L’œuvre de Laura Veirs se nourrit d’autobiographie, et l’infusion de sa vie comme de ses lectures dans ses chansons ne saurait être éludée au nom d’une approche non biographique qui risquerait, dans le présent cas, de manquer la rencontre : Found Light paraît après le divorce de Veirs d’avec Tucker Martine, batteur-producteur couru et à l’œuvre à la réalisation sur tous les disques de l’autrice-compositrice-interprète depuis Carbon Glacier (2004) et Year of Meteors (2005), premiers de ses albums sortis sur Nonesuch/Warner, avec l’exposition correspondante. Continuer la lecture de « Laura Veirs, Found Light (Bella Union) »
Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.
Hiver 1992. J’ai 13 ans, l’air d’en avoir 9, un duffle-coat rouge et des lunettes. Mon collège organise un échange avec Wellington, un pensionnat anglais pour enfants privilégiés. Nous ne sommes presque que des filles à partir, il n’y a presque que des garçons (en uniforme), j’entrevois l’espoir d’un premier baiser. Après presqu’une semaine de rêve dans un cadre magique bien avant l’apparition du sorcier à lunettes, c’est au tour des anglais de venir chez nous. Les premiers couples sont déjà formés, et dans un élan de courage, j’ai osé dire au timide Robbie qu’il me plaît pendant 58 Minutes Pour Vivre, le premier film que mes parents m’ont laissé aller voir seule au cinéma. Continuer la lecture de « Stranger Teens #20 : « Stand By Me » par Ben E. King »
Nous sommes en juin, dans la cour du Chabada d’Angers pour le festival Levitation France. Il est environ minuit, la deuxième soirée de concerts se termine lorsque je reçois la nouvelle par email : interview avec Anton Newcombe demain à 14h30, à prendre ou à laisser. L’emblématique leader de The Brian Jonestown Massacre vient tout juste de rendre réponse. Je m’en veux de ne pas avoir anticipé, d’avoir mis de côté cette demande un peu ambitieuse lancée des semaines plus tôt ; évidemment que ça se passe comme ça avec Anton Newcombe, la veille à minuit. Difficile de résumer en quelques lignes ce que représente The Brian Jonestown Massacre pour tous ceux qui, ce soir-là, portent au poignet le bracelet d’un festival comme celui-ci ; pour la plupart des amateurs de rock indépendant rencontrés au cours de ma vie d’adulte d’ailleurs. Anton Newcombe, c’est le seul membre permanent depuis 1990, et celui sur qui tout repose depuis le départ de l’autre esprit du groupe, Matt Hollywood, il y a vingt ans. C’est celui qui parle de son dix-neuvième album l’après-midi et chante les titres des deux prochains à venir le soir, en vociférant, fidèle à la réputation explosive que Dig! lui a forgée au début des années 2000 : « J’en ai rien à foutre que vous ne connaissiez pas ces chansons, moi je sais ce qu’elles valent ». Anton Newcombe, c’est bien plus que tout ça, alors ma réponse ne s’est pas faite attendre : « 14h30, c’est ok pour moi ». Continuer la lecture de « Anton Newcombe : « Je ne suis pas une personne sentimentale. » »
Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.
On s’échange beaucoup de K7 au collège, les copains de l’internat nous rapportent des trucs incroyables dont l’écoute est encore plus exotique que les noms portés par les groupes ; l’énergie adolescente passe du coq à l’âne, du punk le plus débridé à la cold wave la plus glaçante ; Butthole Surfers, Joy Division, Virgin Prunes… C’est que l’hiver est long dans la campagne alsacienne, les jours au ciel bas et lourd s’égrènent interminablement. La brume épaisse donne le ton à cet ennui adolescent qui rêve d’ailleurs, qui attend sagement qu’il se passe quelque chose. Toute la musique qu’on se refile avec des airs de résistant clandestin parle de ça, de repousser les murs, d’exploser le cadre, de traduire notre confusion naissante. Continuer la lecture de « Stranger Teens #19 : « Toi Mon Toit » par Elli Medeiros »
Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.
On ne choisit pas les disques : ce sont eux qui nous choisissent. Je ne sais plus comment j’ai découvert Midnight Oil (sans doute à la radio), mais je me souviens du jour où j’ai acheté le 45 tours : avec Didier on est allés chez Contraste (qui nous rendra nos petits disquaires de province, qui nous rendra l’innocence ?). Il a pris Everything Counts (Depeche Mode 101 venait de sortir), et moi Put Down That Weapon. Chacun ses raisons, la question du goût ne se posait même pas, il n’y avait que l’enthousiasme (je me souviens d’un autre jour, plus tard, où Didier a acheté la cassette de Songs For Drella : croisant un ami commun, il s’était contenté de lui crier :“j’ai acheté un album !” au lieu de lui dire bonjour). Continuer la lecture de « Stranger Teens #18 : « Put Down That Weapon » par Midnight Oil »
Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.
Le monde qui nous entoure, la place de l’architecture, l’art de façon globale, mon autonomie dans mes déplacements, le skate était le moteur de beaucoup de rencontres au gré des spots ou nous allions.
Entre 13 et 20 ans, ce petit bout de bois m’a également fait découvrir de bien bons morceaux que l’on retrouvait dans les parts de nos skateurs préférés ou dans des films de Gus Van Sant et Larry Clark.
Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.
Pour tout indie kid en devenir, être adolescent pendant la première moitié des 90’s a forcément signifié une passion plus ou moins affirmée pour Nirvana, et pour le rock alternatif US plus globalement. Une esthétique et une éthique de l’authenticité rock et punk, centrée sur la guitare et le culte de la distorsion. Une manière de réagir au formatage de certaines productions typiques de la décennie précédente, à leur sophistication et maniérisme surjoués. Le synthétiseur et ses gimmicks/items incarnant dans cette perspective le contre-modèle absolu. Continuer la lecture de « Stranger Teens #16 : « Pump Up the Jam » par Technotronic feat. Felly »
Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.
Je ne suis pas certain que l’on puisse être réellement transformé par un groupe ou une œuvre du passé. Cela n’engage que moi, mais j’ai l’impression que les attachements les plus décisifs, ceux qui in fine marquent le plus, ne peuvent survenir qu’avec des artistes ou des groupes dont on sait qu’ils nous sont contemporains, dont on va pouvoir (et surtout devoir) attendre les prochains albums et que l’on pourra espérer voir en concert. Cela ne signifie évidemment pas que l’on ne puisse pas être touché, bouleversé même, par des œuvres du passé ; ayant traversé l’essentiel de mes années de lycée avec des disques des Beatles, de Jimi Hendrix, du Velvet Underground, de Neil Young ou de la Tamla Motown, je serais d’ailleurs bien mal placé pour soutenir une telle idée. De fait, il est tout à fait possible de connaître des chocs esthétiques majeurs via de vieux enregistrements qui chamboulent notre compréhension de la musique, mais il me semble que le rapport que l’on entretient avec eux est aussi, forcément, plus intellectuel. Continuer la lecture de « Stranger Teens #15 : “Small Town” par John Mellencamp »