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La Casa Azul, Tan Simple Como El Amor (Elefant, 2003)

Elefant 2003 album pochette indie popDifficile d’imaginer la popularité de La Casa Azul par-delà des Pyrénées. Le groupe fondé par le mystérieux Guille Milkyway a pourtant démarré de la plus modeste des manières jusqu’à s’approcher, de très près, d’une participation à l’Eurovision. À la fin des années 90, le Catalan envoie ses démos à de nombreuses émissions de radios telles que Flor de Pasión, présenté par Juan de Pablos. Il est repéré et signé par Elefant (Le Mans, Family, Spring, les débuts de los Planetas…). En 2000 sort le mini-album El Sonido Efervescente de la Casa Azul (2000), celui-ci compile six morceaux des démos avec deux nouveautés. Le groupe sort finalement, Tan Simple Como El Amor, son premier véritable album, trois ans plus tard, toujours chez Elefant. Ce disque constitue une excellente porte d’entrée à l’univers chamarré de La Casa Azul. Il ouvre aussi sur une certaine idée de la musique pop espagnole, de la fin des années 90 et la décennie suivante. Continuer la lecture de « La Casa Azul, Tan Simple Como El Amor (Elefant, 2003) »

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Simon Joyner, Coyote Butterfly (BB*Island / Grapefruit)

Owen, le fils de Simon Joyner, est mort d’une overdose en août 2022 et cet album lui est, bien sûr, dédié. Pendant plus d’un an, le songwriter du Nebraska s’est tu, tiraillé par les injonctions contradictoires engendrées par l’insurmontable : tenter d’exprimer l’indicible tout en étant convaincu que, face à la page vierge, il sera de toute façon impossible de parler d’autre chose. Dans de telles circonstances, il semble n’exister que deux solutions. La première consiste à tenter de prolonger en un équivalent formel la rupture existentielle absolue : surligner le coup dur en brûlant ses propres vaisseaux musicaux, ne plus rien faire comme avant parce que rien n’est plus comme avant. Skeleton Tree (2016) de Nick Cave en l’occurrence, où ne paraissaient subsister que les cendres d’une discographie soudainement obsolète. La seconde, tout aussi respectable et à peine moins radicale, consiste à se réinstaller, tant bien que mal, dans la vie telle qu’elle demeure. Ici, le deuil n’est pas une étape qu’il s’agirait de ponctuer pour mieux la franchir. Il se niche au cœur des chansons aux apparences familières. Il accompagne le quotidien. Il surgit dans la vie normale, au détour d’un regret ou d’un souvenir. Continuer la lecture de « Simon Joyner, Coyote Butterfly (BB*Island / Grapefruit) »

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Ceux qu’on a aimés en 2024

Visuel : Pauline Nunez
Visuel : Pauline Nunez

Bilans fumeux, stats approximatives, course à la méritocratie : on ne va pas tenter de vous convaincre que ces sempiternels marronniers hivernaux en forme de classements d’artistes inclassables nous gonflent à un point plutôt saisissant. Ceci étant dit, on est évidemment fiers de défendre ceux qu’on a aimés, donc les revoici réemballés pour votre réveillon en mode playlist, pour ceux qui auraient envie de revêtir un collier de perles scintillantes pour célébrer la fin de cette année pourrie, en en attendant une autre peut-être pire. Nous, en tous cas, quoi qu’il en soit, on sera toujours là pour vous aider à digérer la soupe à la grimace. (TS)

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify.
NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.

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Au pays volé de Jeffrey Lewis

Jeffrey Lewis / Photo : Lih Trans
Jeffrey Lewis / Photo : Lih Trans

On peine vraiment à croire que l’indispensable The Last Time I Did Acid I Went Insane, premier disque de l’inoxydable héros de l’anti-folk Jeffrey Lewis – songwriter surdoué et créateur de bandes dessinées – a déjà presque… 25 ans. Mais depuis ces temps immémoriaux, le New-Yorkais n’ a pas chômé, publiant régulièrement de nouveaux disques – dont certains accompagné de son génial frangin Jack – mais aussi pléthore de comic books dans la digne descendance graphique d’un Robert Crumb. Côté musique, on n’aura jamais cessé de réécouter le mythique Em I Are sorti en 2009 et on se sera souvent replongés dans ses albums-hommages aux groupe punk Crass ou encore au fantasque Tuli Kupferberg de The Fugs. Continuer la lecture de « Au pays volé de Jeffrey Lewis »

