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Piroshka, jeudi 25 avril à Paris

Piroshka
Piroshka / Photo : Eric Perez

« Oh la la, je ne t’aurais jamais reconnu ! », me lance la compagne d’un ami perdu de vue depuis vingt et quelques années, alors qu’à ses côtés, leur fille arbore du haut de ses dix ans le tee-shirt rouge d’un groupe que j’ai côtoyé plus que de raison (mais c’était pour de bonnes raisons). Entre nous, je ne sais pas très bien comment j’aurais dû prendre la remarque – mal, sans doute. Mais entre nous, toujours, nous n’étions pas là pour ça – prendre mal les choses. Quelques minutes auparavant, mes amis et moi étions accoudés au bar du pub le Backstage, lieu voisin du Moulin Rouge et de La Machine (l’ancienne Locomotive où deux membres du groupe que nous allions voir ce soir avaient joué à la fin du siècle dernier), et qui tout au fond, dissimule une salle de concert vraiment bien fichue, pouvant sans doute accueillir pas loin de 300 personnes. Elle n’est pas bondée ce soir-là, et c’est sans doute un peu décevant. Car ce n’est pas un soir tout à fait comme les autres. Continuer la lecture de « Piroshka, jeudi 25 avril à Paris »

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Nos années cassette #1

Photo : Christophe

Quand Section 26 m’a demandé à la fin de l’année dernière quel serait mon espoir pour 2019, j’ai spontanément répondu : “voir Tears For Fears en concert”. J’ignorai totalement que le groupe tournerait en 2019, et l’excitation de cette découverte a rapidement été modéré par la découverte du prix du billet. Mais surtout : ce que j’attendais de Tears For Fears (à savoir qu’ils rejouent l’intégralité de leurs deux premiers albums) allait-il correspondre à ce que j’allais voir sur scène ? J’ai hésité jusqu’au dernier jour, et j’ai préféré ne pas confronter mon rêve à la réalité. Le lendemain, par curiosité plus que par regret, j’ai tapé “Tears For Fears Bercy 2019” sur Youtube, et j’ai découvert qu’un spectateur avait filmé pas loin de 45 minutes du concert. J’ai donc pu avoir une idée de ce que j’avais raté. En 1985, Youtube n’existait pas et j’avais trouvé un autre moyen de jeter une oreille sur le concert que le groupe avait donné la même année au Zénith. Continuer la lecture de « Nos années cassette #1 »

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Sensitive – The Field Mice

17 secondes qui ont changé ma vie

Borrowed Time de Jules Bishop (2012) / BBC Films

Je n’ai jamais su pourquoi cet endroit s’appelait Le Magique. Car de magique, il n’y avait guère que les petites pilules hilares qu’on pouvait y acheter au-dessus de la cabine du DJ qui méritaient ce nom. Mais cela sonnait bien, c’était comme une promesse au milieu de cette non-zone de parkings, de feux rouges, de câbles téléphoniques et électriques située à la frontière entre ma ville et la ville – Grenoble –, entre ma jeunesse et ce qui arrivait, un peu trop vite. Un carrefour traversé de lignes dont on ne savait d’ailleurs pas trop où elles pouvaient mener, mais que j’étais prêt à suivre, à n’importe quel prix. Continuer la lecture de « Sensitive – The Field Mice »

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Slow Emotion Replay – The The

17 secondes qui ont changé ma vie

On ne dit pas adieu comme on dit bonjour. Non. On n’abandonne pas un bout de sa vie comme on accueille le facteur. A moins, peut-être, de s’appeler Marc Almond, de n’avoir jamais su faire la différence entre sa joue gauche et sa main droite, et de présenter la claque et la bise comme des siamoises de cabaret lorsqu’il chante Say Hello, Wave Goodbye avec Soft Cell. Mais c’est une autre histoire. Celle qui nous occupe commence il y a vingt-six ans, à Londres, lorsque je découvre Slow Emotion Replay sur l’album Dusk de The The, le deuxième et dernier disque qu’enregistrera Johnny Marr, l’ancien guitariste des Smiths, avec l’Anglais Matt Johnson, sorte de Tom Waits égaré au rayon fournitures scolaires d’un Sainsbury’s. Continuer la lecture de « Slow Emotion Replay – The The »

