
Les Clermontois connaissent bien Bruno Juffin, fine plume des Inrockuptibles dont ils ont maintes fois pu apercevoir la silhouette filiforme de dandy à la mèche toujours impeccable dès qu’un concert intéressant avait lieu en ville. Certains musiciens de ma connaissance l’ont même eu comme prof d’anglais au lycée : « Il me prêtait des disques de Moe Tucker et il nous a fait découvrir des films comme La Nuit du Chasseur ou Freaks… ». Il y a pire comme formation. Un autre me disait qu’il avait été sidéré il y a trente ans, lorsqu’il passait le bac, de voir ce doppelgänger de John Cale surveiller l’épreuve d’anglais tout en lisant un numéro des Inrocks (grand format) avec David Bowie en couverture. Quand je repense à mes profs d’anglais à moi, si compétents et sympathiques qu’il furent, j’ai du mal à les imaginer en train de poser sur des photos avec Lux Interior et Poison Ivy des Cramps ou aux côtés de David Johansen des New York Dolls ! Continuer la lecture de « Selectorama : Bruno Juffin »
Ce qu’il y a de délicieux avec la musique, avec l’art en général, c’est que tout se passe comme si, grâce à eux, on pouvait à nouveau tomber amoureux un nombre indéfini de fois sans pour autant que ces attachements soient incompatibles entre eux, comme si on pouvait en quelque sorte vivre à l’infini l’impossible expérience d’un polyamour heureux. Parfois, alors qu’on se complaisait allègrement dans nos habitudes esthétiques, qu’on se contentait avec paresse d’écouter et de réécouter nos disques fétiches, on tombe par hasard sur un un artiste inconnu aux charmes duquel on se laisse prendre sans s’y attendre. On écoute une chanson – il s’agissait pour moi, avec 
Suractifs depuis 2021 et récemment devenus membres de l’écurie
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