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Xeno & Oaklander, Via Negativa (Dais Records)

minimal wave dais recordsLe duo nord-américain Xeno & Oaklander affiche vingt ans d’activisme pour la musique synthétique. L’Etatsunien Sean McBride (Martial Canterel) et la Norvégienne Liz Wendelbo publient régulièrement des albums depuis le milieu des années 2000. Vi/deo, leur dernier en date, remontait ainsi à 2021. Enregistré pendant la pandémie, il voyait le duo s’inspirer de leurs souvenirs sur les pistes de dance à l’ère de la distanciation sociale. Xeno & Oaklander revient ces jours-ci avec Via Negativa. Accompagné du même label (Dais Records) et du même producteur (Egan Frantz), le duo offre à nouveau un plongeon dans une synth-pop incisive et baroque. Continuer la lecture de « Xeno & Oaklander, Via Negativa (Dais Records) »

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Selectorama : Magon

Magon / Phooto : DR
Magon / Photo : DR

Les astronomes savent que parmi les innombrables corps célestes qui peuplent la galaxie, se trouvent des planètes dites « vagabondes », mondes libres et solitaires qui ne sont rattachés à aucune étoile mère, mais qui errent dans l’espace à leur propre guise. Magon est l’une de ces planètes. D’abord parce que cet Israélien de parents irakiens, qui a vécu a Paris et a déménagé au Costa Rica semble avoir choisi d’être citoyen du monde, et par ailleurs parce que sa musique ne semble appartenir à aucune chapelle. Si on devine certaines de ses influences, aucun mimétisme n’est à déplorer. On est loin de ces groupes qui cochent toutes les cases d’un genre et auraient pu être générés par quelque chat GPT indie. Au contraire, Magon a sa propre identité, multiple certes, mais toujours singulière et cohérente. Écoutons par exemple King Of Nothing – qu’on trouve sur le premier album Out in the Dark sorti en 2019 -, titre proche de l’univers des Pixies période Bossanova, avec ses suites d’accord digne du Black Francis des meilleurs jours, morceau dont le chant, dans la partie finale, rappelle Jonathan Richman et ses Modern Lovers. L’esprit de Joey Santiago se retrouve également dans le son de guitare de l’excellente Forever de l’album In the Blue (2021), mais pour ma part, c’est avec l’hypnotique Right Here apparaissant sur le LP Did you Here the Kids sorti en2023 – genre de morceau qui donne envie de rouler sur une autoroute perdue lynchéenne – que je me suis laissé convaincre par Magon. Continuer la lecture de « Selectorama : Magon »

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Kim Deal, Nobody Loves You More (4AD)

Kim Deal est de ces bonnes et véritables amies qui laissent leur miroir de poche au vestiaire mais ne se séparent jamais de leur intégrité. Je l’ai rencontrée aux détours de sa guitare basse et de ses vocalises vaguement énervées chez les Pixies dès 1986, je l’ai adorée sur le premier et magnifique album de The Breeders, Pod, sorti en 1990 sur le label phare de l’époque 4AD et produit par Steve Albini. Là, Kim retrouvait Tanya Donelly (Throwing Muses et Belly), Josephine Wiggs ainsi que Kelley Deal, sa sœur jumelle. Continuer la lecture de « Kim Deal, Nobody Loves You More (4AD) »

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Aphex Twin, Selected Ambient Works 85-92, Expanded Version (Apollo / Warp)

L’Expanded Edition de ce chef d’oeuvre absolu vient de ressortir pour les 30 ans de l’album original.

Lorsque Selected Ambient Works 85-92 paraît pour la première fois en 1992 sur le label Apollo / R&S Records, le jeune Richard D. James est déjà précédé de l’aura flatteuse du synth freak, du créateur génial et bricoleur surdoué. Repéré avec Analogue Bubblebath (Mighty Force, 1991), premier EP de la série, c’est par sa manière très personnelle de proposer une musique électronique radicale et ludique qu’il s’impose immédiatement comme l’une des figures majeures d’une scène alors en pleine effervescence. Bleep, ambient techno ou early IDM, différentes appellations pour un genre dont la mythique compilation-manifeste du label Warp Artificial Intelligence (1992) aura pu dessiner les contours : immédiatisme dancefloor et psychédélisme domestique fusionnent au sein d’une esthétique post-rave dont il s’agit d’incarner le versant le plus aventureux et expérimental. Continuer la lecture de « Aphex Twin, Selected Ambient Works 85-92, Expanded Version (Apollo / Warp) »