Depuis 2016, Drugdealer publie patiemment un nouvel album tous les trois ans. Hiding In Plain Sight rejoint Raw Honey (Mexican Summer, 2019) et The End of Comedy (Weird World, 2016). Derrière ce pseudonyme intoxiqué, Michael Collins. Le musicien est actif depuis le début des années 2010 en solo (Run DMT, Salvia Plath) ou en groupe (Silk Rhodes). Toutefois, son rôle est est ici celui d’un chef d’orchestre et principal compositeur : Michael Collins invite en effet nombre de ses amis à participer à ses disques. Par le passé, Weyes Blood avait par exemple chanté sur Suddenly ou Honey. Peut être très prise par sa propre carrière, elle est absente de Hiding In Plain Sight, mais le casting reste impressionnant.
Tim Presley (White Fence, Drinks) côtoie ainsi Mac DeMarco (toujours dans les bons coups), Brian D’Addario (The Lemon Twigs) ou Michael Rault. La garde rapprochée de Michael Collins est aussi de la partie. Ben Schwab (Sylvie, Golden Daze), Shags Chamberlain ou Sasha Winn viennent poser des guitares, des basses et des voix. Tout ce beau monde participe à un disque réjouissant. Caressé par le généreux soleil de Californie, la musique de Drugdealer est une ode radieuse aux années soixante-dix. En neuf titres, Michael Collins ranime les ondes AM, les feuilletons quotidiens et le meilleur du soft rock. Quand Michael Collins chante, il convoque même Van Morrison et Elvis Costello (Madison, Valentine). Sa voix est dès lors d’une volupté granuleuse. Les arrangements sont soignés et organiques : quelques synthétiseurs, des pianos électriques, des saxophones, tout fleure bon les succès populaires et qualitatifs des grandes heures de l’AOR (Fleetwood Mac, Doobie Brothers…). La sitar électrique de New Fascination répond alors à Do It Again de Steely Dan. Les six premières chansons s’enchaînent à merveille. Elles développent un groove bienveillant et modéré, ne forçant jamais l’allure, comme pour mieux profiter du paysage. Picture of You avec Kate Bollinger en marque certainement le sommet. La chanson coule de source et exalte d’un hédonisme débonnaire et affable. La seconde partie de l’album s’égare parfois dans les expérimentations. To Live and Drive in LA explore un jazz-funk instrumental légèrement stérile tandis que Hard Dreaming Man s’aventure dans le country-rock. La face B s’achète sur la très funky (et excellente) Posse Cut en collaboration avec Bambina, Sacha Winn, Sedona, Sean Nicholas Savage et John Caroll Kirby. Le R&B va bien à Drugdealer et cette chanson conclut à merveille le très attachant Hiding In A Plain Sight, un album sacrément grisant dans ses meilleurs moments.