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Les combats de Warietta

Warietta / Photo : Alan Muller
Warietta / Photo : Alan Muller

Il y a à peine deux ans, on avait vivement salué le travail de co-réalisation de Guillaume Marietta (avec Nicolas Drolc pour Les Films Furax) du documentaire sur La Grande Triple Alliance Internationale de l’Est, où l’agitation et la créativité du collectif messin explose de tous les pores du film. Un film qui lui a permis de « me reconnecter à mes racines. Avec Nafi (Noir Boy George, Scorpion Violente) et Thierry (Dustbreeders) nous avons reformé le groupe FUNK POLICE. Le nouveau set sonne comme PiL et The Fall en pleine apoplexie. » Entre temps, il a continué son chemin en solo, après quelques démos pour Arvo Disques et la BO du docu chez Les Disques de la Face Cachée. Activité démarrée en 2015 avec le LP Basement Dreams, en parallèle à des projets comme A.H. Kraken, Plastobéton ou The Feeling Of Love. Handkuss Jesus, son nouvel album prévu pour  le 17 mai, sortira sur Cutter Amer, un label qu’il a lui-même monté pour l’occasion.« La plupart des labels ne s’en sortent plus financièrement et ont perdu la joie nécessaire à ce type d’entreprise. Quand j’ai vu qu’Exek sortait leur dernier album sur leur propre label, j’ai senti que c’était la seule solution à suivre pour le moment. ». Continuer la lecture de « Les combats de Warietta »

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Julia Holter : « La pop obéit à une logique qui est au-delà de moi »

Julia Holter / Photo : Camille Blake
Julia Holter / Photo : Camille Blake

C’est toujours un plaisir de s’entretenir avec Julia Holter, même quand le jetlag amplifie sa tendance à hésiter et chercher ses idées en triturant ses longs cheveux, parsemant ses réponses de silences. La Californienne, qui fêtera ses quarante ans en décembre prochain, était de passage à Paris il y a quelques semaines pour présenter son nouvel album Something in the Room She Moves (clin d’œil plus ou moins fortuit aux Beatles). Plus de cinq ans après le profus et labyrinthique Aviary, magistralement porté sur scène avec une formation élargie, ces dix compositions marquent le retour à une forme plus compacte, mais pas exempte d’expérimentations (Meyou, Ocean…) parfaitement maîtrisées. Continuer la lecture de « Julia Holter : « La pop obéit à une logique qui est au-delà de moi » »

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The Jesus And Mary Chain, Glasgow Eyes (Fuzz Club)

Il était grand temps de s’en rendre compte, malgré leur classicisme avoué, les frères Reid n’ont jamais trop été à la traine d’une certaine modernité. Si les saillies de soudards de Psychocandy définissent aujourd’hui un continent entier avec ses réussites (le seul plot MBV fera à lui seul une assez belle guerre coloniale) et ses aberrations, soit tout ce qui en découle depuis le nouveau siècle, peu ou prou, les plus rétrogrades étant paradoxalement les moins couillons. En 1986, alors que le monde faisait mine ou semblent de découvrir que le hip hop et le binaire n’étaient pas forcement antinomiques (Walk This Way), les deux têtes de mort prenaient des notes, utilisant déjà, quand nécessité faisait loi, la beat box sur Darklands et allaient recracher la leçon façon foutre et ciment sur l’excellent Sidewalking (1988) puis tenter, en pure perte (vraiment ?) de faire un clin d’œil glorieux mais tardif à Public Enemy avec Reverence (1992). Continuer la lecture de « The Jesus And Mary Chain, Glasgow Eyes (Fuzz Club) »

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Adrianne Lenker, Bright Future (4AD)

Is this what you wanted ?
To live in a house that is haunted
By the ghost of you and me

Un grain de sel, jamais sur les plaies.

