Cet été, tandis que BMG annonçait la venue d’un nouvel album de The Lilac Time (Return To Us, sorti il y a un mois à peine), je me suis replongé comme tous les deux ou trois ans dans la discographie éclatée de Stephen Duffy, songwriter britannique à l’ancienne, un peu perdu dans le monde contemporain. C’est pourtant en s’accrochant à la modernité pop synthétique qu’il toucha du doigt le succès que beau nombre de ses contemporains n’ont fait que fantasmer au final. Sans doute pour mieux retourner à un terroir qu’il fantasmait à son tour (mais pas tant que ça, héritage familial, tout ça) : instruments acoustiques, maison perdue dans la campagne, veste de tweed et Clarks aux pieds… C’est ensuite en yo-yo qu’il bâtit sa carrière, entre voyages initiatiques aux États-Unis ou contrat d’homme de l’ombre pour chanteur à succès (Robbie Williams) pour toujours revenir à sa famille originelle, près de son frère Nick Duffy, fondateur des Lilac Time. Continuer la lecture de « Selectorama : Stephen Duffy »
Il serait inconvenant de ne pas reconnaitre Paul Weller comme l’un des songwriters les plus talentueux de sa génération (et même plus que ça, soit dit entre nous). Mais l’homme est aussi et avant tout un mélomane passionné et curieux, toujours à la recherche de découvertes mélodiques. Ses coups de cœur, il a aimé les afficher, en reprenant, sur scène et sur disque (et ce, dès le premier album de The Jam) les morceaux qui ont influencé à un moment ou à un autre sa vision de la composition. Voici quelques originaux que Weller s’est permis de réinterpréter en groupe ou en solo, réunis en une playlist loin d’être exhaustive (était-il besoin d’y mettre un titre des Beatles, que Weller a parfois même repris jusque dans ses propres chansons ?) mais qui montre bien l’éclectisme de ses goûts.
Début juillet, lorsque notre ami Pascal Blua nous envoyait ce message révélant la première composition d’un jeune artiste de Sheffield qui figurerait sur le tout premier ELP de Studio Electrophonique (dont il avait réalisé la belle pochette), nous n’en sommes pas tout à fait revenus. Jayne nous a littéralement dévastés, et Christophe Basterra a presque instantanément pris la parole, comme c’est le cas quand quelque chose d’aussi important qu’un coup de coeur se produit dans sa vie : « Très vite, on pense au Velvet Underground du troisième album, à Candy Says, à Pale Blue Eyes, et c’est plutôt une bonne chose. Surtout quand un clavier qui sonne comme un orgue vient souligner la mélodie avec une discrétion parfaite. » Avec les six titres de son ELP au compteur, qu’il est venu défendre à Paris au début de l’automne devant une poignée de spectateurs instantanément attachés à ce jeune homme d’une simplicité désarmante, James Leesley nous a convaincus qu’il s’agirait très certainement du début d’une belle histoire. Dans la chronique de son disque, Christophe Basterra disait : « Je n’ai à ce jour aucune idée de quels sont ses disques de chevet. Je sais juste que le sien va devenir l’un des miens. » Voici quelques éléments de réponse, qu’il a accepté de nous livrer dans une mixtape d’une heure, teintée des couleurs pâles de l’hiver, au moment où l’on n’a envie que d’une chose : retrouver un peu de chaleur, d’une façon ou d’une autre. Continuer la lecture de « Mixtape Section26 #6 : Studio Electrophonique »
Baston n’est pas un groupe à cheveux, ni un groupe à fringues, ce qui paraît évident puisqu’ils sont brestois, donc peu portés sur le paraître. Et du genre à prendre leur temps – leur dernier et excellent EP date de 2015. Ils reviennent en force et à quatre cette fois (Maxime, Kévin, Samuel et Simon) avec Primates, toujours chez Howlin’ Banana. Leur Motorik Pop fonctionne mieux que jamais, en dix titres intenses et obsédants, conjuguant le froid et le chaud, nets et élégants. Ce qui n’empêche pas l’humour (noir) du titre Viande, montage certifié Faites entrer l’accusé : « A aucun moment vous n’avez envisagé que cette viande dans le frigo soit votre mère ? » Les gaziers ne manquent effectivement pas d’humour quand on voit leur dernier post facebook accompagnant la vidéo du single Primates : « Salut les filles. Ne rien poster pendant 3 ans puis se reconnecter au réseau social le plus has-been du monde pour vous annoncer qu’on sort un album chez Howlin’ Banana le 29 novembre, dont vous trouverez un modeste avant-goût spatial ci-dessous, vous appellerez cela comme vous voulez mais pour nous ça porte un nom : la science du buzz ». Le kraut breton a de beaux jours devant lui, d’autant que Maxime (guitare / chant) et Simon (clavier) se sont prêtés à notre Selectorama, avec un choix de douze titres plutôt impeccables. Continuer la lecture de « Selectorama : Baston »
Peter Astor a toujours été pour moi synonyme de douceur, qu’il fait rimer souvent avec douleur, il faut bien le dire : douleur de la séparation, de la solitude, de la dépression sans doute. Ce garçon conjugue ses bonnes manières de gentleman à une distance, presque une froideur, toute germanique, racines qu’il ne manque jamais de rappeler. C’est dans The Loft et surtout aux commandes des Weather Prophets que j’ai découvert Peter Astor, quand il traduisait en anglais les grands désordres américains, en menant à travers quelques disques quasi parfaits une exploration fantasmée des grands terroirs de l’autre côté de l’Atlantique : les guitares new-yorkaises, du Velvet ou de Television, le garage du Middle West ou la pop californienne, toutes redécorées de ce blues de la Tamise, de crachin, de patine veloutée. Continuer la lecture de « Playlist : Autour de Peter Astor »