitare acoustique, touches de violon, batterie légère, et la voix inaltérée de Stuart Murdoch, la composition se tient. Le rythme de la mélodie sonne comme une ritournelle entraînante, les paroles, nostalgiques d’une jeunesse à présent lointaine, émeuvent ; le morceau s’écoute sans déplaisir, la joie -celle de retrouver une personne aimée- et le sourire illuminent même le visage de Nicola, mais il demeure à distance. Ce premier titre réussit tout de même, et de façon immédiate, à le ramener à l’été de ses seize ans. Continuer la lecture de « A plein corps »
Catégories chronique nouveauté
Boo Hewerdine, Understudy (Reveal Records)
Pour tenter de restituer l’enthousiasme éprouvé à l’écoute d’un album, l’exercice critique consiste, la plupart du temps, à articuler tant bien que mal des arguments particuliers avec le registre générique de l’événement. Pour évoquer, à la fois, ce qui surgit de manière étonnante en modifiant la situation préalable et ce qui doit être considéré comme important, par sa valeur discriminante. Quel que soit le point de vue dont on le considère, ce nouvel album de Boo Hewerdine a tout d’un anti-événement. D’abord parce que, selon toute vraisemblance, il n’altèrera pas le flux tranquille d’une carrière au long cours, entamée dans les marges presque confidentielles il y a bientôt quarante ans. En groupe (The Bible, State Of The Union), en duo avec Eddi Reader ou Chris Difford et le plus souvent en solo : Hewerdine n’a jamais cessé d’accumuler régulièrement les jalons d’une œuvre dont un récapitulatif indispensable a permis, l’an dernier, de saisir quelques-uns des éléments obscurs et essentiels – Selected Works, 2021. Comparé aux épisodes précédents, ce qui semble être son quinzième album solo – à ce degré de profusion, les décomptes comportent sans doute une marge d’erreur – ne contient donc rien de radicalement neuf. Il n’apparaît pas non plus comme le point culminant qui dispenserait de tout retour attentif sur le long parcours qui l’a précédé. Ni révélation, ni chef d’œuvre ultime dans cet ensemble quatorze nouvelles chansons trop tranquilles. Et pourtant, sans la moindre prétention tapageuse à l’attention, elles ont fini par s’incruster dans le quotidien, évinçant au passage bon nombre de leurs concurrentes aux charmes plus immédiats ou plus clinquants. Continuer la lecture de « Boo Hewerdine, Understudy (Reveal Records) »
Catégories sunday archive
Franz Ferdinand, darts entertainment !
Je me souviens du choc. Un matin d’automne avec les rues encore noires, à l’époque parisienne où la cigarette précédait le plus souvent le café, à l’époque de la télé qu’on allumait parce que M6 (je crois que bien que c’était M6) diffusait des clips de groupes indie – enfin, à peu près – avant de partir travailler – enfin, travailler… Ce matin-là donc, j’ai entendu la guitare avant de voir les images et je suis resté interdit. Parce que tout est venu se bousculer et les souvenirs se sont succédés en flash – pêle-mêle, l’école Postcard Records, les montagnes russes rythmiques chères à Orange Juice, à Josef K, l’adolescence dans la Résidence, les cassettes vierges, les échanges de disques achetés à Paris – grâce à une mélodie en caoutchouc et un refrain suffisamment obsédant pour qu’on veuille réécouter la chose. En boucle. La suite de l’histoire, qu’on découvre vitesse grand V, est comme parfaite : Glasgow, Domino, une ribambelle de chansons fulgurantes en mode Dorian Gray, l’influence du constructivisme russe et même le passé d’Alex Kapranos – qu’on découvrira sur le tard — n’a pas freiné l’excitation accompagnant cette découverte qui rappelait – déjà à l’époque – qu’on n’était toujours pas prêt / près de ne plus avoir 20 ans – ça n’a toujours pas changé depuis, pour le meilleur et pour le pire…
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Catégories interview
David Scott (The Pearlfishers) – Perle rare
On avait pris contact avec David Scott, une première fois, il y a environ deux ans alors que la publication de son dernier album en date – l’excellent Love & Other Hopeless Things, 2019 – coïncidait tristement avec l’annonce semi-officielle de la disparition du label qui l’avait hébergé pendant près de vingt ans. Fausse alerte, on s’en réjouit. Les allemands Marina Records semblent avoir survécu à ce premier faire-part de décès et republient même sur support vinyle, en ce début d’année, des versions augmentées de trois des jalons essentiels de la discographie de The Pearlfishers, cet ensemble aux contours fluctuants et dont Scott est toujours apparu comme le seul véritable maître permanent : The Young Picnickers, 1999, Across The Milky Way, 2001 et Up With The Larks, 2007 ont extraordinairement bien vieilli. L’occasion est trop belle de rattraper les anciens rendez-vous, manqués à plus d’un titre tant on a sans doute sous-estimé, tout au long de la décennie 2000, l’importance et le talent de cette figure majeure de la scène indie-pop écossaise. Continuer la lecture de « David Scott (The Pearlfishers) – Perle rare »
Catégories interview
Modern Studies : « On adore superposer les sons »
Six années d’activité, quatre albums : il n’en a pas fallu davantage pour que Modern Studies vienne habiter cet espace intermédiaire et toujours incertain entre les traditions folks et la modernité électronique. Une position délicate où le mélange des genres et des références n’est jamais à l’abri du déséquilibre, de l’excès de contraste ou des mésalliances artificielles et trop tranchées, intellectuellement séduisantes mais condamnées à l’abstraction dans la pratique. Ici, il n’en est rien. Riche d’une culture musicale éclectique et d’une forme charmante d’érudition poétique, ce quartette atypique – géographiquement dispersé mais musicalement cohérent – poursuit avec We Are There l’élaboration d’une œuvre dense et passionnante. L’occasion d’interroger Emily Scott – chanteuse, multi-instrumentaliste et songwriter – sur quelques-uns des secrets de fabrication partagés avec ses trois camarades. Continuer la lecture de « Modern Studies : « On adore superposer les sons » »