A chacun ses gestes barrières. A défaut de pouvoir se barricader dans une suite du Normandy ou du Majestic, lieux emblématiques de l’enseigne fondée par feu Lucien B., ou de se lever et de se casser en toute impunité, on s’oblige à redorer le blason du chez soi, à polir l’harmonie du foyer, sis pour le coup aux confins de la Brie, dans cette zone floue entre banlieue et campagne – deux entités aptes à entrer en collision, au moins autant que les atomes de la famille nucléaire désormais assignée à résidence.
Parmi les gestes qui sauvent, reclus dans le bunker-bureau, celui de fouiller sans gants ni méthode dans les boîtes de 45 tours, et d’en extirper quelques vestiges oubliés. Ainsi ce (Excerpts from) The Suburbia Suite de The Sound Barrier qui tente de se rappeler à notre bon souvenir embrumé. Continuer la lecture de « #1 : The Sound Barrier, Excerpts fron The Suburbia Suite (1983, The Compact Organization) »
Étiquette : Année : 2020
Catégories sous surveillance
Sous Surveillance : Hits
Qui ?
Jen Weisberg, guitare et chant
Brian Tester, batterie
Max Nordile, basse
Catégories mixtape
I like 2 Stay Home#1 : 25 ans de RPM
Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.
C’était il y a 25 ans presque jour pour jour. Le premier numéro de la RPM (qui en fait était le douzième – vous comprendrez pourquoi si vous suivez) atterrissait dans les kiosques à journaux et autres Maisons de la Presse avec quelques jours de retard – une tradition que le magazine a bien pris soin de respecter pendant plusieurs années. Aujourd’hui encore, je ne sais pas comment nous sommes arrivés à publier ce numéro et concrétiser ainsi un projet entériné en décembre 1994 dans un bar de la rue de Lappe, quelques heures après que Les Inrocks aient annoncé leur passage en hebdo et après avoir beaucoup bu (de margaritas, je crois).
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Catégories chronique nouveauté
Fange, Pudeur (Throatruiner)
« On m’a connu raseur de murs, lécheur d’ordures, gicleur impur. Fuyant les fastes comme la peste. Traître à ma caste. Cafard céleste. »
Si les temps obscurs que nous traversons pouvaient trouver une bande-son à leur mesure, parions qu’ils se pencheraient avec mansuétude sur l’œuvre de ce groupe de Rennes, Fange. J’ai croisé leur route à Molodoi à Strasbourg, l’année dernière, alors qu’ils se lançaient, minuit passé, dans un concert impressionnant de tension et de maîtrise. J’ai pris le train en marche (et un peu dans la figure) avec leur album Punir sorti aussi en 2019. Pudeur, son successeur, sort en ce moment (en vinyle le mois prochain, si on est pas tous morts d’ici là) et possède ce même pouvoir à absorber la lumière, l’espoir et les sentiments, et à les réduire à de simples et douloureux stimuli corporels, des coups d’électricité dans la nuque, des palpitations du tympan, des vibrations dans le ventre, des remugles dans les intestins. Continuer la lecture de « Fange, Pudeur (Throatruiner) »
Catégories chronique nouveauté
Kevin Krauter, Full Hand (Bayonet/Differ-Ant)
Sans que l’on parvienne réellement à en identifier les causes, Toss Up (2018), le premier album solo de Kevin Krauter, s’était insinué dans la densité du quotidien jusqu’à figurer en bonne place dans l’intimité arbitraire des palmarès de fin d’année. Deux ans plus tard, le bassiste de Hoops reprend le fil de son discours musical là où il l’avait provisoirement interrompu. « It’s embedded in my brain/That things will never change/The way it is, is the way things are/So deal with it« annonce-t-il d’emblée sur Patience. On se le tient donc pour dit : l’inertie est ici de mise. Pour l’affronter, les instruments ne constituent qu’un recours insuffisant : quelques pistes de guitares et autant de claviers archaïques suffisent à tracer les contours des chansons que surligne la métronomie robotique d’une boîte à rythmes. Ils suffisent pourtant à nourrir une série de méditations contemplatives, entre une introspection dépourvue de complaisance et immersion rêveuse dans les paysages entraperçus depuis le refuge autarcique du home studio. Continuer la lecture de « Kevin Krauter, Full Hand (Bayonet/Differ-Ant) »
Catégories chronique nouveauté
Andrea Laszlo de Simone, Immensità (42 Records)
Échappant plutôt par le haut au narratif du renouveau de la pop italienne coincé entre San Remo et Sorrentino, Andrea Laszlo de Simone est suivi par quelques-uns de ce côté des Alpes depuis son Uomo Donna, album ample, gras et pourtant merveilleux qui s’imposait comme neuf malgré l’évidence de son ambition anachronique. Plutôt que de ciseler, potentialiser et photocopier son talent mélodique, le chanteur turinois délayait, aérait et laissait filer, entre les chansons, des longues plages de vie aux accents pastoraux. Je fus ainsi surpris un jour par le mode aléatoire qui fit se superposer Questo non è amore et Heart of the Country de Paul et Linda McCartney comme une naturelle association d’idées, un raccord cinématographique. Il y avait un romantisme archaïque dans Uoma Donna qui faisait revenir des images du Heureux comme Lazzaro d’Alice Rohrwacher (2018), des prolétaires des premiers Visconti, ou encore, plus récemment, du cinéma de Pietro Marcello. Une filiation paysanne et romantique qui, par son contre-point anachronique, rend le monde plus vrai. Continuer la lecture de « Andrea Laszlo de Simone, Immensità (42 Records) »
Catégories playlist
Fin du monde : la bande originale
L’apocalypse zombie n’est pas encore là mais rien ne nous empêche d’écouter, de réécouter ou de faire découvrir Odessey And Oracle (des Zombies, justement), un disque de circonstance (une dernière merveille avant la fin) dont rigoureusement aucun extrait n’a été choisi pour cette mixtape à la fois paniquée et apaisante. Aux montagnes russes de l’incertitude, adaptons nos souvenirs, n’oublions pas de sourire, rendons hommage à Genesis P-Orridge, prophète des chaos passés et à venir qui nous a judicieusement quitté hier, et réécoutons, angoissés et amusés, tous les disques que nous aimons en prenant soin de nous. On va tous crever ? Et puis après, on verra bien.
Catégories interview
Maria McKee : La Chamade
Maria McKee n’avait plus donné de nouvelles depuis près de treize ans. Retirée de la musique pour se consacrer au cinéma et, plus précisément, aux films de son mari, Jim Akin, la chanteuse n’avait donc plus rien sorti depuis Late December en 2007, jugeant notamment que sa carrière ne lui ressemblait plus et que son heure était sans doute aussi un peu passée. Pourtant, cette pionnière de la scène néo-country, encensée depuis ses débuts au sein des éphémères Lone Justice, a toujours été une femme de tête et demeure une figure difficilement contournable du rock américain de ces quarante dernières années. Dans les années 90, elle avait ainsi réussi à s’imposer comme une véritable artiste solo, signant quelques albums de haute tenue, parmi lesquels le remarquable You Gotta Sin to Get Saved (1), un classique de l’americana produit par George Drakoulias et pour lequel elle avait embrigadé des membres des Jayhawks, des Posies et des Heartbreakers de Tom Petty. Continuer la lecture de « Maria McKee : La Chamade »