En cette fin d’année, il est plus que légitime de rendre une nouvelle fois hommage à Glenn Donaldson. Outre ses trois albums (dont le renversant You Might Be Happy Someday) et son très bel EP qui ont adouci 2020, ainsi que la magnifique reprise de The Monkees qu’il nous a offerte, il s’est aussi illustré comme un précieux prescripteur. Ainsi, c’est au détour de sa brève (mais essentielle) rubrique Failure Of All Pop sur le site Free Form Freakout que nous avons découvert le catalogue du label franciscanais Paisley Shirt et parmi celui-ci, la précieuse cassette du Free Advice de Cindy. Un disque qui a depuis reçu de nombreux suffrages dans nos rangs et ailleurs au point d’être édité en vinyle chez Mt.St.Mtn. et de profiter ces jours-ci d’une distribution européenne par l’intermédiaire du label britannique Tough Love.
Free Advice est un véritable disque de pop. Il embarque une partie de son histoire des 60s à aujourd’hui et en a toute l’évidence. Dès les premiers accords de Discount Lawyer, l’auditeur – même distrait – sait s’il aimera ou non l’album en entier. Il croira peut-être encore à la merveilleuse illusion démocratique de la pop et que l’écriture de belles chansons est à la portée de tous. Oui, on est loin de ces disques retors qui dissimulent sans cesse et qu’il faut observer longuement et à la loupe pour percer les secrets, mais pourtant… D’abord, il y a cette voix blanche, douce et mélancolique qui évoque Françoise Hardy dont le Qui peut dire ? est cité à la lettre sur Plus Ou Moins. Pour les références, on songe aussi à Marine Girls et à cet art extrêmement délicat de faire toujours plus (d’émotions, de clarté) avec le moins. Aussi, et surtout, on pense très fort à Slumber Party, ce groupe de filles des belles années du label Kill Rock Stars qui, sur ses deux albums inauguraux (Slumber Party en 2000 et le bien nommé Psychedelicate en 2001 dont le seul titre pourrait résumer les débats), avait su idéalement enlacer la douceur et le spleen. L’équilibre fragile entre la voix nonchalante de Karina Gill et l’utilisation singulière et subtile du clavier n’est pas étrangère à cette ressemblance saisissante, et rares sont les groupes qui jouent sur ce registre des soupirs qui semble pourtant si évident et, ici, dépourvu de mièvrerie. Tout cela est parfois mignon, certes, mais tellement mignon qu’on n’a aucune envie de lutter, quelque soit son âge et combien même on nous l’aurait déjà faite, car Free Advice alterne les tubes de poche et les ballades tristes – ces dernières étant forcément les plus belles – et, tout au long de ses trente-cinq minutes, on n’a de cesse de se répéter qu’on aime la pop. Peut-être même pour toujours.