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Gelli Haha, Switcheroo (Innovative Leisure)

Switcheroo Gelli HahaGelli Haha est le nom du projet de la musicienne Angel Abaya, une musicienne originaire de Boise, dans l’Idaho, où elle a fait un peu de rock ou de folk-rock. Son album Switcheroo a été enregistré un an et demi peu après son déménagement à Los Angeles, avec Sean Guerin (De Lux) et sorti sur Innovative Leisure, le label d’Hanni El Khatib. Disons le tout de suite, c’est un petit trésor. Un album de synth pop, d’indie pop chatoyant, beau et original. C’est un concentré de mélodies servi par une délicieuse instrumentation inspirée, pour l’essentiel, des années 1980 : effusion de sons de synthés virevoltants et voluptueux qui rappellent Moroder, la synth pop, l’italo disco même, exagérée, extatique. Continuer la lecture de « Gelli Haha, Switcheroo (Innovative Leisure) »

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Michel Cloup Trio, Catharsis en pièces détachées (Ici d’ailleurs)

« T’entends la sirène,
est-ce que tu l’entends la sirène ? »

De la cave d’un kebab à Paris où il jouait sous alias super héros aux commémorations de la maison de disques Lithium il y a quelques années, on peut dire qu’on a construit sans le savoir une relation au long cours : de son côté, la carrière d’un musicien avec ce que ça comporte de péripéties, les groupes du départ, l’adolescence flamboyante, torse bombé, tête tourmentée de doutes plus ou moins cachés, amitiés compliquées obligées, changements violents du jour au lendemain et puis construction pas à pas, au jour le jour d’un métier, le truc du romantisme qui s’évapore pour laisser place aux constats intimes, politiques et collectifs qui vont nourrir le moteur d’une œuvre à nulle autre pareil (sinon quoi), l’entrainant jusqu’à aujourd’hui. De mon côté, la place du mort, enfin du spectateur, de l’auditeur, du groupie, de celui qui toise, qui jauge, qui accumule informations, suppositions, émotions, rejets parfois tel un biographe non officiel, en toute clandestinité. Avec pour point de départ ce transfert originel sans doute : est-ce que cette vie aurait pu être la mienne ? Spoiler, non. Continuer la lecture de « Michel Cloup Trio, Catharsis en pièces détachées (Ici d’ailleurs) »

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Èlg et la Chimie, Immense éboulis rouge (Murailles Music / République des Granges)

Èlg et la Chimie, Immense éboulis rouge (Murailles Music, République des Granges)

« Un wagon bouge à peine,
l’autre wagon fait la fête »

Purée, mais quel disque. Ce sont les premiers mots qui me sont venus très naturellement alors que je jonglais hier entre le semainier de l’arrière-magasin – lister, trouver les liens, agencer les titres pour trouver un sens, un message à l’amie Clara de Paris Banlieue et l’écriture d’un texte sur un autre disque (qui devait prendre place ici mais qui est du coup un peu reporté). La chanson Hypnose brève que j’avais placée dans le peloton de la semaine s’est mise en boucle sans que je m’en rende compte et a interrompu ce petit ballet dominical. Sans doute que je voulais être un peu sûr, c’est plus de 6 minutes quand même, pas vraiment un truc pop. Après cette écoute répétée inattendue, j’ai tout laissé tomber pour visiter le bandcamp d’Èlg et la Chimie. Continuer la lecture de « Èlg et la Chimie, Immense éboulis rouge (Murailles Music / République des Granges) »

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J’Aime, Anachronistic d’Amour (Jabalina)

Cinq ans, on ne s’en rend jamais bien compte, mais ça représente vraiment quelque chose – même si à l’échelle des fans de My Bloody Valentine, ça n’est toujours qu’une broutille (mais qu’importe en fait, puisque comme album dit « à guitares », Pornography avait déjà plié le game très exactement neuf ans et sept mois plus tôt). Cinq ans, donc. Ce sont, par exemple, les années passées à l’école élémentaire – où vous arrivez sans savoir lire et dont vous sortez dorénavant avec de la presque moustache. Cinq ans, oui. Soit 2020, une année où le COVID est encore réalité, où les Vinzelles n’existent pas, où je ne sais pas que je vais vivre une nouvelle expérience professionnelle – et d’autres nouvelles aventures aussi (et pas des moindres) –, une année où Martin Duffy et Terry Hall sont encore en vie, une année où je ne connais pas encore réellement Nicolas Sauvage – qui n’avait d’ailleurs publié que deux livres ! –, où ma fille est encore collégienne, mon fils encore en primaire et le PSG encore la risée de l’Europe footballistique (et oui, vous avez raison : il y a une vraie pointe de nostalgie dans ces derniers mots-là).

