Fondé en 1974 frères Fair – David et Jad -, Half Japanese s’est imposé au fil des décennies comme une sorte d’anti-institution : adeptes indécrottables du geste musical spontané, souvent imprévisibles, souvent surprenant. Prévu pour le 4 décembre prochain, Crazy Hearts (Fire Records) sera le dix-neuvième album du groupe d’Ann Arbor, Michigan. Undisputed Champions en est le second extrait. Et c’est encore Jad Fair qui en parle le mieux : « Undefeated, undisputed, undeniable, unstoppable, Untoppable, unflappable and unquestionably great. Take a pen and underline the word great. To quote The Beatles “All you need is love”. To quote me “Damn straight”. Celebrate the celebration. Bravo The undisputed champions. »
Auteur : Matthieu Grunfeld
Catégories sunday archive
Interview Mots-Clés : Tim Keegan
Pour le retour surprise de son groupe Departure Lounge en 2021, focus sur ce formidable songwriter

C’est vrai qu’avec lui, on a souvent passé plus de temps dans la salle d’attente que dans le hall d’embarquement. Et parmi tous les retours et autres réapparitions inattendues qui sont désormais le lot du grand recyclage musical, celui de Tim Keegan n’est certainement pas celui qui engendrera le plus de fracas médiatique. Pourtant, celui qui demeure, cinq ans après la publication de son dernier album solo en date, l’une des plus fines et des plus exquises plumes du Royaume-Uni mérite bien qu’on lui consacre une écoute attentive. C’est pourquoi l’annonce, en ces temps pour le moins troublés, d’un futur album de Departure Lounge en 2021 – le premier depuis dix-neuf ans ! – sous forme d’un ajout printanier au catalogue irréprochable de Violette Records, a largement contribué à illuminer un peu les tristes journées d’un automne reconfiné. Alors, quand la confirmation est survenue ce vendredi, avec un premier extrait – Al Aire Libre, délicatement retouché par le fidèle Kid Loco – on a eu envie de ressortir des tiroirs cette interview réalisée pour la sortie de The Long Game effectuée en 2015, au cours de laquelle ce songwriter élégant s’était prêté au jeu des associations libres au travers d’une poigne de mots-clefs. Histoire de renouer un peu avec la beauté sans tapage des œuvres qui possèdent le mérite rare de n’obéir qu’à leur propre nécessité.
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Catégories interview
Jason Lytle – Retour vers le Phutur
Entretien avec le frontman de Grandaddy pour les vingt ans de « The Sophtware Slump »

