Tout commence par des remerciements. Des remerciements à la violoncelliste et arrangeuse Audrey Riley et au dénommé Robin Guthrie –oui, celui-là même qui était jadis l’une des trois têtes de l’hydre Cocteau Twins. Des remerciements pour avoir été parmi les tout premiers à faire comprendre à Emma Anderson qu’il fallait bien qu’un jour ou l’autre, elle fasse un pas en avant pour oser se retrouver sous la lumière même diffuse des projecteurs et chanter ses propres compositions – après les avoir laissées entre les cordes vocales de Miki Berenyi ou de Lisa O’Neil le temps de Sing-Sing (et d’ailleurs, vous me ferez penser à réhabiliter ces prochains jours le hit de poche que reste Feels Like Summer)… Après la fin en eau de boudin de la résurrection de Lush en 2016, elle s’est ainsi retrouvée avec des compositions et autres idées qu’elle avait destinées à son groupe de (presque) toujours. Continuer la lecture de « Selectorama : Emma Anderson »
Étiquette : Lieu : Angleterre
Catégories sunday archive
The The, le festin nu
Alors que le chef d’œuvre Soul Mining vient de fêter ses 40 ans et que la tête pensante de ce groupe au nom palindrome (enfin genre) a annoncé une tournée mondiale en 2024, intitulée Ensouled World Tour, l’occasion était parfaite pour retrouver la trace d’une rencontre new-yorkaise survenue pendant l’automne 1999 à New York. Alors sur le point de sortir l’album NakedSelf, l’insaisissable Matt Johnson, alias The The, confirmait avec brio qu’il s’inscrivait dans la lignée de ces quelques compatriotes musiciens – feu Mark Hollis, David Sylvian entre autres – qui ont tutoyé le succès presque malgré eux tout en suivant une destinée artistique d’une élégante intransigeance… Dans un numéro de la RPM parue en janvier 2000, voilà à peu près ce quon pouvait lire au sujet de Johnson et de ce disque-là. Continuer la lecture de « The The, le festin nu »
Catégories chronique nouveauté
Will Samson, Harp Swells (12K)
Les sorties récentes de Selected Works de Sarah Davachi ou de Does Spring Hide Its Joy de Malone/O’Malley/Railton confirment le caractère incontournable d’une scène au croisement de l’ambient et des musiques minimalistes-répétitives. Comme si il s’agissait d’opérer un pas de côté concernant l’élan accélérationniste de musiques électroniques très largement dominées par le fonctionnalisme rythmique. Mais un pas de côté qui irait moins chercher du côté de la déconstruction post-club (comme ce qui a pu être le cas avec une certaine IDM) que du réinvestissement d’une tradition très largement redevable du moment Kosmische-Eno. Continuer la lecture de « Will Samson, Harp Swells (12K) »
Catégories mardi oldie
Ride, Tarantula (Creation, 1996)
L’amour pour un groupe de rock peut se mesurer à l’attachement que l’on porte aux disques ratés par ledit groupe. On a ainsi rapidement passé l’éponge pour Standing on the Shoulder of Giants d’Oasis (2000) car on se surprend à se dire que Go Let It Out était un single parfait. On se refuse d’oublier tous les disques de The Streets depuis Original Pirate Material et on commence à se dire que cela fait beaucoup. En 2023, Ride fait l’effort de ne pas tourner le dos à son passé. Le groupe d’Oxford a choisi, avec son label, de rééditer Carnival of Light (le toujours difficile troisième album, (1994) mais aussi Tarantula (1996), son album maudit qu’il a toujours rejeté. Et nous aussi. Continuer la lecture de « Ride, Tarantula (Creation, 1996) »
Catégories sunday archive
Dolly Mixture, Everything & More
Groupe culte (mais influent – ce ne sont pas les Wendy Darlings qui prétendront le contraire) des années charnières 1970 et 1980, le trio féminin Dolly Mixture compile aujourd’hui ses sessions pour la BBC sur vinyle, disponible sur le site officiel du groupe. L’occasion est donc trop belle pour ne pas revenir sur la parution du coffret CD paru en 2010, Everything & More…
