Les fantômes sont des morts mal enterrés. C’est, en tous cas, ce qu’affirment certains interprètes autorisés des mécanismes complexes du refoulement psychique. Et c’est ce fil que l’on s’attache à suivre en relançant, au fil des écoutes, leur interrogation féconde : de quelles tombes incomplètement scellées ont bien pu resurgir ces neuf Ghost Songs qui nous hantent sans relâche depuis l’instant saisissant de la première découverte ? Continuer la lecture de « Blasco, Ghost Songs (autoproduit) »
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Hibou, Halve (Barsuk Records)
S’il ne s’agit pas de reprendre toute une dialectique opposant l’inconséquent à l’important, laissez-moi toutefois en dire deux mots. Polarisés depuis quelques années autour de disques intello et glitchy, les maîtres du bon goût américains nous ont appris à nous intéresser entre une ou deux heures aux artistes qui, selon les formules, révolutionnent la pop, l’emmènent là où elle n’avait jamais été, métabolisent la culture etc. Ce sont des disques importants et j’opine dans les dîners. « Ah oui Yves Tumor, Billie Eilish, passionnants, oui. »
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Versing, 10000 (Hardly Art)
Le leader de The Blank Tapes, Matt Adams, évoquait l’an dernier en interview l’influence de la perpétuelle chaleur californienne sur sa musique et supposait, chez les artistes, une sensibilité particulière aux conditions météorologiques. A sa solaire Cité des Anges il opposait un autre berceau musical de la côte Ouest… : « A Seattle ils ont la scène grunge. Tout le monde baigne dans cette atmosphère pluvieuse, lugubre, et je pense que cela se reflète dans leur musique, qui exprime des émotions différentes. » Ce n’est pas aujourd’hui que l’on infirmera la théorie : le vacarme de Versing annonce l’orage.
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Collection été-été : quelques notes sur quelques nouveautés
Comme beaucoup, j’ai fondu sur mon canapé. Comme peu, j’ai finalement aimé ces fortes chaleurs qui m’ont assommé au point de dormir comme un saluki ou un fennec victorieux (et viva l’Algérie). Mes périodes d’endormissement m’ont comme toujours porté conseil sur quelques disques qui ont défilé sur mes platines, CD et vinyle, dans la moiteur de l’été. Continuer la lecture de « Collection été-été : quelques notes sur quelques nouveautés »
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Décibelles, Rock Français, 2019 (Deaf Rock)
I. A Strasbourg, il y a quelques années, il y avait un groupe étonnant qui s’appelait Enregistré Par Steve Albini. C’était un peu pour se moquer des groupes qui allaient enregistrer chez Steve Albini. La légende locale dit que la démo d’Enregistré Par Steve Albini a atterri chez Steve Albini qui leur a proposé d’enregistrer chez lui, mais finalement Enregistré Par Steve Albini n’a pas voulu enregistrer chez Steve Albini, vous me suivez ? Tout ça pour dire que le disque de Décibelles a été enregistré par le roi du poker à Electrical Audio et mastérisé par Bob Weston : on y entend cette mise en son signée, théorisée il y a longtemps sur la pochette d’At Action Park de Shellac et énoncée en trois points : le temps (caisse claire assommante), la masse (la basse caoutchoutée) et la vélocité (la guitare tranchante). Continuer la lecture de « Décibelles, Rock Français, 2019 (Deaf Rock) »
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Caterina Barbieri, Ecstatic Computation (Editions Mego)
Lors de son passage parisien à l’occasion de l’édition 2019 du festival Présences électroniques, Caterina Barbieri a pu confirmer ce que l’on pressentait d’un travail tout entier dédié aux « effets psycho-physiques de la répétition » et à l’exploration des « opérations basées sur des patterns » : approfondir une ligne minimaliste qui aujourd’hui fait figure de passage obligé pour tout un pan des musiques électroniques contemporaines, qui se caractérise par un travail sur la séquence prise comme matrice d’une logique de variation, de recomposition et décomposition du motif sonore. Une pratique de l’arpeggiateur notamment, qui fait penser au New Age typique des 80’s (certains travaux de Suzanne Ciani en tête). Déjà, avec Patterns of Consciousness, sorti en 2017 chez Important Records et qui a imposé Caterina Barbieri comme l’une plus importantes représentantes de la nouvelle garde néo-ambiant, l’ambition esthétique était clairement perceptible, insistant sur l’automatisation comme contrainte pour la composition. Continuer la lecture de « Caterina Barbieri, Ecstatic Computation (Editions Mego) »
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Purple Mountains, Purple Mountains (Drag City/ Modulor)
On ne pourra pas dire qu’il ne nous a pas prévenu. Pour son retour après dix années d’absence, David Berman a balancé un titre sous forme de profession de foi abandonnée, All My Happiness Is Gone. On regrettera simplement que l’intro dudit scopitone soit absente du disque final, car elle avait une texture d’abandon et de tristesse dont seuls les soixante treize fans des Supreme Dicks (moi inclus) ont du saisir la vraie teneur, l’enchainement avec le morceau (un futur classique à n’en point douter, je me trompe rarement) arrangeant d’ailleurs tout le monde et tout cela dans une belle harmonie disjointe et avec une nappe de synthé new wave pas si incongrue. Continuer la lecture de « Purple Mountains, Purple Mountains (Drag City/ Modulor) »
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The Lunar Laugh, Goodnight Noises Everywhere (Kool Kat Musik/You Are The Cosmos)
Est-ce pour mieux s’aligner sur les festivités musicales institutionnalisées dans nos contrées ou, plus vraisemblablement, sur la survenue des premières chaleurs estivales ? Toujours est-il que la publication de ce troisième album de The Lunar Laugh le 21 juin dernier semble correspondre à la perfection avec le solstice de saison. Contrairement à ce que suggère son patronyme nocturne – emprunté, pour l’anecdote érudite, aux péroraisons astrologiques de l’album Cosmic Sounds de The Zodiac (1967)- le quatuor d’Oklahoma City propose en effet une réinterprétation résolument radieuse d’une tradition musicale dont les sources principales demeurent ancrées dans les années 1970. Continuer la lecture de « The Lunar Laugh, Goodnight Noises Everywhere (Kool Kat Musik/You Are The Cosmos) »