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Selectorama : Stephen Duffy

Stephen Duffy
Stephen Duffy et son petit gilet léopard Paul Smith en 1985 / Photo : Chris Duffy

Cet été, tandis que BMG annonçait la venue d’un nouvel album de The Lilac Time (Return To Us, sorti il y a un mois à peine), je me suis replongé comme tous les deux ou trois ans dans la discographie éclatée de Stephen Duffy, songwriter britannique à l’ancienne, un peu perdu dans le monde contemporain. C’est pourtant en s’accrochant à la modernité pop synthétique qu’il toucha du doigt le succès que beau nombre de ses contemporains n’ont fait que fantasmer au final. Sans doute pour mieux retourner à un terroir qu’il fantasmait à son tour (mais pas tant que ça, héritage familial, tout ça) : instruments acoustiques, maison perdue dans la campagne, veste de tweed et Clarks aux pieds… C’est ensuite en yo-yo qu’il bâtit sa carrière, entre voyages initiatiques aux États-Unis ou contrat d’homme de l’ombre pour chanteur à succès (Robbie Williams) pour toujours revenir à sa famille originelle, près de son frère Nick Duffy, fondateur des Lilac Time. Continuer la lecture de « Selectorama : Stephen Duffy »

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Maison Neuve, Vivi (Sauvage Records)

« Nos rêves ont expiré comme nos poèmes de lycée »

Derrière ses allures de gentleman doux et courtois, Guillaume Faure dissimule une âme sombre et tourmentée qu’il apaise en enregistrant inlassablement des disques depuis une vingtaine d’années sous le nom de Maison Neuve, qui recouvre aussi un groupe, garde rapprochée de ses obsessions. Je l’avais rencontré au milieu des années 2000, en invité surprise de Lispector pour un concert que nous avions organisé pour elle à Strasbourg. Guillaume, emmitouflé dans un long manteau noir en laine, avait joué un set tout simple avec sa guitare acoustique aux cordes de nylon. C’est encore avec Lispector qu’il explore le format étrange de split album en 2006, puis fait paraître via Talitres son album Joan en 2011. Continuer la lecture de « Maison Neuve, Vivi (Sauvage Records) »

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Playlist : Autour de Peter Astor

Peter Astor
Peter Astor

Peter Astor a toujours été pour moi synonyme de douceur, qu’il fait rimer souvent avec douleur, il faut bien le dire : douleur de la séparation, de la solitude, de la dépression sans doute. Ce garçon conjugue ses bonnes manières de gentleman à une distance, presque une froideur, toute germanique, racines qu’il ne manque jamais de rappeler. C’est dans The Loft et surtout aux commandes des Weather Prophets que j’ai découvert Peter Astor, quand il traduisait en anglais les grands désordres américains, en menant à travers quelques disques quasi parfaits une exploration fantasmée des grands terroirs de l’autre côté de l’Atlantique : les guitares new-yorkaises, du Velvet ou de Television, le garage du Middle West ou la pop californienne, toutes redécorées de ce blues de la Tamise, de crachin, de patine veloutée. Continuer la lecture de « Playlist : Autour de Peter Astor »

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Papivole #8, Mon histoire avec la presse musicale, 1978-2018 : David Sanson et Octopus



A l’époque où les boussoles de papier étaient mon seul espoir de m’y retrouver dans la pop moderne, Octopus occupait une place à part : partant d’une base commune et connue (le nouveau rock américain de chez Drag City par exemple), la revue me sortait de mon cocon pop pour me prendre par la main et me promener vers des territoires dangereux à mes oreilles : absence de mélodies, occultation des guitares, larsens, textures, improvisations, électroniques, continents inexplorés, jazz… Elle était en fait mon bon de sortie de l’adolescence, mon ouverture à l’altérité, et un complément nécessaire aux Inrocks, à la RPM, au Melody Maker et au NME qui m’habitaient jours et nuits. Continuer la lecture de « Papivole #8, Mon histoire avec la presse musicale, 1978-2018 : David Sanson et Octopus
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Yolande Bashing, Yolande et l’amour (Bruit Blanc)