De nos jours, c’est entré dans les mœurs : voir des jeunes femmes s’époumoner sur des mélodies à la fragilité assumée, tenir le bon tempo, plaquer l’accord parfait fait partie du lot quotidien – et on ne s’en plaindra pas. Elles sont même une ribambelle, ces filles qui voient la vie en rock, dans des formations intégralement féminines ou têtes pensantes de groupes mixtes. Elles composent, toisent, chantent, jouent leur répertoire de pop songs vitaminées, où se bousculent l’ingénuité de la scène C86, la sensualité de la soul et l’assurance de songwriters convaincus de leurs talents. Alors, quand les Dum Dum Girls et les Vivian Girls, Best Coast ou Air Waves tiennent le haut du pavé, déchargent leur électricité sur les ondes et les scènes du monde entier, il n’y a pratiquement plus personne pour ouvrir grands les yeux et rester estomaqués. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Continuer la lecture de « Dolly Mixture, Everything & More »
Catégories selectorama
Selectorama : Miki Berenyi Trio
Jamais deux sans trois. Après Lush – dont les trois albums ont été réédités en vinyle cet été – et Piroshka – dont on ne sait pas encore si l’existence a juste été mise entre parenthèses –, Miki Berenyi a profité de la tournée promotionnelle qui a accompagné la parution l’an dernier de son excellente biographie, Fingers Crossed, pour imaginer une troisième voie. En… trio donc, accompagné par son compagnon Kevin J McKillop – plus connu parfois sous son alias Moose – et le bassiste Ollie Cherer, elle continue sa quête d’une pop rêveuse et enchanteresse, nerveuse et entêtante. Car ce projet à l’origine récréatif est en effet devenu une aventure sérieuse. Au Paris Popfest, le groupe donnera son tout premier concert hors de ses terres natales, le temps d’un set qui verra se côtoyer des classiques de Lush, des chansons de Piroshka, de nouvelles compositions et aussi sans doute une surprise le temps d’une dernière… reprise. En attendant une prestation qui qui conjuguera le présent au passé composé et au futur proche, le trio livre ici même quelques-uns de ses morceaux de chevet. Continuer la lecture de « Selectorama : Miki Berenyi Trio »
Catégories post live
La mélancolie au milieu du monde
Le Badaboum, rue des Taillandiers à Paris, affiche complet pour Tirzah – chanteuse anglaise armée d’une voix faussement fragile, éminemment gracile, capable de prendre la vague de n’importe quel rythme avec une nonchalance qui cloue tout sur place. Ce soir, donc, la salle est pleine, et l’on y sent une forme d’attente assez particulière, marquée par le fait que l’on dénombre pas mal de gens venus seuls et qui se tiennent là tout aussi solitaires, au milieu de couples aux airs amoureux. C’est que la musique de Tirzah parle aux deux : elle semble chantée depuis la solitude mais aussi depuis le milieu d’une histoire d’amour. Continuer la lecture de « La mélancolie au milieu du monde »
Catégories mardi oldie
Paul Weller, Wild Wood (GO ! Discs, 1993)
C’était il y a 30 ans, quelques mois avant mon 20e anniversaire. Amoureux des Jam et du Style Council depuis quelques années, j’avais fini par me faire une raison : la carrière de Paul Weller, héros de mes jeunes années, appartenait aux archives de la grande histoire du rock britannique. Et puis, l’homme est revenu de loin, sans crier gare, par la seule volonté d’une passion inébranlable. En ce sens, son premier album sans titre représente l’un des come-backs les plus passionnants de la pop moderne. Et ce n’était qu’un début. Porté par une ferveur contagieuse, Weller a enchaîné avec ce bouillonnant Wild Wood. Outre le morceau-titre, on y trouve quelques grandes chansons qui l’accompagnent régulièrement depuis. On y trouve en réalité, l’essence d’un style en forme de synthèse, celui même qui permettra de retrouver la première place des charts quelques mois plus tard. Mais ce sera alors une autre histoire… Continuer la lecture de « Paul Weller, Wild Wood (GO ! Discs, 1993) »