C’est toujours un peu pareil avec les anniversaires et les commémorations. Il y a les gâteaux qu’on digère moins bien, les bougies que l’on finit par ne plus souffler et puis les coups de vieux. Il y a ceux que l’on prend, inévitablement : pas trop graves encore, et on commence à avoir acquis l’habitude d’y faire face. Les plus douloureux sont encore ceux qui touchent à l’intégrité du souvenir. Alors, il y a toujours comme un doute, une pointe d’appréhension, pour The Sophtware Slump (2000) de Grandaddy peut-être un peu plus que pour les autres. Alors qu’il s’apprête à rentrer dans son mausolée de vinyle et de carton – un coffret, quatre albums, beaucoup de b-sides et une version complète de l’album réenregistrée au printemps par Jason Lytle au piano – on se demande, un peu inquiet, ce qu’il va bien pouvoir rester d’un album aussi étroitement associé à une période peut-être révolue. Continuer la lecture de « Jason Lytle – Retour vers le Phutur »
Catégories sunday archive
Suede – Still Life
Discographie commentée par le groupe à l’occasion de la sortie d’un nouveau Best Of et de l’annonce de dates en 2021 pour les 25 ans de « Coming Up »
Il n’en faut pas beaucoup pour que les souvenirs affleurent. Cet automne, la réédition d’une compilation de b-sides – See You In The Next Life (2004) – à l’occasion du Disquaire Day puis la sortie d’un nouveau Best Of – Beautiful Ones – et l’annonce simultanée de quelques dates commémoratives au printemps 2021, afin de célébrer le vingt-cinquième anniversaire de Coming Up, 1996 ont suffi. Il y a eu cette première vie, glorieuse et fascinante et ces trois premiers albums qui confortent un peu plus chaque année leur statut de classique. Et puis le déclin, l’éclipse provisoire avant un retour en 2013 sur lequel on n’aurait pas misé plus de quelques pennies et qui, pourtant, n’est dépourvu ni de panache ni de pertinence. Un pas en avant, un coup d’œil en arrière : c’est ainsi que Suede a décidé de durer. C’est en janvier 2016, pour évoquer la sortie de Night Thoughts, une œuvre dense et arrangée qui confirmait le regain de forme inattendu du groupe, que l’on avait évoqué les fleurons majeurs de cette discographie avec Brett Anderson et son inamovible bassiste Mat Osman. Continuer la lecture de « Suede – Still Life »
Catégories classics, mardi oldie
Robert Wyatt, His Greatest Misses (Domino)
Toutes les occasions sont excellentes. Celle-ci tout autant que les précédentes – l’exploration d’un fragment de discothèque confinée pour célébrer, quand même, le retour du printemps en réécoutant At Last I’m Free (1980) ; la republication pour le Disquaire Day automnal de Summer Into Winter (1982) cosigné avec le jeune Ben Watt, évoqué il y a peu ici. Plus que toute autre – en tous cas, davantage que beaucoup – l’œuvre de Robert Wyatt est de celle qui se prête volontiers aux plaisirs de la redécouverte, vierge de toute balise trop convenue tant elle semble, à chaque fois, s’échapper de toute part vers l’Inouï. Et force est de constater qu’elle confère encore l’envie d’écouter et d’écrire. Continuer la lecture de « Robert Wyatt, His Greatest Misses (Domino) »
Catégories chronique nouveauté
Juniper, Juniper (Fabcom ! Records)
D’abord, il y a Juniper Shelley. Au premier plan. Elle est âgée d’une quinzaine d’années à peine. » Elle chante depuis aussi longtemps qu’elle – ou que quelqu’un d’autre – s’en souvienne « lit-on dans une biographie forcément brève. Cela laisse déjà entendre que sa précocité a eu des témoins et qu’ils ont été attentifs : c’est très important. Mais on y reviendra. Juniper a publié il y a quelques mois un premier album, celui d’une jeune fille de quinze ans, bien élevée, mais pas trop. Elle y interprète –et y compose même quelques fois – des chansons à la fois de son âge et d’un autre, plus ancien : des fragments d’adolescence poisseux comme du bubblegum, des chroniques méditatives sur les garçons, la vie de collège et la musique, où la candeur des sentiments, exprimés avec une sincérité qui ne se targue jamais d’être pure, n’exclut pas des traits de génie d’une implacable lucidité – Kids On My Corner, portrait drôle, à la fois impitoyable et attendrissant, des groupes qui trainent dans les garages des environs. Continuer la lecture de « Juniper, Juniper (Fabcom ! Records) »
Catégories chronique nouveauté
Ian Skelly, Drifter’s Skyline (Silver Songs) / Paul Molloy, The Fifth Dandelion (Spring Healed)
Comme toujours, dans ces cas-là, on commence par parler d’albums solo. « C’est pas faux », comme dirait l’autre, histoire de laisser entendre que l’on a, justement, rien compris d’essentiel. Plus que jamais, l’expression apparaît comme une commodité de langage qui ne restitue rien d’exact, ni de vraiment fidèle au contenu des deux œuvres ou à l’intention manifeste qui les anime. Deux membres émérites de The Coral ont, certes, publié coup sur coup deux albums estivaux signés de leurs noms propres. Pourtant, à les écouter, il semble difficile d’y entendre les velléités de ruptures et d’émancipation communément associées à ces prises d’autonomie discographique. Continuer la lecture de « Ian Skelly, Drifter’s Skyline (Silver Songs) / Paul Molloy, The Fifth Dandelion (Spring Healed) »
Catégories avant-première, borne d'écoute
Clip : Solaris Great Confusion, Traffic Jam (Mediapop Records)

En excellente compagnie – Elise Humbert au violoncelle, Yves Béraud à l’accordéon, Aurel Troesch aux guitares, Jérôme Spieldenner à la batterie, Foes Von Ameisedorf à la basse et Jacques Speyser aux chœurs – Stephan Nieser alias Solaris Great Confusion s’apprête à publier un deuxième album de folk élégant et plein de nuances acoustiques subtiles, Untried Ways. Comme en témoigne ce deuxième extrait, où les contrepoints du violoncelle, les arpèges des guitares et les bruissements des balais s’accordent parfaitement à la trame rêveuse de la mélodie, c’est encore une fois à l’Est – le grand, of course – que le soleil finit par se relever.