Yolande BashingIl y aurait un arbre généalogique à dessiner de ces descendances de garçons solitaires qui s’entourent de peu pour délivrer au monde leurs sentiments, souvent dans un geste d’apparence crue et frontale : peu de mots, peu d’instruments, peu d’espoir pour peu de musique ? Peut-être. Mais depuis le début du siècle, des fins fonds des squats de zones industrielles (Noir Boy George) aux journaux à la page (Thousand), une vague froide déboule (et tabasse tout ce qui bouge) avec une musique à leur image, qui a de quoi affoler le territoire et qui s’appuie sur quelques basiques identifiés.  Continuer la lecture de « Yolande Bashing, Yolande et l’amour (Bruit Blanc) »

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KG, Jesus weint Blut (Herzfeld)

KG Jesus weint BlutRetranscription d’une conversation par messenger avec KG, 2 septembre 2019.
Moi : Salut KG, merci pour ce beau moment musical samedi, c’était juste parfait. Dans la foulée, j’ai écouté ton disque qui débute par un éclat de rire (pour moi) et se termine dans les larmes (ce morceau magnifique Un autre demain). Du coup, mon papier écrit avant d’écouter le disque ne correspond plus vraiment, ce qui est en fait très rassurant, j’ai dû presque tout jeter…
KG : Oh flûte alors, ta chronique en aveugle ! Tu me la feras lire quand même ? Oui, c’était une bien chouette soirée, tous les amis étaient là, ça faisait plaisir. Continuer la lecture de « KG, Jesus weint Blut (Herzfeld) »

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Lispector without a map

Lispector
Julie – Lispector / Photo : Katura Jensen

Sur un forum de Belle & Sebastian, je découvre son nom et une adresse e-mail, on est aux alentours de 2001 / Je la contacte pour sortir en France son disque Human Problems & How to Solve Them (celui avec l’image du cheval sur du papier millimétré) avec mon label Antimatière / Julie est d’accord / Je viens à Paris pour discuter avec mon distributeur Chronowax. C’est Jérôme Mestre qui me reçoit et qui me passe un savon pendant une demi-heure : on ne peut pas travailler comme ça, la pochette souple en plastique transparent, l’absence de code barre… mais finalement il veut bien le faire / Continuer la lecture de « Lispector without a map »

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Papivole#7, Mon histoire avec la presse musicale, 1978-2018 : Edie Vee, photographe

Stephen Pastel Edie Vee
Stephen Pastel, février 1995 / Photo : Edie Vee

Je finissais par remarquer leur regard, à force. En lisant la presse musicale anglo-saxonne toutes les semaines, New Musical Express, Melody Maker, je distinguais leurs styles, différents, entre ceux qui captaient le point de bascule d’un concert dans un mouvement qui laissait des traces, ceux qui jouaient l’intimité du gros plan, seuls avec la vedette dans une chambre d’hôtel, ou encore ceux qui dans une explosion de couleurs tentaient la mise en scène, avec des accessoires ridicules, forcément ridicules. En France, je reposais mes yeux sur les noirs et blancs des Inrockuptibles et l’école MonfournyMulet, ou je prenais le plein de couleurs dans Best, chez Youri Lenquette ou Jean-Yves Legras. Et il y avait Edie Vee, mystérieuse, rare, qui capturait dans un geste naturel les étoiles filantes de mon panthéon personnel dans une revue pop moderne : la clique américaine autour de Drag City, les cousins écossais autour de Domino, les amis français autour de Lithium. Forcément, ça rapprochait. Continuer la lecture de « Papivole#7, Mon histoire avec la presse musicale, 1978-2018 : Edie Vee, photographe »