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DJ Mehdi dans la légende

DJ Mehdi / Photo via arte.tv
DJ Mehdi / Photo via arte.tv

Si la France sait produire de grands documentaires, la culture populaire est rarement concernée. Encore moins des courants récents comme le Hip-Hop ou l’électro, si ce n’est sur le mode auto-promotionnel, sans parler des émissions sur la TNT pour combler la grille du samedi soir. L’hexagone semble penser que l’histoire s’est arrêtée dans les années 70 pour la musique. Il ne sait pas comment honorer les légendes qui sortent du crédo chanson ou variété. Nous ignorons mêmes souvent qu’elles existent. Continuer la lecture de « DJ Mehdi dans la légende »

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Joe Casey : « Il y aura toujours de la colère dans Protomartyr »

Joe Casey - Protomartyr, la Route du Rock 2024 / Photos : pardon.je.passe.devant
Joe Casey – Protomartyr, la Route du Rock 2024 / Photos : pardon.je.passe.devant

Difficile de ne pas sentir, au premier abord, intimidée par la présence de Joe Casey, leader charismatique de Protomartyr. Quand on a déjà vu le bonhomme sur scène, on se figure le costume noir, la bière glissée dans la poche, la clope à la main, le visage rougi par la puissance de ses esclandres. C’est bien ce personnage que les festivaliers de la Route du Rock allaient retrouver quelques heures plus tard sur la Scène des Remparts mais en attendant, cet après-midi-là, c’est un Joe calme et attentif qui s’est assis à côté de moi. L’occasion de discuter de Détroit, sa ville et son inspiration, de son ressenti face au récent boom de la scène post-punk, ou de la manière dont Formal Growth in the Desert, dernier album du groupe paru en juin, l’a aidé à faire face au deuil. Un échange honnête, dans lequel l’homme de bientôt cinquante ans, bien que toujours révolté, admet vouloir explorer d’autres voies que la colère, tout en continuant avec ses musiciens à « jouer vite », comme pour contrer le passage du temps.

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Les groupes du Poup

On peut, parfois, passer à côté d’un groupe à cause des choix graphiques liés à ses pochettes. C’est par exemple le cas de Morphine. Malgré le travail de réédition de Light In The Attic Records et de Rykodisc, on peut toujours rester de marbre en regardant la pochette de Cure For Pain (1993) et de The Night (2000). On repose donc le disque dans le bac, ou on écrit le nom d’un autre groupe dans la barre de recherche… Et on peut passer à côté dudit artiste. C’est à ce moment précis qu’intervient Laurent Poupinais aka Le Poup. Avec ses dessins, il rebat les cartes et vous permet de vous lancer à l’assaut de l’œuvre de feu Mark Sandman. Ses portraits monochromes offrent une relecture de son panthéon musical. Guidé par Robert Crumb et Frantz Duchazeau, Laurent Poupinais part du blues pour s’aventurer vers des paysages plus rock.  Marqué par Tardi et les travaux de Chabouté, Mezzo et Muñoz, Le Poup confie son univers à travers ses portraits. Et vous fait devenir fan de Morphine sans que vous vous en rendiez compte.

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Horse Jumper of Love, Disaster Trick (Run For Cover Records)

Quand on a la chance de partir, l’été est souvent ce moment où l’on délaisse, malgré nous, nos habitudes musicales. On se retrouve à écouter la musique des endroits où l’on va et la musique des autres, surtout. Elle devient un fond sonore, quand elle n’est pas carrément subie. J’ai des souvenirs, ado, en vacances en famille et sans portable, du soulagement physique ressenti lorsqu’une chanson que j’aimais passait enfin à la radio. C’est l’effet que m’a fait Disaster Trick, le cinquième album de Horse Jumper of Love paru à la mi-août.

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Fat Dog : « On ne veut surtout pas tomber dans la routine »

Fat Dog / Photo : Pooneh Ghana
Fat Dog / Photo : Pooneh Ghana

Si à une certaine époque la rumeur sur un nouveau groupe se faisait via la presse musicale, Fat Dog semble avoir bâti sa réputation sur ses prestations scéniques endiablées. Avec seulement trois titres electro-rock publiés au moment de cette interview, leurs concerts parisiens, briochins et berruyers avaient déjà marqué les esprits. Retranscrire cette énergie et cette folie sur disque sans décevoir a visiblement préoccupé plus que de raison Joe Love, le leader du groupe qui cache ses insécurités derrière une attitude de slacker. Ils y sont parvenus sur WOOF, avec l’aide du producteur James Ford (Depeche Mode, Arctic Monkeys, Fontaines D.C.) qui a réussi à canaliser les ambitions et les égarements d’un groupe bien plus exigeant et sérieux qu’il n’en a l’air. La preuve via cet entretien où il presque a fallu ramer pour que les personnalités se dévoilent et pour obtenir des informations sur l’album. Continuer la lecture de « Fat Dog : « On ne veut surtout pas tomber dans la routine » »

