Selectorama : Kevin Linn (Paisley Shirt Records)

Quelques sorties made in Paisley Shirt.

Créer un label, c’est parfois l’occasion de sortir sa propre musique. C’est le cas avec Paisley Shirt, en provenance d’outre-Atlantique, du côté de San Francisco. Vers 2013, Kevin Linn est rejoint par Nate Rogers et Alex Machock, qui jouent alors ensemble dans Volunteer Dad. Ils commencent parallèlement à sortir des cassettes d’indie pop de qualité, telles que celles de The Milky Baskets (où on retrouve Kevin), Gay Fox (où joue aussi Alex) ou The Paranoids (où officie Nate). Après quelques sorties, Nate et Alex quittent le navire pour laisser Kevin seul aux commandes. Dans le vivier des groupes Franciscains, il pêche ses idées de sorties après les concerts qu’il a vu, ou est contacté par des groupes amis. Certaines formations lui envoient également des démos, et il met du cœur à l’ouvrage, écoutant tout ce qu’il reçoit, en bon stakhanoviste de la bande magnétique.

Kevin Linn
Kevin Linn

Ce qui est fascinant chez Paisley Shirt, c’est la quantité de sorties émanant des mêmes scènes, de la même niche, mais qui sont parfois si différentes les unes les autres. Par exemple Hits, découvert par ici grâce à Xavier Mazure au détour d’un Sous Surveillance qui leur était consacré, vient de Oakland et propose une pop influencée par des formations telles que Liliput ou The Raincoats : le son craque, est anguleux. On avait aussi évoqué ici en mai Tiny Shapes de R. E. Seraphin et sa « pop de barre chocolatée », comme disait Matthieu Grunfeld. Alors que Sad Eye Beatniks se seraient nourris des Television Personalities et des Clean, Cindy, quant à eux, incarnent la mélancolie et produisent une dream pop sombre et atmosphérique avec leur album Free Advice. Sans être nostalgique, et sans parler du coût de fabrication, il est fun et rapide de sortir des cassettes, et selon Kevin, l’immédiateté de l’objet, le fait de pouvoir la dupliquer quasiment à l’infini font qu’il y a bien plus de saveur dans ce petit objet qu’un vulgaire lien internet. A l’heure des bilans de l’année ou l’on risque de retrouver quelques-unes de ses sorties dans nos classements, plongeons-nous dans la malle aux trésors de Mr Linn. A travers dix titres d’une autre époque ou de maintenant ; des groupes locaux, de Nouvelle Zélande ou d’ailleurs, qui pour certains font partie de ses premiers émois musicaux.

 
1. The Cure, Grinding Halt (1979)
 
The Cure ont été ma vraie introduction à la musique alternative. Grinding Halt finit d’incarner un son que je chercherais encore et toujours : une ligne de basse dynamique, des guitares claquantes et tranchantes, et un amateurisme british prononcé.

2. Buba & The Shop Assistants, Something To Do (1984)

Celui-ci est le genre de single que j’ai cherché le plus longtemps. Naïf, découragé, et un peu en colère sur un sujet dont on connait tous plus ou moins un rayon.

3. The Only Ones, Flaming Torch (1979)

Venus de Television, Spanish Harlem Incident de Bob Dylan, I’m Waiting For The Man des Velvet Underground, Outdoor Miner de Wire, et Flaming Torch des Only Ones sont dans le top 10 de mes chansons préférées de tous les temps.

4. Rays, Earthquake (2017)

A l’époque où ils étaient ensemble, c’était mon groupe préféré de toute la Bay Area. Pas du genre a être éffrayés d’accoupler un craquement de guitare et un roulement de batterie à des mélodies entraînantes. Jamais trop pop, jamais trop punk ; tout ce que j’aime.

5. Meat Puppets, Big House (1981)

Comme une prise frénétique et Beefheartienne d’un morceau de The Notorious Byrd Brothers. Ce titre ne vient pas du grand album II des Meat Puppets, mais il donne l’exemple de la nature au-delà du dingue de leurs premiers morceaux.

6. The Clean, Big Cat (1990)

Le morceau vient d’un de mes albums préférés de tous les temps, Vehicle. Il met en valeur un des titres les plus upbeat de l’album : un pétillant rythme de guitare qui explose au dessus de ce merveilleux riff central, avec en plus un chorus très catchy.

7. Mope Grooves, Smashed Landscape (2019)

Reward de Cate Le Bon et Desire de Mope Grooves ont été mes albums préférés en 2019 – je crois que Gang Laughter de Preening était classé troisième. Peu importe ce qu’advienne l’équipe de See My Friends Records, elle est au-delà de quoi que ce soit dans toute autre scène, même à Oakland, et même à Melbourne. Claviers surgelés, komische batterie, on pourrait appeler ça des « spacious lockgrooves » en terme d’enregistrements lo-fi.

8. The Raincoats, Life On The Line (1979)

L’album éponyme des Raincoats est génialement arty et en colère, avec des griffures de violons, des lignes de basse bondissantes, une reprise des Kinks, un son de caisse claire très pur, et des paroles incroyables par Ana Da Silva et Gina Birch.

9. Small Faces, Song Of A Baker (1968)

Ogden’s Nut Gone Flake n’est pas There Are But Four Small Faces, mais Song Of A Baker est l’une de ces chansons parfaites des Small Faces. Chacun des quatre Small Faces font ce qu’ils savent faire, et de la meilleure manière.

10. 13th Floor Elevators, I Had To Tell You (1967)

Un magnifique rayon de lumière dans l’un des plus beaux albums de l’époque : Easter Everywhere.

Les productions Paisley Shirt Records sont toutes en écoute sur leur bandcamp.

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