Barcelone fut l’un des grands épicentres de la révolution rock ibérique. Après la vague beat des années 60, les groupes underground trouvèrent, dans la décennie suivante, une communauté active et dynamique dans la capitale catalane. Toti Soler fut de toutes ces aventures. Né à Vilasar de Salt, pas loin de Mataró, à une vingtaine de kilomètres de la ville de Gaudí, en 1949, le jeune guitariste suit un cursus classique. Cela l’amène au conservatoire de Barcelone ou au Spanish Guitar Center de Londres. En parallèle il joue dans des groupes pop catalans. D’abord, il obtient énormément de succès avec Pic-Nic, formation internationale (des Vénézuéliens, une Anglaise des locaux) qui connaît un gros succès national avec le classique Cállate niña en 1967. Cette chanson folk-rock délicate lance la carrière de Jeanette mais aussi celle de Toti Soler et son camarade Jordi Sabatés. Continuer la lecture de « Toti Soler, Idem aka El Gat Blanc (Edigsa, 1973) »
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Jeffrey Foskett et Nelson Bragg, garçons de plage
Deux rétrospectives de musiciens dans la lignée des Beach Boys sortent en cette période de deuil de Brian Wilson.
C’est étrange mais le travail du deuil a ceci de commun avec celui de la découverte qu’il s’opère souvent par à-coups successifs. Depuis le 11 juin, les souvenirs resurgissent ainsi, de temps à autre, par grappes agglomérées, au gré des ramifications de la mémoire, semblables en cela à la manière dont s’entrebaillaient, il y a longtemps, les portes des premiers émerveillements. En effet, si les Beach Boys ont été si importants dans notre éducation musicale, c’est notamment parce qu’ils ont été le premier groupe, dont la grandeur s’est révélée comme on perce progressivement une succession de mystères et de secrets concentriques. Celui pour lequel – plus que pour tous ses concurrents contemporains – la passion musicale grandissante s’est apparentée à une expédition spéléologique au cœur d’un réseau galeries dont il s’agissait d’identifier, étape par étape, les connections enfouies. Derrière la face émergée et saillante – ces tubes charmants mais un peu désuets qui baignaient déjà l’enfance – on commençait ainsi par apercevoir Pet Sounds (1966) puis, au moment de la publication de ce fameux coffret rétrospectif de 1992 (Good Vibrations –Thirty Years Of The Beach Boys, le premier objet discographique de cette importance acquis avec le tout premier salaire d’adulte), les bribes du naufrage admirable et tragique de Smile (1967). De là, il devenait possible de cheminer plus loin, vers les lueurs de Sunflower (1970) ou de Surf’s Up (1971) et d’y deviner, au-delà des obscurités intermittentes du génie à éclipse de Brian Wilson, l’éclat parfois tout aussi éblouissant du talent de ses frères.
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Nino Ferrer, Best Of (Barclay, 2017)
Nino Ferrer est, à bien des égards, une figure incomprise de la variété française. Lui même s’est toujours perçu comme étant à la marge, non sans raisons. Né à Gênes, en Italie, en 1934, bassiste, il enregistre ses deux premiers 45 tours dans le groupe de Richard Bennett, les Dixie Cats, dans une veine jazz Nouvelle Orléans (Jelly Roll Morton, Sidney Bechet), à la fin des années 50. Au début de la décennie suivante, il s’éprend de R&B nord-américain (Stax, Atlantic) et rejoint (toujours par l’intermédiaire de Richard Bennett) le groupe de Nancy Holloway. Pendant ses concerts, la chanteuse américaine lui laisse l’occasion d’interpréter une ou deux chansons. Continuer la lecture de « Nino Ferrer, Best Of (Barclay, 2017) »
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Sly and The Family Stone, There’s a Riot Goin’ On (Epic, 1971)
Le 9 juin 2025, Sly Stone rejoignait les étoiles, quelque part dans l’espace. Avant cela, le chanteur / producteur / disc-jockey avait fait de sa Family Stone, un des monuments de la soul et du funk des années 60-70. Paradoxalement, l’apogée du groupe fut d’assez courte durée, quelques années, même pas une décennie. Resserré certes, mais quel parcours ! Entre 1967 et 1971, Sly and the Family Stone enchaîne les classiques, de ceux à vous donner encore des frissons, un peu plus de cinquante ans plus tard. Le parcours ne fut cependant pas sans embûches. Sylvester Stewart se fait d’abord un nom à San Francisco, pour lui même. Originaire de Denton dans le Texas, il grandit à Vallejo en Californie du Nord. Continuer la lecture de « Sly and The Family Stone, There’s a Riot Goin’ On (Epic, 1971) »
