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Selectorama : Bruno Juffin

Photo : FB Le Boulon
Photo : FB Le Boulon

Les Clermontois connaissent bien Bruno Juffin, fine plume des Inrockuptibles dont ils ont maintes fois pu apercevoir la silhouette filiforme de dandy à la mèche toujours impeccable dès qu’un concert intéressant avait lieu en ville. Certains musiciens de ma connaissance l’ont même eu comme prof d’anglais au lycée : « Il me prêtait des disques de Moe Tucker et il nous a fait découvrir des films comme La Nuit du Chasseur ou Freaks… ». Il y a pire comme formation. Un autre me disait qu’il avait été sidéré il y a trente ans, lorsqu’il passait le bac, de voir ce doppelgänger de John Cale surveiller l’épreuve d’anglais tout en lisant un numéro des Inrocks (grand format) avec David Bowie en couverture. Quand je repense à mes profs d’anglais à moi, si compétents et sympathiques qu’il furent, j’ai du mal à les imaginer en train de poser sur des photos avec Lux Interior et Poison Ivy des Cramps ou aux côtés de David Johansen des New York Dolls ! Continuer la lecture de « Selectorama : Bruno Juffin »

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Selectorama : Biche

Biche / Photo : Greg Ponthus
Biche / Photo : Greg Ponthus

Avec en signal annonciateur fort, le single Déjà-Vu sorti en catimini l’année dernière, on sentait une petite révolution en mouvement chez Biche. Le quintette a mis son temps pour réfléchir à l’évolution de leur projet, parti d’une pop alanguie aux guitares boisées, aux influences marquées sixities et seventies, que Burgalat himself n’aurait pas renié. Petits crépitements parasites et sonorités résolument plus électroniques viennent donner le ton, et soulignent la présence grandissante des machines dans nos vies. Avec Le Code, leur deuxième single, tout semblait plus clair, Alexis Fugain, Thomas Subiranin, Alexis Croisé, Brice Lenoble et Florian Adrien ont eu envie d’accélerer le tempo, beaucoup plus élastique et rebondissant que précédemment. Ils auront peut-être tardé à revenir, mais B.I.C.H.E. est une superbe collection de petits tubes (Americanism) et de chansons attachantes (Labrador), et de merveilles bubble gum pop (La Spirale) interprétées avec la douceur d’un Pierre Barouh par Alexis, qu’on a adoré revoir sur scène en cette fin janvier en format trio aux côtés de En Attendant Ana. Pour nous, il révèle quelques-uns des titres qui ont compté pour la création de ce nouvel album autoproduit.

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Magon, World Peace (autoproduit)

MagonCe qu’il y a de délicieux avec la musique, avec l’art en général, c’est que tout se passe comme si, grâce à eux, on pouvait à nouveau tomber amoureux un nombre indéfini de fois sans pour autant que ces attachements soient incompatibles entre eux, comme si on pouvait en quelque sorte vivre à l’infini l’impossible expérience d’un polyamour heureux. Parfois, alors qu’on se complaisait allègrement dans nos habitudes esthétiques, qu’on se contentait avec paresse d’écouter et de réécouter nos disques fétiches, on tombe par hasard sur un un artiste inconnu aux charmes duquel on se laisse prendre sans s’y attendre. On écoute une chanson – il s’agissait pour moi, avec Magon, de l’hypnotique Right Here (Did you Hear the Kids ?), 2023 – et commence alors le premier moment de la fameuse cristallisation décrite par Stendhal.

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Steven McDonald (Redd Kross) : « J’évite de trop m’en foutre »

Redd Kross
Redd Kross, avec Steven McDonald à droite / Photo : DR

Ce fut l’une des meilleures surprises de 2024. Alors qu’on n’osait plus vraiment l’espérer, les immenses mérites méconnus de Redd Kross se sont trouvés célébrés comme quasiment jamais dans l’histoire, pourtant longue de près d’un demi-siècle, de ce groupe fondamental. Un concert parisien trop longtemps reporté mais magnifique dans sa démesure, la diffusion annoncée dans plusieurs festivals d’un documentaire – Born Innocent, The Red Kross Story d’Andrew Reich, la publication d’une biographie nourrie des témoignages, parfois contradictoires, des principaux intéressés – Now You’re One Of Us de Dan Epstein. Enfin la sortie estivale d’un nouvel album, double et copieusement garni de ces tubes à la fois pop et saturés dont les frères McDonald semblent avoir précieusement conservé le secret. C’est depuis un hôtel bruxellois où se poursuit la tournée européenne du groupe que le cadet – Steven – a consenti à se repencher avec nous sur quelques-uns des jalons de ce périple fraternel et atypique. Continuer la lecture de « Steven McDonald (Redd Kross) : « J’évite de trop m’en foutre » »