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Selectorama : Ian Svenonius

Ian Svenonius / Photo : instagram
Ian Svenonius / Photo : instagram

Ian Svenonius n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Depuis plus de 35 ans, avec pas moins de 20 albums sortis sous différentes bannières – Nation of Ulysses, Cupid Car Club, Weird War, The Make-Up, Chain and the Gang etc. – et des milliers de concerts à travers le monde, le dandy rocker de Washington D.C. n’a eu de cesse de donner de sa personne. Le voici de retour avec le savoureux nouveau single Black Gold, extrait de l’album Charge Of The Love Brigade, à paraître dans les semaines qui viennent sous l’avatar d’Escape-ism. Je parle de retour mais depuis 2017, Escape-ism a été omniprésent, sortant tout de même 4 albums coup sur coup – notamment le remarquable The Lost Record – ainsi que l’admirable single Rebel Outlaw en février dernier, qu’on a écouté et réécouté compulsivement depuis. Svenonius avait même eu l’humour culotté de faire presser en vinyle The Silent Record – désormais épuisé –, disque entièrement silencieux, sorte de version musicale du Carré blanc sur fond blanc de Kasimir Malevitch. John Cage aurait certainement apprécié ! En 2017, Svenonius s’était également offert le plaisir de publier un livre désopilant ; Stratégies occultes pour monter un groupe de rock, ouvrage dans lequel on avait retrouvé tout l’esprit facétieux de ses délectables interviews. Continuer la lecture de « Selectorama : Ian Svenonius »

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Deeper : « Aujourd’hui, c’est presque une insulte d’être qualifié de post-punk »

Nic Gohl à la Route du Rock 2024 / Photos : pardon.je.passe.devant
Nic Gohl à la Route du Rock 2024 / Photos : pardon.je.passe.devant

Deeper, ça a d’abord été pour moi une révélation sur scène, en novembre dernier à la Boule Noire. « C’est trop bien, non ? », « Il chante un peu comme Robert Smith, tu trouves pas ? » ; je cherchais confirmation autour de moi. J’avais assez apprécié ce que j’avais écouté pour avoir la curiosité d’aller au concert, mais je n’avais pas imaginé être aussi impressionnée. Parce que Deeper, c’est un peu générique comme nom, des nouveaux groupes de post-punk il y en a plein, et puis on ne sait pas trop à quoi ils ressemblent, ces gars-là. C’est qu’ils jouent de cette musique pressée, à guitares aiguisées et motifs répétés à laquelle il est si tentant de mettre une étiquette. C’est peut-être cette voix qui fait la différence en trahissant – pour le meilleur – la sensibilité mélodique du groupe ; il y a en tout cas, aux premières résonances de chaque titre, cette efficacité immédiate et cette pensée : « Ah non, c’est elle ma préférée ».  Au micro, c’est Nic Gohl, chanteur et guitariste, leader par défaut d’un quatuor dans lequel aucun ne prend plus de place que l’autre ou ne cherche à paraître différent de ce qu’il est. Continuer la lecture de « Deeper : « Aujourd’hui, c’est presque une insulte d’être qualifié de post-punk » »

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Meyverlin : « On est sortis de notre zone de confort »

Meyverlin / Photo : D. Hamilton
Meyverlin / Photo : Maud Platiau-Bourret

Meyverlin est de retour avec un deuxième album, Therefore, sorti sur le label Too Good  To Be True. Notre précédente rencontre datait de la fin de l’année 2021 suite à la sortie de Daily Events. Ce petit miracle de pop était né de la fusion entre trois mondes musicaux a priori très éloignés, d’un trait d’union habilement dessiné entre trois régions du globe (Paris, Lexington et Auxerre). La spontanéité, le côté récréatif et une complicité autant artistique qu’amicale furent les éléments fondateurs, un cahier des charges implicite du premier album de ce trio pas comme les autres. Les chansons avaient été écrites et composées dans une sorte d’urgence, sans véritable plan préconçu ni arrière-pensée. Trois ans plus tard, on a retrouvé Philippe Lavergne (Les Freluquets, Qu4tre, Herzfeld, Bassmati…), Thierry Haliniak (My Raining Stars) et Gilles Ramey à Paris pour qu’ils nous racontent la genèse de ce nouvel album sorti au printemps dernier. Continuer la lecture de « Meyverlin : « On est sortis de notre zone de confort » »