Si l’on devait trouver un exemple de dévotion, il faudrait parler du cas de David Christian. Il lui aura fallu passer presque trente ans à la tête des passionnants Comet Gain avant d’avoir l’idée de publier un album solo. Et la surprise est de taille. S’il ne s’éloigne jamais complètement de l’univers de Comet Gain avec ses paroles parfois mordantes, Christian a choisi d’approfondir le pendant folk rock du groupe. En laissant entrer plus de chaleur musicalement et sans en faire des tonnes, For Those We Met On The Way est sans doute son disque le plus touchant à ce jour. Expatrié dans le sud de la France, David Christian semble vouloir tourner une page en jouant avec les souvenirs du passé. Que ce soit ceux de son Angleterre natale où ceux liés à de vieilles connaissances. La réussite de l’album tient également au casting parfait qu’il a réuni sous le nom de The Pinecone Orchestra. On y retrouve aussi bien l’ex Teenage Fanclub Gerard Love que des membres de The Clientele, Zombie Zombie et, oh surprise, Comet Gain. Sorti trop discrètement en fin d’année dernière, on sait malheureusement For Those We Met On The Way condamné à un quasi anonymat. Ne reste plus qu’à souhaiter que les chansons de l’album comptent autant pour une poignée d’auditeurs que celles qui ont marqué David Christian au fer rouge, et qu’il nous présente dans ce Selectorama. Continuer la lecture de « Selectorama : David Christian & The Pinecone Orchestra »
Étiquette : Lieu : Angleterre
Catégories borne d'écoute
« Sixty Forty » annonce une triple réédition de Broadcast chez Warp
La nouvelle fait chaud au cœur même si ce n’est pas celle que nous attendions le plus. Alors que le discret James Cargill doit être encore être en train de faire et défaire l’album inachevé de Broadcast, Warp vient d’annoncer de très belles éditions inédites en vinyle de quelques trésors déjà connus de longue date par les fans. Ainsi les deux mini-CDs de Microtronics (2003 et 2005), le tour CD Mother Is The Milky Way (2009) qui annonçait la dernière mue du groupe devenu duo et la BBC Maida Vale Sessions seront enfin disponibles en version vinyle dans les écrins qui leur siéent. Les râleurs regretteront que le fabuleux 45 tours avec The Focus Group, Familiar Shapes And Noises, ne connaisse pas le même traitement. Les fabuleuses Peel Sessions enregistrées entre 1996 et 2003 nous rappelleront que Broadcast fut bel et bien l’un des plus grands groupes live sur terre. Pour preuve, cette reprise de Nico qui vient clore la dernière Peel Session de Broadcast. En écoutant à nouveau cette voix irréelle, on réfléchit encore au mystère de Trish Keenan : comment peut-on peut être si présent… et tellement absent ? Au fond, cette voix n’a-t-elle pas toujours été trop pure pour être véritablement incarnée ? A ce sujet, nous vous conseillons de (re)lire le très beau texte de Tom Gagnaire publié le 28 septembre dernier.
Les rééditions de Microtronics – Volumes 1 & 2, Mother Is The Milky Way et des BBC Maida Vale Sessions de Broadcast sortiront le 18 mars chez Warp Records.
Catégories mardi oldie
Autechre, Chiastic Slide, 1997 / LP5, 1998 (Warp Records)
La séquence 1997-1998 est charnière dans l’évolution du genre IDM. Un moment qui a marqué la progressive mise à distance d’une matrice post-rave en direction d’une exploration des marges les plus déviantes du dancefloor ou d’une écriture plus pop d’un côté – Aphex Twin, Boards of Canada, Bogdan Raczynski. Pour, d’un autre, voir un grand nombre de musiciens s’engager dans le formalisme et le conceptualisme arythmique – du label Mille Plateaux à la laptop music des labels Mego ou Raster-Noton par exemple. Assurément, Sean Booth et Rob Brown ont choisi d’emprunter la deuxième voie, au point d’en incarner l’une des formes idéal-typiques : c’est ce qui frappe à la réécoute de Chiastic Slide (1997) et du LP5 (1998), deux disques réédités au mois de novembre par Warp Records, qui renvoient à un tournant esthétique majeur dans une œuvre que l’on peut rétrospectivement appréhender selon certaines lignes de force. Continuer la lecture de « Autechre, Chiastic Slide, 1997 / LP5, 1998 (Warp Records) »
Catégories borne d'écoute
« Crazy », le nouveau single de Spiritualized
La fièvre monte à mesure que la sortie du nouvel album de Spiritualized Everything Was Beautiful se rapproche (le 25/02 chez Bella Union/PIAS). Après avoir partagé le premier extrait Always Together With You il y a quelques semaines, on découvre ou presque un nouveau single intitulé Crazy. Ballade country-soul mystique magnifiée par les chœurs de l’ américaine Nikki Lane. En sus, un superbe scopitone, réalisée par Jason Spaceman himself et probablement inspiré par le Kiss d’Andy Warhol. Crazy love for Crazy days.