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The Bug Club, On The Intricate Inner Workings of the System (Sub Pop)

Suractifs depuis 2021 et récemment devenus membres de l’écurie Sub Pop, The Bug Club appartient à une étrange catégorie : celles des groupes un peu inégaux mais qui restent malgré tout enthousiasmants. On trouve sur leurs disques autant de choses bigrement cool que tes trucs plus douteux à mon goût, un peu comme chez les Américains de The Cowboys, groupe quelque peu irrégulier malgré un réel talent. Mais c’est somme toute honorable pour des musiciens de parvenir à signer quelques bonnes chansons sur des albums imparfaits quand ils pourraient ne produire que de l’insignifiance. Et pour le coup, The Bug Club, emmené par les Gallois Sam Willmett et Tilly Harris, possède certaines qualités notables auxquelles il faut rendre hommage. Continuer la lecture de « The Bug Club, On The Intricate Inner Workings of the System (Sub Pop) »

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Citron Citron, Maréeternelle (Bongo Joe Records)

Nuage de lait et paysages qui blanchissent, l’heure est à des explorations plus intériorisées favorisées par le solstice d’hiver. La musique des genevois de Citron Citron évoque les brumes matinales du Bain des Pâquis, les cimes enneigées Alpines et Jurassiennes ainsi que les ombres de la villa Diodati et de Frankenstein… Point de marée dans les eaux du bleu Léman mais Maréeternelle embarque un univers vaste de flux et reflux et de paysages sonores au romantisme contemporain désabusé et aux accents exploratoires orbliviens.

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2nd Grade, Scheduled Explosions (Double Double Whammy)

Suis-je bien légitime pour chroniquer un groupe de powerpop ? Quand on n’a jamais été emballé plus que ça par Big Star ni par Teenage Fanclub – les références ultimes du genre -, on devrait en toute logique passer son chemin. Et pourtant, paradoxe des paradoxes, l’album Scheduled Explosions de 2nd Grade restera pour moi un des sommets de l’année 2024. Alors pourquoi ai-je aimé un disque a priori plutôt éloigné de mes inclinations esthétiques ? Tout simplement parce qu’il est truffé de très bonnes chansons, aux mélodies imparables, qu’il parvient à s’inspirer du passé tout en se réappropriant les codes du genre sans donner une impression de répétition mécanique de ce qui a déjà été fait par d’autres. Continuer la lecture de « 2nd Grade, Scheduled Explosions (Double Double Whammy) »

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La Casa Azul, Tan Simple Como El Amor (Elefant, 2003)

Elefant 2003 album pochette indie popDifficile d’imaginer la popularité de La Casa Azul par-delà des Pyrénées. Le groupe fondé par le mystérieux Guille Milkyway a pourtant démarré de la plus modeste des manières jusqu’à s’approcher, de très près, d’une participation à l’Eurovision. À la fin des années 90, le Catalan envoie ses démos à de nombreuses émissions de radios telles que Flor de Pasión, présenté par Juan de Pablos. Il est repéré et signé par Elefant (Le Mans, Family, Spring, les débuts de los Planetas…). En 2000 sort le mini-album El Sonido Efervescente de la Casa Azul (2000), celui-ci compile six morceaux des démos avec deux nouveautés. Le groupe sort finalement, Tan Simple Como El Amor, son premier véritable album, trois ans plus tard, toujours chez Elefant. Ce disque constitue une excellente porte d’entrée à l’univers chamarré de La Casa Azul. Il ouvre aussi sur une certaine idée de la musique pop espagnole, de la fin des années 90 et la décennie suivante. Continuer la lecture de « La Casa Azul, Tan Simple Como El Amor (Elefant, 2003) »