Au début de mon adolescence, une fille merveilleuse m’a fait un don. Elle m’a offert The Smiths. Bien sûr, j’étais éperdument amoureux d’elle, mais j’étais un garçon maladroit et empâté, et elle aimait les garçons plus âgés. Elle était brillante et drôle et je chéris encore le temps que nous avons passé ensemble. J’ai longtemps recherché cette même relation avec d’autres partenaires. Un jour, alors que nous trainions après l’école assis sur le sol de sa chambre dans sa maison typiquement banlieusarde elle me dit : « As-tu déjà écouté ce groupe ? Le chanteur est vraiment timbré. »
J’étais déjà profondément accro à toute cette scène punk et hardcore qui émergeait autour de nous dans le sud de la Californie, mais cette musique était une révolution d’un autre genre. Elle a placé la cassette dans sa boombox et l’a rembobinée jusqu’à Bigmouth Strikes Again. Le schéma de guitare était différent, mais il s’agissait bien d’un tempo punk. Les paroles ont immédiatement fait mouche : “Now I know how Joan of Arc felt / As the flames rose to her Roman nose / And her Walkman started to melt.” J’avais l’habitude de certaines chansons dotées de paroles intéressantes dans le punk, mais ce morceau était bien au-dessus de Holiday Inn Cambodia des Dead Kennedys ou Kids of the Blackhole des Adolescents – pour citer deux compositions stellaires à leur façon. D’une certaine façon, ce morceau parvenait à juxtaposer la technologie de la pop culture (le walkman était encore un truc révolutionnaire !) et le martyr d’un personnage historique – et mythique – tout en laissant une impression d’évidence. Ce mélange de manières, d’art et d’émotions dans la voix était grisant. Je ne parviens pas à me défaire du sentiment que nous éprouvé à ce moment et qui nous dictait que The Smiths était probablement le plus grand groupe de tous les temps. Il y a de nombreux groupes que j’aime autant, mais aucun n’est parvenu à ce niveau dans la mélodie, l’humour et la puissance.
Bigmouth Strikes Again par The Smiths est sorti en 1986 sur l’album The Queen Is Dead, paru sur le label Rough Trade.
BONUS : la VO !
As a young teen, a wonderful girl gave me the gift of the Smiths. I was of course hopelessly in love with her, but I was an awkward doughy kid, and she liked older boys. Still we were great friends. She was brilliant and funny, and I still cherish our time together. It was the kind of connection I sought out later in a partner. One day hanging out after school, sitting on the floor of her room in her very suburban home she said, “you have to hear this band; the singer is really twisted.” I was already deep into the punk and hardcore that was happening all around us in Southern California, but this music was a different kind of revolution. She put the cassette into the boombox and rewound the tape to Bigmouth Strikes Again. The strumming pattern was different, but it was punk tempo certainly. The lyric that instantly jumped out, “Now I know how Joan of Arc felt/as the flames rose to her Roman nose/and her Walkman started to melt.” I was used to some interesting lyrics from punk, but this was several levels up from Holiday Inn Cambodia or Kids of the Blackhole, both stellar compositions in their own right. Somehow it managed to juxtapose a bit of pop culture tech (a Walkman was still cutting edge!) and the martyrdom of this historical/mythical figure and make it sound like it was always meant to be. The mix of camp, art and heart in the vocals was intoxicating. I still can’t shake the feeling, which I had in that moment, that The Smiths are maybe the greatest band ever, and there are many great ones that I love as much, but no one went quite as deep with so much melody, humor and power.