Everything Was Beautiful de Spiritualized sortira le 25 février chez Bella Union/[PIAS]. Interview à venir dans ces colonnes.
Catégories interview
A Certain Ratio : « Découvrir New York a changé nos vies »
Lorsqu’un groupe que l’on respecte publie un album de remixes, ça sent généralement le sapin. Dans le cas précis d’A Certain Ratio, on parlerait plutôt d’un sapin de Noël. Si, sur la longueur de leur carrière, les mancuniens se sont plutôt montrés réfractaires à cet exercice, préférant avec la générosité qui les caractérise publier des inédits sur leurs EPs, on ne peut que les féliciter de ce changement d’avis. Malgré la diversité des remixes, on sent à l’écoute de Loco Remescalada que l’on reste dans l’univers du groupe. Comme si, de The Lounge Society à Skream, en passant par The Orielles, chaque remixeur avait voulu rendre hommage à un groupe qu’ils respectent plus que tout.
A Certain Ratio jouera au Festival BBMix ce vendredi 24 novembre au Carré Bellefeuille à Boulogne Billancourt.
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Catégories mardi oldie
A Flock of Seagulls, id. (Jive, 1982)
Charrier des groupes et afficher sa vertu snob sont des attitudes au moins aussi anciennes qu’acheter des disques. Le groupe A Flock of Seagulls a longtemps été une victime facile et la source de nombreuses moqueries. La coupe de douilles du chanteur Mike Score n’y est pas pour rien : avec celle de Limahl, elle représente la quintessence du style quatre-vingt. Venu de Liverpool et ne disposant pas du sceau de bon goût des collègues (Echo & The Bunnymen, The Teardrop Explodes, OMD), A Flock of Seagulls n’en a pas moins signé un premier disque vraiment très solide. Il est devenu, depuis, un classique de la new wave britannique.
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Catégories sunday archive
Epic Soundtracks, Rise Above (Easy Action / Import)
Il nous faudrait d’abord, et 5000 signes de plus ne seraient pas de trop*, évoquer largement le cas Swell Maps. Sur le sujet, Nikki Sudden lui-même fit une assez bonne analyse : « les Swell Maps auraient été bien meilleurs si le punk n’était pas arrivé ». Groupe le plus injustement mésestimé de l’époque punk, même si les récentes rééditions chez Secretly Canadian (2012) ont fait avancer cette cause fondamentale et de moins en moins perdue, faute de combattants. Formés dès 1972 dans la région de Birmingham sous une forme embryonnaire par les frères Nicholas et Kevin Godfrey (Nikki Sudden et Epic Soundtracks, donc) en compagnie de Richard Earl et du futur Television Personalities Jowe Head, ils invoquent des influences plus larges que les Stooges et les New York Dolls de rigueur en ces temps reculés. C’est donc aussi et surtout à T. Rex, à Can, à Faust, à Neu! et à l’inventivité débridée des premiers Roxy Music, de Brian Eno et du Velvet Underground qu’ils doivent leurs constructions effarouchées, dépassant déjà l’époque tout en la saisissant sur A Trip To Marineville (paru tardivement en 1979 chez Rough Trade) un disque sans qui The Pastels, Jesus And Mary Chain et Sonic Youth n’auraient jamais existé, puis déjà de manière arty plus prononcée sur …In « Jane From Occupied Europe » (1980), chef d’œuvre absolu du déjà post-punk. Continuer la lecture de « Epic Soundtracks, Rise Above (Easy Action / Import) »
Catégories selectorama
Selectorama : Kit Sebastian
Deux ans après un magnifique premier album, le duo Anglo-Turc revient avec un deuxième disque intitulé Melodi (Mr Bongo). Digne successeur du premier, il enrichit l’univers musical du groupe et témoigne de leur maturité dans leur évolution sonore. Il est difficile de définir d’où vient musicalement et culturellement le duo, tant leurs repères et pied-à-terre sont anglais, turcs, italiens et français. À la croisée des chemins entre musiques traditionnelles et funk venant d’Orient, du Caucase et d’Amérique latine, Kit Sebastian nous montrent qu’ils sont surtout un duo de diggers. Toujours à l’affut de disques oubliés de la musique pop ou traditionnelle originaire des quatre coins du monde, ils continuent à puiser leur inspiration dans ces trésors de vide-greniers. Après un concert mémorable à Paris en novembre dernier, le duo s’apprête à commencer une tournée Anglaise en février prochain et nous fait l’honneur de partager avec nous certains de leurs morceaux fétiches. Continuer la lecture de « Selectorama : Kit Sebastian »