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Nathan Roche, 35 rue du Théâtre (Celluloid)

France, terre d’asile. J’ai lu, je ne sais plus où (ou alors mon cerveau malade l’a inventé) un truc marrant : les dauphins que les hommes peuvent approcher sont parait-il, les parias de leur société. Ils ont été rejetés par leur communauté de dauphins, et c’est pour ça qu’ils recherchent de la compagnie auprès des hommes. Sinon, un vrai dauphin dauphin, intégré, impossible de l’approcher, tintin, walou. Je ne sais plus où je voulais en venir, si, bon, appliqué aux humains, c’est un peu bizarre mais ça marche. Une copine née au Japon est venue habiter en France, parce qu’elle ne supportait plus la façon dont les hommes là-bas la traitaient. Elle se sent vachement plus française, en fait. Elle est batteuse de jazz et s’épanouit loin des bureaux funestes aux mains baladeuses de son pays. France terre d’asile donc. Nathan Roche, on peut le voir comme ça, il perpétue cette tradition de réfugié rock’n’roll, de gars plus (re)connu chez nous que chez lui. On peut remonter aux jazzmen qui venaient passer ici un temps de liberté, alors que leur pays, les States, avaient plutôt une façon raciste de les persécuter. Ou moins loin dans le temps, une maison de disques comme New Rose qui accueillait les œuvres de parias bien aimés ici, Arthur Lee, Alex Chilton, Bruce Joyner, la liste est longue, en phase terminale de leur carrière. Bon, c’est moins tragique pour Nathan, mais il y a quelque chose de cela. Continuer la lecture de « Nathan Roche, 35 rue du Théâtre (Celluloid) »

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The Autumn Defense, Here And Nowhere (Yep Roc Records)

The Autumn DefenseIl y a ces deux albums publiés à quelques semaines d’intervalle, coup sur coup, mais tellement différents. Difficile pourtant de résister à la tentation comparative puisqu’ils apparaissent simultanément comme deux surgeons d’un des groupes américains les plus importants du début de ce siècle. Twilight Override de Jeff Tweedy est un triple album – ce seul constat factuel pourrait fort bien suffire à écluser le sujet –  rempli jusqu’à saturation des fragment d’introspection sur l’état dramatique de l’époque et d’ébauches musicales capturées sur le vif, dans une forme de profusion éclectique et d’inachèvement spontané qui n’exclut ni les coups de génie, ni les fausses pistes. Here And Nowhere de The Autumn Defense – ce groupe formé il y a vingt-cinq ans par John Stirratt et Pat Sansone, en marge de leurs activités d’instrumentistes au sein de Wilco – contient tout simplement onze chansons douces, mélodieuses, arrangées avec soin et classicisme, qui parlent le plus souvent de l’amour et du temps qui passe. Toute honte bue, je crois que j’éprouve davantage de plaisir à écouter – et même réécouter trois fois de suite, pour rééquilibrer la balance – le second. Continuer la lecture de « The Autumn Defense, Here And Nowhere (Yep Roc Records) »

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Alex G, Headlights (RCA Records)

Deux mois, c’est le temps qu’il m’aura fallu pour digérer le nouvel album de celui dont je pensais ne jamais pouvoir être déçue ; car je crois que c’est de la déception que j’ai ressentie cet été en écoutant le reste de Headlights. Les singles parus les semaines précédentes Afterlife et June Guitar en particulier m’avaient fait l’effet habituel lorsqu’il s’agit d’Alex G : déroutants d’abord, puis obsédants ensuite. Mandoline, banjo, accordéon, le folklore organique de Rocket (2017) était là, les effets de voix et autres bizarreries de House of Sugar (2019) ou God Save the Animals (2022) aussi, le tout dans une énergie accrocheuse.

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Jessica93, 666 Tours de périph’ (Born Bad Records)

« Nique sa grosse mère »

Division ruine. On avait plus qu’une intuition que la maison de disques au coq pas sportif savait y faire quand il s’agissait de solder les comptes du passé. On ne parle pas ici des compilations rétrospectives qui jalonnent la discographie de Born Bad avec un aplomb après-nous-le-déluge, mais de cette volonté écrite à l’encre sympathique d’essayer d’encapsuler un genre plus ou moins issue de la sauvagerie et de la liberté des sous-sols punks et associés des 20 dernières années. Ce non-mouvement a fait déferler depuis Metz, disons, et sur tout le pays des hordes de groupes sans lendemain mais aux disques importants suivis par des aventures plus ou moins solo picaresques (Marietta, Usé, Ventre de Biche, Heimat, Zad Kokar, Theoreme….), avec certains déjà pris dans les filets (de sécurité). Continuer la lecture de « Jessica93, 666 Tours de périph’ (Born Bad Records) »