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Notre Silence

mark hollis

C’est un début de soirée de décembre, décembre 1996, c’est le mariage d’un ami, nous sommes jeunes et nous savons nous amuser. Le mariage est en deux parties, un repas puis un dîner avec de la danse, comme souvent. Entre ces deux grands moments d’amusement, nous faisons un saut chez Rough Trade, puisque presque un mois avant sa sortie officielle fin janvier 1997, le magasin parisien propose déjà à la vente plus ou moins sous le manteau, les premières copies vinyle de Homework, le tant attendu premier album de Daft Punk.

Un bel événement au milieu d’un autre, des mariages (et donc, un peu plus tard, des divorces) il y en aura d’autres, d’aussi bons disques de Daft Punk, c’est moins évident. Continuer la lecture de « Notre Silence »

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La groupie du bassiste

Peter Hook Memorabilia

The Peter Hook Signature Collection.

Le 26 décembre dernier, Peter Hook expliquait au magazine Rolling Stone pourquoi il avait décidé de vider son garage et de mettre en vente la majeure partie de ses souvenirs liés à Joy Division : « J’ai assisté à la mise en vente de la maison de Ian Curtis et à la mise en vente de la table de cuisine de Ian Curtis. Les gens sont prêts à se battre pour ça, et j’ai l’impression d’être comme un roi enfermé dans son château en train de compter son or. » La vente aura lieu le 2 mars prochain et un catalogue peut être commandé par correspondance, pour la modique somme de 12 livres sterling (20 livres si vous le préférez signé) – frais de port non compris.

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Birds in Cages – Eggstone

17 secondes qui ont changé ma vie

Torikago, gravure de Shiro Kasamatsu

Il n’est évidemment pas question d’oiseaux dans Birds in cages, la troisième chanson de Vive la différence !, petit chef-d’œuvre publié par les Suédois Eggstone au cœur de l’hiver 1997. Comme c’est souvent le cas en matière de musique pop, du Single pigeon de Paul McCartney au Courage des oiseaux de Dominique A, au hasard, ils ne servent ici qu’à évoquer ce qui volait et ne vole plus, ce qui chantait et ne chante plus, ce qui vivait et ne vit plus. C’est-à-dire, encore et toujours, à parler d’amour, cette petite chose de plumes et d’ailes qui disparaît au moment où l’on pose le regard sur elle. Continuer la lecture de « Birds in Cages – Eggstone »

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Quiet art – Quelques souvenirs autour des Go-Betweens

Australie, 1989 / Photo : Florence Dyan

C’est le 15 août. Un mardi. Je m’en souviens, car sur l’une des photos prises ce jour-là dans le hall de l’aéroport de Roissy, deux amis et moi (je suis le seul à partir), tout sourire dehors, posons fièrement avec un exemplaire de France Football (c’était le jour de parution du magazine). Partir ? Oui, pour l’Australie, avec un couple – couple qui se défera pendant le voyage aller, mais tout s’est bien passé. Une idée qui nous était venue pendant l’année universitaire, après avoir rencontré deux Australiennes à Paris (Alicia et Carolyn – entre nous, j’étais plus Carolyn, mais j’appris plus tard que j’aurais dû être plus Alicia). Pour moi, ça tombait bien. Car j’étais en pleine période australienne. The Saints, The Aparments (qui n’ont sorti alors qu’un seul album), The TriffidsThe Church, Crime & The City Solution, Nick Cave & The Bad Seeds et tout en haut de mon affiche, The Go-Betweens.

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