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The Pearlfishers, Love And Other Hopeless Things (Marina Records)

the pearlfishersC’est l’un de ces instants où le plaisir rare des retrouvailles se mêle à la tristesse du deuil puisque la publication de ce neuvième album de The Pearlfishers – le premier depuis cinq ans ; le second depuis 2007 – coïncide avec l’annonce quasi-simultanée de la fermeture de la belle maison hambourgeoise qui abritait avec fidélité et bienveillance David Scott et ses camarades. Marina Records s’apprête malheureusement à mettre la clef sous la porte et l’on se prend à regretter d’avoir trop souvent considéré comme un acquis secondaire l’existence de cette institution qui a largement contribué à entretenir la flamme d’une pop classique et mélodieuse, révélant au passage quelques talents en marge de leur époque – Brent Cash, pour n’en citer qu’un – tout en préservant ses liens privilégiés avec les vétérans de la scène indie écossaise (Malcolm Ross, Michael Head) pour lesquels elle a souvent constitué un ultime refuge. Scott fait partie de ceux-là et c’est un juste retour des choses qu’il offre à ses protecteurs, en guise d’oraison funèbre, un feu d’artifice musical de très haute tenue. Continuer la lecture de « The Pearlfishers, Love And Other Hopeless Things (Marina Records) »

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I Was A King, Slow Century (Coastal Town Recordings)

Partager généreusement un peu de l’héritage reçu ; raviver passionnément quelques une des étincelles du flambeau transmis par d’autres : on pourrait trouver de plus mauvais motifs pour fonder un groupe. Après tout, c’est bien cette impulsion initiale qui animait certains de nos artistes préférés. Au début des années 1990, Teenage Fanclub honorait ainsi la mémoire de Gene Clark (1993) et œuvrait activement à la réhabilitation de Big Star. Continuer la lecture de « I Was A King, Slow Century (Coastal Town Recordings) »

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Lucille Furs, Another Land (Requiem Pour Un Twister)

On en revient, une fois de plus, à l’époque – la fin des années 1970 – où Paul Weller se trimbalait avec cette pancarte autour du cou, en réponse aux accusations d’une certaine presse britannique lui reprochant déjà d’être allé piocher sa garde-robe et ses références musicales parmi les archétypes remisés du mouvement Mod : “ How can I be a fucking revivalist when I’m only eighteen ? ”

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Alexis Hache, Eagles – Life In The Fast Lane (Le Mot Et Le Reste)

Eagles, avec Glenn Frey, Don Felder, Don Henley, Joe Walsh et Timothy B.Schmitt

L’étonnante vérité a resurgi le 18 janvier 2016, au moment du décès de Glenn Frey. A longueur de posts, sur des réseaux sociaux pourtant prompts à célébrer à titre posthume les figures musicales les plus secondaires pour mieux étaler leurs R.I.P.’s à l’air libre, ne s’affichaient quasiment que proclamations hostiles et déclarations de détestation ostentatoire. On ne pouvait manquer d’être surpris en constatant à quel point il semblait toujours aussi cool de témoigner publiquement, en plein XXIème siècle, d’un rejet radical des créateurs d’Hotel California. Un tel dégoût, en effet, ne permet même plus depuis bien longtemps – si tant est que cette possibilité ait jamais existé – de recueillir les bénéfices symboliques associés aux prises de position outrageusement distinctives et paradoxales, celles qui accompagnent communément l’exercice désormais ritualisé et convenu consistant à exploser à coup de grenades rhétoriques les vaches sacrées. Disserter sur un ton péremptoire à propos de la nullité absolue des Beatles, pourquoi pas ? L’art du contre-pied peut encore amuser quand il demeure teinté d’audace et qu’il n’est pas systématique. Pour ce qui est des Eagles en revanche, le consensus est depuis trop longtemps gravé dans le marbre des certitudes officielles pour que l’opération de démolition présente le moindre intérêt. Continuer la lecture de « Alexis Hache, Eagles – Life In The Fast Lane (Le Mot Et Le Reste) »

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The Boy With The Perpetual Nervousness, Dead Calm (Pretty Olivia Records)