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Violens, True (Slumberland, 2012)
Les années 2010 s’éloignent progressivement. Elles partent rejoindre les limbes de nos mémoires, à quelques encablures du changement de millénaire. Le journalisme musical est un exercice particulier, il ne connaît que l’immédiat et le passé, si possible distant d’au moins deux décennies. Que faire des albums perdus dans le purgatoire, entre l’actualité et l’ancien temps ? Intéressons nous aujourd’hui à l’un de ces olibrius, pas assez vintage pour être réhabilité et porté aux nues : True (2012) de Violens. Paru il y a déjà treize ans, il semble plongé dans cet entre-deux où la réhabilitation ne va intéresser que les plus zélés. C’est souvent un tort, tant certains de ces albums sont des disques à chérir, bien au-delà de leur période de création. Continuer la lecture de « Violens, True (Slumberland, 2012) »
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The Pale Fountains : The Complete Virgin Years (Cherry Red Records)
L’arrivée de ce coffret est un miracle. Michael Head a toujours mené la vie dure à une industrie du disque qui lui a pourtant tendu les bras… Il a toujours refusé d’ouvrir le coffre-fort des Pale Fountains et a autorisé des rééditions de Pacific Street (1984) et de …From Across the Kitchen Table (1985) sans aucun inédit donc sans grand intérêt. Depuis le démantèlement des Pale Fountains en 1985, les fanatiques de la période bénie de Michael Head se contentent d’une trentaine de morceaux et de deux pochettes de disques. La publication de The Pale Fountains : The Complete Virgin Years chez Cherry Red Records met donc fin à une famine qui dure depuis plus de trente ans. Continuer la lecture de « The Pale Fountains : The Complete Virgin Years (Cherry Red Records) »
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Alaska y los Pegamoides, Grandes Éxitos (Hispavox, 1982)
La Movida madrilène a animé frénétiquement l’entrée en démocratie de l’Espagne après la dictature franquiste. Cinéma, arts plastiques et musique : pendant quelques années, Madrid fut un peu le centre du monde. Ces saisons marquèrent profondément la création ibérique. Au milieu du maëlstrom, une place de choix doit être accordée à la lignée Kaka de Luxe – Alaska y los Pegamoides – Parálisis Permanete – Alaska y Dinarama. En quelques années, la bande espagnole vibre du punk jusqu’à la new wave la plus moderne. l’histoire démarre en 1977 avec la formation Kaka de Luxe. Si celle-ci ne publie qu’un seul EP de son vivant (auquel il faut ajouter un album posthume), le groupe suscite des vocations. Fragilisé par des départs au service militaire, Kaka de Luxe disparait en 1979, non sans donner naissance à une nouvelle formation : Alaska y los Pegamoides. Continuer la lecture de « Alaska y los Pegamoides, Grandes Éxitos (Hispavox, 1982) »
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The Young Sinclairs, Chimeys (2010, Chimney Sweep Records)
Depuis le milieu des années 2000, les Young Sinclairs sont l’un des trésors les mieux cachés de la scène indépendante nord-américaine. Installés à Roanoke (Virginie), ces héritiers de la Nuggets explorent mille teintes de folk-rock, allant des Byrds jusqu’au baggy, en passant par la jangle pop. Ils fêtent leur vingt ans d’existence. Au cours des années, le line-up a changé. Le groupe se forme autour de Daniel Cundiff (Eternal Summers), John Thompson et Samuel Jones Lunsford (Stimulator Jones), s’y joindront, Joe Lunsford ou Kyle Harris. Si le groupe n’a jamais eu son moment avec la presse musicale généraliste ou le grand public, les Young Sinclairs ont entraîné dans leurs sillons, une communauté d’amateurs à travers les pays et continents. Continuer la lecture de « The Young Sinclairs, Chimeys (2010, Chimney Sweep Records) »