Le Big Beat fut probablement, quelques années durant, la bande son des troisièmes mi-temps noyées sous les pintes de bières tièdes et des poutres d’amphétamines (selon ceux qui y étaient) dans les pubs du royaume britannique, pourtant le genre représente une sorte de parenthèse délirante et hédoniste dans les (assez) sérieuses quatre-vingt dix. Très loin du rock indépendant faisant une fixette sur le Velvet, tout aussi espacé des expérientations à la lisière de la Drum & Bass ambitieuse (pour ne pas dire chiante) de Photek, à rebours de l’éthique underground de la House américaine, petit frère sous-doué plus marrant du Trip Hop, l’éphémère genre cumule toutes les tares possibles : dégoulinant à souhait, novelty dans son essence, totalement dédié à la fête sans prise de tête. Continuer la lecture de « Big Beat, une playlist et 50 raisons de le détester »
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Propellerheads, Decksandrumsandrockandroll (Wall Of Sound/PIAS)
Il y a quelque chose d’étrange à voir rééditer un disque dont nous avons vécu les soubresauts (presque) en direct. Je dois me confier, au nom des saintes écritures Nuggets / C86 / Techno de Detroit / House de Chicago / Northern Soul et aux autres parangons du bon goût sûr : je suis tombé dans la marmite de la musique grâce au Big Beat, cet improbable mélange syncrétique – et souvent cheesy – de samples de rocks, de breakbeats hip hop accélérés et parsemés de lignes acides de TB303. Continuer la lecture de « Propellerheads, Decksandrumsandrockandroll (Wall Of Sound/PIAS) »
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Le Motel, notre maison.
Le Motel, Ma Maison : était-il possible de trouver un titre qui colle mieux à la compilation d’un bar unique – et à bien des égards irremplaçable – à Paris ? Situé dans le onzième arrondissement, pas très loin des disquaires (et de la Méca), le Motel est depuis onze ans maintenant un haut lieu de la pop indé, cette nébuleuse aux contours mouvants dont l’existence n’est pas attestée à sa juste valeur dans les écritures officielles. Difficile de s’en tenir à cette description neutre, en tous cas le bar représente depuis longtemps pour certains d’entre nous, un havre pour les musiques qui nous tiennent à cœur. C’est notre QG, nous ne nous posons même pas la question avant d’y aller, tant cela est évident. Situé un peu à l’écart dans un passage, à deux pas de la rue de la Roquette, à quelques mètres de la station Ledru-Rollin, son affiche lumineuse est un phare pour les âmes esseulées. Derrière le bar, souvent des musiciens, nos potes, des gens intéressants, parfois d’anciens clients passés derrière le comptoir. Peut être qu’un jour un historien de la musique répertoriera les groupes créés entre les murs désormais verts du Motel; et nous y (re)découvrirons les connexions imprévisibles dues à quelques pintes éclusées sur un coin de table, ou accoudés contre le meuble en bois. Continuer la lecture de « Le Motel, notre maison. »
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Black Dresses – WASTEISOLATION (autoproduit)
Comparée aux vapeurs d’une pop music pataugeant trop souvent dans de prudentes pissotières tièdes où les sentiments tirent à blanc, impossible de ne pas être violemment saisi à la gorge par l’urgence vitale qui déborde de WASTEISOLATION, le premier album monolithique de Black Dresses. Continuer la lecture de « Black Dresses – WASTEISOLATION (autoproduit) »
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Wild Nothing
Mercredi 6 juin. C’est dans le quartier de la Gare de l’Est, à Paris, que rendez-vous est fixé avec celui qui officie depuis près de 10 ans sous le nom de Wild Nothing ; Jack Tatum. Le matin-même, il dévoilait un premier single accrocheur, Letting Go, prémisse de son quatrième album à paraître le 31 août prochain chez Captured Tracks. De son amour inconditionnel pour Roxy Music à sa collaboration avec le stupéfiant Jorge Elbrecht, l’américain s’est livré sans réserve sur ses inspirations et son processus de création.
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San Carol, Cancer (Freemount Records)
Nous n’avions plus de nouvelles de Maxime Dobosz, âme de San Carol, depuis l’excellent Humain, Trop Humain (2015). Le voici déboulant avec le scopitone de Cancer, lancé en éclaireur avant un troisième LP à paraître le… 19 octobre. Oui, c’est loin. Mais pour l’avoir écouté, on vous assure que ça vaut la peine d’attendre. Son titre ? Houdini. Aucun lien avec The Melvins – bien plus avec un savoir-faire certain dans l’art d’ordonner de multiples influences pour en tirer des pop songs bien bien ficelées. Continuer la lecture de « San Carol, Cancer (Freemount Records) »
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Zuider Zee, Zeenith (Light In The Attic)
Il est quelque fois rassurant de constater que le travail ingrat de fouilles archéologiques dans le lointain passé de la pop permet encore d’exhumer des pièces importantes d’un patrimoine musical négligé ou carrément inconnu. C’est le cas aujourd’hui avec cet album inédit de Zuider Zee. Injustement relégué à n’occuper qu’une place dérisoire dans les notes de bas de page de l’histoire de la power pop sur la foi d’un unique album publié et trop vite enterré par CBS en 1975, cet obscur quartet américain mérite en effet d’être redécouvert et réhabilité. Continuer la lecture de « Zuider Zee, Zeenith (Light In The Attic) »
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Lemon Swell, Je m’appelle Lucas (La Souterraine)
Lucas Lecacheur est (presque) aussi insaisissable que productif. Nous l’avions connu à travers les Bad Pelicans, trio garage à la morgue toute adolescente, énergie garantie en live, un groupe qu’il compose avec Simon (Hérisson Superbe) et Fernando (à l’origine du délirant Superlife + Cyclisme). Continuer la lecture de « Lemon Swell, Je m’appelle Lucas (La Souterraine) »