Tout n’est pas perdu pour le rock hexagonal. Les Rennais de Food Fight nous l’avaient déjà démontré en 2021, année de la sortie de leur E.P. éponyme, sur lequel apparaissait le titre-phare Shenanigans, qui nous avait bigrement enthousiasmés, laissant entrevoir un futur prometteur pour le groupe. Trois ans plus tard, après avoir sillonné la France en long en large et à travers, le quatuor vient tout juste de sortir son premier album, Zeitgeist Impressions, généreux en riffs et en mélodies accrocheuses. Cultivant sans vergogne l’imaginaire mod, biberonnés à la power pop de la fin des seventies, les quatre Bretons pourraient tout aussi bien être brittons. Continuer la lecture de « Selectorama : Food Fight »
Étiquette : Année : 2024
Catégories chronique nouveauté
Garciaphone, Ghost Fire (Microcultures / Only Lovers)
Sept années de vie pour trente minutes de musique. Il n’en fallait pas moins. Sans doute parce que, au-delà même des contingences matérielles inévitables qui ont pu ralentir ou entraver parfois le chemin d’Olivier Perez et de ses camarades, ce troisième album, presque inespéré, de Garciaphone porte en lui les traces d’une beauté qui n’aurait pas pu surgir autrement que dans la durée longue des retouches, des détours et des hésitations. A l’instar de la peinture incandescente qui orne la pochette – et témoigne au passage des talents graphiques de Perez – les dix chansons semblent ici s’esquisser et s’estomper dans un même mouvement, laissant deviner entre les mots et les notes les émotions en clair-obscur, sans chercher à les figer. Continuer la lecture de « Garciaphone, Ghost Fire (Microcultures / Only Lovers) »
Catégories billet d’humeur, mardi oldie
Photos ratées, bourbon à température et sécessionnisme poussiéreux
Ce bon vieux « Good Old Boys » par Randy Newman est sorti il y a 50 ans, en 1974.
Retour sur le quatrième album de Randy Newman au sommet d’une carrière qui en a connu d’autres mais dont l’actualité éphéméridaire (on « fête » ses 50 ans) et politique (son analyse des rapports de force au sein de la société américaine) reste d’une incroyable pertinence tout en étalant une richesse esthétique (savante convocation de Scott Joplin, Nino Rota, Irving Berling, Ry Cooder, Don Henley et les auteurs William Faulkner, John Steinbeck, Flannery O’Connor) qui ne cesse de laisser bouche bée malgré les années. Continuer la lecture de « Photos ratées, bourbon à température et sécessionnisme poussiéreux »
Catégories chronique nouveauté
The Soundcarriers, Through Other Reflections (Phosphonic)
Il y a dix ans, le groupe britannique The Soundcarriers publiait leur troisième album, le merveilleux Entropicalia, chez Ghost Box. La présence de ces natifs de Nottingham dans le catalogue des hérauts de l’hantologie pouvait alors donner quelques pistes sur le son des Soundcarriers. Toutefois, la musique d’Adam Cann, Dorian Conway, Leonore Wheatley et Paul Isherwood possède avant tous des qualités pop indéniables. S’inscrivant dans l’héritage de Broadcast et Stereolab, The Soundcarriers pratiquent, depuis leurs débuts, une musique inspirée des années 60/70 mais néanmoins intemporelle. Après un hiatus de huit ans, le groupe est revenu en pleine forme avec Wilds en 2022. Through Other Reflections lui fait désormais suite et ne rompt pas le charme. Continuer la lecture de « The Soundcarriers, Through Other Reflections (Phosphonic) »
Catégories portrait
Ishka Edmeades (Tee Vee Repairmann) : heureux comme un punk en Australie
Depuis une quinzaine d’années, l’Australie semble être devenue la nouvelle Terre Promise du rock and roll. Les gamins y forment incessamment de nouveaux groupes et courent voir des concerts, chose surprenante quand ont voit qu’en France par exemple, le rock est devenu une affaire de quadras, voire de quinquas, au vu de tous les chauves et des têtes chenues qu’on observe majoritairement dans les salles de concerts et même sur scène. En Australie, quelques formations et artistes des antipodes comme Tame Impala, Courtney Barnett et plus récemment Amyl and the Sniffers ont réussi à connaître un véritable succès mondial, parvenant à s’extraire de l’étroit microcosme indie. Les jeunes painques boutonneux à mulets de The Chats sont même parvenus à réaliser l’invraisemblable en atteignant plus de 20 millions de vues sur Youtube avec leur hilarant hit Smoko. Continuer la lecture de « Ishka Edmeades (Tee Vee Repairmann) : heureux comme un punk en Australie »
Catégories post live
Myriam Gendron, son d’hiver
Nous n’avions que les disques.
