Colder Streams est à n’en pas douter le meilleur disque des Sadies. Ce n’est pas nous qui l’écrivons, c’est le communiqué de presse du groupe. Et on le sait tous, les groupes sont les meilleurs juges de leurs disques. Tout devrait sonner faux. Sauf que tout est vrai. À cela, on rajoutera que Colder Streams est peut-être le dernier disque du groupe car Dallas Good, membre fondateur des Sadies avec son frère Travis, est mort de manière soudaine en février 2022. La même semaine, le rock perdait Mark Lanegan et donc Dallas Good.
Les Canadiens ne jurent que par Neil Young, ont accompagné Neko Case et ont été produits par Gary Louris des Jayhawks. Pour faire court, on trouve leurs disques chez Gibert à 35 euros pièces coincés entre une réédition des Black Crowes et un coffret de raretés de k.d. Lang. Tout prédestinait les Sadies à sortir un disque des Sadies. Sauf que les frères Good se sont trouvés enfermés en studio pendant la pandémie de Covid (comme tous les autres groupes) et ont recruté Richard Reed Perry pour produire leurs chansons (comme très peu de groupes). La venue de Perry dans le studio est comparable à celle d’un certain Dave Fridmann derrière la console des Mercury Rev ou l’irruption de Rick Rubin sur le chemin tortueux de la carrière de Johnny Cash. Il y a un très léger changement de dimension.
Sur ce disque, on croisera la merveilleuse All The Good qui a la capacité de vous tirer une larme à n’importe quel moment de la journée et on rencontrera des chansons comme Colder Streams qui ont le pouvoir de changer la couleur de votre humeur. Il se pourrait même que Better Yet ou Ginger Moon emmènent avec elles des personnes totalement rétives à l’héritage du Gun Club. Il faut donc se rendre rapidement à l’évidence, Colder Streams fait partie de ces disques qui transforment l’idée que l’on se fait d’un groupe et qui chamboulent les classements de fin d’année.