The Boy With The Perpetual Nervousness Dead CalmParfois, l’évidence s’impose avec une clarté suffisamment éblouissante pour qu’il n’y ait plus d’autre choix que de la marteler au fil des lignes. On a déjà eu l’occasion, en ces pages, de célébrer le talent d’Andrew Taylor, l’un des tous meilleurs songwriters contemporains évoluant sur des terres où la concurrence est pourtant rude – l’Ecosse –  et qui n’a cessé, depuis une quinzaine d’années, d’aligner avec son groupe Dropkick des albums aussi précieux que méconnus. On en est intimement persuadé : serait-il précocement décédé dans des circonstances dramatiques ou doté d’un tempérament plus enclin aux addictions tapageuses que ses œuvres seraient déjà consacrées à titre posthume, dans des cercles où l’extase est trop souvent rétrospective et nécrophage. Trop discret pour échapper aux marges, trop normal pour nourrir la passion mortifère des cultes, cet artisan modeste persévère pourtant avec une admirable constance, indifférent à l’indifférence.

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Irmão Victor, Irmão Victor (Pop Superette)

Irmão VictorIl aura donc fallu quelques mois avant d’oser traduire en paroles les sentiments de fascination et d’instabilité éprouvés à la découverte de ce premier album composé par le multi-instrumentiste brésilien Marco Benvegnù et publié dans nos contrées par l’entremise salutaire de Pierre Sojdrug, déjà aperçu dans les pages de Section 26. Comment rendre compte, en effet, de la profusion stylistique et de l’infinie liberté qui imprègnent cet Objet Musical Mal Identifiable sans les réduire à une liste de références académique et fastidieuse qui n’en restituerait que superficiellement la richesse ? Continuer la lecture de « Irmão Victor, Irmão Victor (Pop Superette) »

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Attic Lights, Love In The Time Of Shark Attacks (Elefant)

¡ Elefant 30 !

Attic Lights, Love In The Time Of Shark AttacksUne fois de plus, sans qu’on ne parvienne jamais à en percer les mystères, les flux musicaux transatlantiques semblent avoir miraculeusement franchi les océans pour resurgir, au mépris de toute cohérence géographique, au beau milieu des hautes terres écossaises. C’est en effet depuis une improbable enclave américaine édifiée en plein Glasgow qu’Attic Lights publie aujourd’hui son troisième album, le deuxième pour le compte du label espagnol Elefant – dont nous fêtons les 30 ans -, histoire de brouiller définitivement toute forme de cohérence spatio-temporelle.

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FAME 2019 : The Unicorn d’Isabelle Dupuis et Tim Geraghty

The Unicorn Peter Grudzien
« The Unicorn » d’Isabelle Dupuis et Tim Geraghty
FAME 2019
En partenariat avec le festival FAME

J’avoue entretenir une relation plus qu’ambivalente avec ce qu’il est convenu d’appeler l’outsider music, cette étiquette fourre-tout qui tend à agréger les créations musicales des figures marginales ou déviantes, produites dans une confidentialité initiale qui nourrit ensuite le culte des réhabilitations rétrospectives. Le malaise a surgi un jour de 2008 dans la cour de La Maroquinerie, lorsque j’y aperçus Daniel Johnston, quelques minutes avant le début d’un concert, excellent au demeurant. Debout mais chancelant, le regard vide, un verre de vin à la main, il semblait indifférent au monde et au liquide carmin qui s’échappait de ses lèvres mollement entrouvertes et dégoulinait à flots continus sur son t-shirt blanchâtre. Depuis lors, la posture m’a toujours paru inconfortable qui consiste à contempler pour ses seules propriétés esthétiques une œuvre aussi inextricablement liée aux pathologies de son auteur, à savourer sans réserve le spectacle de la maladie, qu’elle soit mentale ou pas, en s’efforçant de faire abstraction de sa réalité pourtant incontournable. Le documentaire consacré par Isabelle Dupuis et Tim Geraghty à Peter Grudzien fait resurgir ces interrogations tout en proposant une réponse formellement irréprochable et moralement satisfaisante. Continuer la lecture de « FAME 2019 : The Unicorn d’Isabelle Dupuis et Tim Geraghty »