Qui publie donc entre deux tours de Terre en 2024 un disque enregistré en 2022, si vraisemblablement brut que l’on pourrait oublier de se cogner dedans, glisser entre des ondes, pleurer des fantômes. Lenker en est à plus d’une demi-douzaine de merveilles de disques, seule ou avec Big Thief, et l’on craint pour elle, chaque nouvelle fois, pour nous : sera-t-on déçu·e ? Continuer la lecture de « Adrianne Lenker, Bright Future (4AD) »

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Balade franco-coréenne avec Freshberry

Freshberry
Freshberry / Photo : DR

Le label Si Moiré Disques mené par Lois (Atheltico, Ex – Futur) s’était fait plutôt discret depuis quelques temps. Récemment sur le bandcamp du label, une chanson est apparue, celle du duo Freshberry, composé de Pierre (Bisou de Saddam, Albinos Congo, Ex -Futur …) et de sa compagne Jiyeonne, originaire de Corée du Sud et vivant à Paris depuis 2014. Depuis 2019 , les amoureux jouent ensemble, Jiyeonne à la composition et à la voix ensorcelante, Pierre à la guitare et à l’enregistrement. Quelques EP’s sont déjà disponibles à l’écoute sur leur bandcamp. Lors de leur voyage en Corée en Janvier dernier, ils décident de revisiter et d’enregistrer un classique du rock Coréen, Youth du trio San Ul Lim. Fidèle à la version originale sortie en 1981, Freshberry l’étire, lui donne une dimension lunaire. C’est harmonieux, la voix et les guitares sont cristallines. Une reprise originale annonciatrice d’un album à venir au courant de l’année, qui sera pour sûr aussi original que cette jolie balade. Continuer la lecture de « Balade franco-coréenne avec Freshberry »

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Veronica Falls, id. (Slumberland, 2011)

Veronica Falls est apparu un jour de 2010 avec un grand 45 tours, Found Love in A Graveyard. Publiée conjointement par Captured Tracks et Trouble Records, la chanson prend aux tripes. Derrière ce coup d’éclat, quatre musiciens déjà expérimentés. Si Veronica Falls apparaît à Londres, la formation cultive ses racines et son histoire si particulière du côté de Glasgow. Roxanne Clifford (chant, guitare) et Patrick Doyle (batterie) jouent ensemble dans The Royal We. Le groupe sort,  en 2007, un unique album pour Geographic, un label de Domino géré par Stephen Pastel. Les deux musiciens continuent ensuite sous le nom de Sexy Kids. Ils rencontrent le guitariste et chanteur James Hoare (Your Twenties) à un concert de Comet Gain. Enfin, la Française Marion Herbain apprend la basse et complète alors Veronica Falls. Ces quatre là vont créer un son unique et très cohérent. Continuer la lecture de « Veronica Falls, id. (Slumberland, 2011) »

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Ivan Jablonka, Goldman (Seuil)

On ne peut rester sourd quand ça appelle, quand sur son rayon de médiathèque l’ouvrage frémit, implore de ses yeux ronds et mouillés parce que l’on a réprimé l’achat mais pas l’envie de lire, la curiosité inexprimable, deux noms, Jablonka et Goldman – on aime l’histoire de tout si l’on aime l’histoire.

Et cette lecture d’un week-end – ne pas exagérer l’ampleur proclamée de cette biographie socioculturelle ou science humanisée ou je ne sais – pourrait rester dans l’alcôve discrète, un événement privé, personnel, sans grand rapport avec la pop moderne qui nous occupe, si elle n’avait persisté malgré tout, et comme toujours le font le privé et le personnel, à informer notre rapport au goût, et donc la relation à l’instant, à la rencontre – la relation à la relation – la relation dans la relation. Continuer la lecture de « Ivan Jablonka, Goldman (Seuil) »

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Les bugs de l’an 2000

Retour sur la scène glitch des années 1990/2000 à travers trois rééditions.

Héliophore de laHéliophore de la collection Prospective XXIe siècle du label Phillips collection Prospective XXI du label Phillips
Héliophore de la collection Prospective XXIe siècle du label Philips

Il y a quelque chose de frappant lorsqu’on fait retour sur la musique électronique des années 1990, celle des labels Mille Plateaux, Mego, Scape ou encore Raster-Noton : une forme d’optimisme moderniste, d’élan avant-gardiste, qui résonne aujourd’hui d’une manière résolument mélancolique. Un peu comme les pochettes à partir d’héliophores de la collection Prospective XXIe siècle du label Philips, ou encore ces vielles photos de studios de recherche comme ceux de la WDR ou du GRM, qui témoignent d’un progressisme radical ouvrant sur une forme paradoxale de nostalgie. Méditer sur les futures perdus, sur une utopie au statut spectral, tel pourrait en effet être la signification fondamentale du rétrofuturisme si présent lorsqu’on se penche sur les musiques électroniques de cet âge d’or post-rave. Continuer la lecture de « Les bugs de l’an 2000 »