Le réalisateur de « Petite Fille », actuellement diffusé sur Arte, parle de ses liens avec la musique.
Sébastien Lifshitz
De cette année artistiquement mise sur pause, il est malgré tout sorti de très belles choses. Ainsi, le réalisateur Sébastien Lifshitz a présenté cette année deux films, tous deux bouleversants et salués par la critique, le premier au Festival de Locarno et le second à la Berlinale 2020. Sorti sur les écrans en septembre, Adolescentesdonne à voir la trajectoire de deux jeunes filles, Emma et Anaïs, suivies par le documentariste pendant 5 ans. C’est un film exceptionnel, une captation d’une justesse folle de ce qu’est l’adolescence, cette période où tout change et où tout vibre autrement. Dans Petite Fille, diffusé sur Arte, Lifshitz filme Sasha, petite fille née garçon. Tout y est déchirant, la parole de ses parents, les réactions d’une société qui peine à sortir de ses archaïsmes et, bien entendu, le regard de la petite Sasha, inoubliable. Dans les deux cas, l’élégance de la mise en scène et le choix parfait de la musique sont mis au service d’une émotion profonde et intense dont on ne sort pas indemne. Continuer la lecture de « Selectorama : Sébastien Lifshitz »
« A Bright Light, Karen and The Process » d’Emmanuelle Antille
Disparue en 1993, dans sa maison de Woodstock et dans l’anonymat le plus complet, Karen Dalton n’aura finalement laissé qu’une très maigre discographie, puisque celle-ci ne comprend que deux albums officiels, It’s So Hard to Tell Who’s Going to Love You the Best(1969), son chef-d’œuvre, In My Own Time (1971), un disque plus inégal (même s’il contient la meilleure version connue du classique folk Katie Cruel), ainsi qu’une poignée de home recordings, sortis après sa mort et de plus ou moins bonne qualité. Pourtant, si modeste qu’elle soit, cette discographie aura suffi à transmettre l’essentiel, c’est-à-dire l’empreinte d’une voix unique, que beaucoup ont comparée à celle de Billie Holiday et qui, abîmée par l’alcool, les drogues et la vie, donne souvent le sentiment d’avoir affaire à une vieille âme ayant traversé les âges pour s’échouer dans une époque où elle n’aura, in fine, jamais vraiment réussi à trouver sa place.
Le rap français est en pleine séquence #BalanceTonRappeur avec des accusations contre Moha La Squale et Roméo Elvis, qui ne doivent pas faire oublier a contrario que Patrick Bruel et Luc Besson sont toujours considérés parmi le grand public comme respectables. Prolongement de la websérie documentaire Touche française de Jean-François Tatin écrite avec le multi-talentueux Guillaume Fédou (chanteur, journaliste et auteur), les 11 épisodes d’une durée de 5 à 7 minutes de French Game convoquent le renfort éditorial d’Azzedine Fall, ancien rédacteur en chef musique des Inrocks devenu juste après pour un temps directeur artistique d’une grosse maison de disques française, et de la voix off de Sophie Marchand de Radio Nova, en revenant sur autant de titres sortis entre 1990 et 2016, considérés ici comme emblématiques de leur époque. Bien sûr, il y avait déjà du rap en France avant 1990, mais minoritaire et quasiment invisible au niveau médiatique hors le magazine Actuel et sa Radio Nova autorisée en 1981. Les années 1990 vont consacrer l’hexagone comme le second marché du rap après les États-Unis. Pour une fois que la France n’est pas à la traine… Une situation somme toute surprenante que Tatin, Fall et Fédou ne se proposent pas d’éclaircir, et ne comptez pas sur moi non plus pour me lancer ici dans une telle entreprise. Continuer la lecture de « Musical Ecran 2020 : « French Game » de Jean-François Tatin »
A moins d’être né aux États-Unis dans les années 70 ou d’être fan de Dire Straits, la phrase I Want My MTV ne vous dira rien.C’est le slogan de la première campagne de publicité virale, orchestrée par une bande de passionnés de rock et de télévision, qui décidèrent à la fin des 70s que la musique ne se devait plus uniquement d’être écoutée mais également vue. C’est aussi le titre du documentaire réalisé par Tyler Measom et Patrick Waldrop qui retrace la naissance de la chaîne, depuis le premier «videoclip» jamais réalisé, (Mike Nesmith, ex-Monkees) jusqu’à la création de The Real World, première émission de télé-réalité non-scriptée sur un groupe de jeunes gens vivant ensemble dans une maison. Continuer la lecture de « Musical Ecran 2020 : « I want my MTV » de Tyler Measom et Patrick Waldrop »
Soit vous saisissez immédiatement tout ce qu’englobe le terme justement synthétique de “synthwave” et vous vous réjouirez d’apprendre qu’un jeune réalisateur espagnol s’est efforcé d’en retracer les contours. Soit vous avez connu de près ou de loin les années 1980 et vous serez curieux d’apprendre qu’elles n’en finissent plus de fasciner les plus jeunes générations sous forme d’internationale underground favorisée par internet et les réseaux sociaux. Continuer la lecture de « Musical Ecran 2020 : « Rise of the synths » de Ivan Castell »