Et souvent nous ne parlons que des disques, à Section26 : ils sont des occasions mécaniques de voir ce qui apparaît, d’entendre ce qui se tait à volonté, dès lors que l’on dispose d’écouteurs ou de haut-parleurs à soi, et de l’air pour faire vibrer des tympans jusqu’à la moelle, jusqu’à la chair. Les disques : mobiles, palpables et pourtant sans limites, détachés du lieu comme de l’espace.
Et rarement nous parlons de concerts, sinon au détour d’une ligne ou d’une humeur : toujours déjà passés et donc absents, ou toujours à venir et donc hypothèses. Aucun rendez-vous ne dure comme un disque – les mémoires nous amusent, nous séduisent autant qu’elles nous piègent. Revenir au souvenir d’un concert, c’est la certitude d’une absence, quand revenir à un disque chéri recouvre cette même absence d’une illusion rassurante, l’illusion de toucher son être et mon être.
Pourtant, je crois que je les aime, les mémoires, surtout enfuies et qui reviennent, qui nous reprennent. Continuer la lecture de « Myriam Gendron, son d’hiver »
Catégories livres
La Rata, Give it to me ! (Flammarion)
Nous avons ainsi connu la vague des Histoire populaire de… Celle des États-Unis par Howard Zinn ou du football par Mickaël Correia. Et nous connaissons depuis longtemps les scribes méticuleux du patrimoine musical, qu’il s’appelle Nick Toshes ou Peter Guralnick. A chaque fois, il s’agit d’éclairer des aspects de notre héritage commun en portant le regard ou en donnant la voix aux perdants ou aux perdantes. Half of the story never been that’s never been told, chantait le jamaïcain Dennis Brown. Retracer la place des femmes dans la musique populaire ne se limite donc pas à rendre justice à telle Dj minorée au sein de la scène électro ou fournir l’occasion de sortir de belles rééditions sur des artistes ou groupes tombés dans l’oubli, y compris à l’ère de YouTube et Deezer. Continuer la lecture de « La Rata, Give it to me ! (Flammarion) »
Catégories borne d'écoute
Des torrents d’amour avec Edgar Déception
Il y a des jours de novembre où on se dit qu’on aimerait tellement être caressé par quelques rayons de soleil bienfaisants, dans toute l’insouciance d’un été nimbé de romance. Il y a quelques années, en 2019, apparaissait par la petite porte un trio nommé d’après le nom d’un poisson rouge défunt, Edgar. Leur pop brinquebalante, au charme de l’approximation guidée par les émotions d’une jeunesse encore très agitée, cachait quelques petites perles de chansons qu’on n’a pas oublié depuis. Les revoici avec un deuxième album nommé ption, qui devrait trouver le chemin des platines début février par l’intermédiaire de quelques maisons de belle réputation : Flippin’ Freaks, Les Disques du Paradis, Tête Froide Records, Cartelle, Araki Records, Permanent Freaks Records et Hell Vice I Vicious. Continuer la lecture de « Des torrents d’amour avec Edgar Déception »