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Fleetwood Mac, Rumours (1977, Warner)

Fleetwood Mac Rumours1977, la révolution punk gronde, pourtant le soft rock se porte merveilleusement bien et continue de se vendre par palette entière. Si les Ramones ou Talking Heads font vibrer les petits cœurs fragiles de critiques extatiques, le grand public américain se précipitent sur les disques de Steely Dan ou des Doobie Brothers. En France, le rock d’avant le punk se porte aussi très bien. De Dire Straits en passant par Supertramp ou Alan Parsons Project, les Français ne sont pas franchement convertis aux épingles à nourrice. Longtemps considérés avec une certaine défiance, les gros vendeurs des seventies ont, ces dernières années, été largement réhabilités. Cité par de nombreux artistes (Best Coast, Haim etc.) comme une référence, Fleetwood Mac est incontestablement une des têtes d’affiche de la décennie. Continuer la lecture de « Fleetwood Mac, Rumours (1977, Warner) »

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Peter Holsapple (The dB’s) : « Je crois que quand R.E.M. a triomphé, nous avons tous triomphé. »

Peter Holsapple / The dB's
Peter Holsapple / The dB’s

The dB’s est toujours apparu comme un groupe interstitiel, de ceux dont l’œuvre, considérablement sous-estimée pendant bien des décennies, se niche dans ces anfractuosités confidentielles qui échappent à bien des classifications réductrices : entre les genres – ni totalement punk ou new-wave, ni vraiment power-pop ; entre les époques ou les scènes. C’est sans doute ce qui a conféré au quartette fondé à New-York en 1978 par Chris Stamey et Peter Holsapple ce statut un peu particulier. Un groupe culte, sans doute. Mais surtout, un maillon essentiel dans la succession des générations qui structure l’histoire de la musique américaine. C’est en effet dans les premiers albums des dB’s – et particulièrement dans les premières démos du groupe, saisissantes de vitalité, rééditées cet automne sur I Thought You Wanted To Know 1978-1981 – que se trouvent à la fois les prolongements du garage-rock des années 1960 et de ces mélodies qui ont surgi sous les doigts d’adolescents encore sous le choc de la British Invasion et les prémisses de l’indie-rock des années 1980. Après avoir contribué à briser quelques barrières, Holsapple et ses camarades se sont fait déborder ensuite – avec une complaisance confraternelle souvent appréciable – par les jeunots qui se bousculaient sur leurs traces de R.E.M. à Yo La Tengo. Il ne leur en tient aucun grief, bien au contraire. Et c’est avec une bonhomie enjouée qu’il accepte de revenir sur un engagement musical qui s’étale désormais sur six décennies. Continuer la lecture de « Peter Holsapple (The dB’s) : « Je crois que quand R.E.M. a triomphé, nous avons tous triomphé. » »

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Patrice Rushen, Straight From The Heart (Elektra, 1982)

Figure essentielle de la scène boogie/post-disco américaine des années 80, Patrice Rushen connaît pourtant un parcours atypique. Après avoir gagné un concours de jazz au Monterey Jazz Festival à 17 ans avec son groupe, la pianiste signe avec le label Prestige. Au début de sa vingtaine, Patrice Rushen publie ainsi trois albums sur le label entre 1974 et 1977. La musicienne opère un virage à 180 degrés un an plus tard lorsqu’elle signe chez Elektra. Label mythique dans les années 60 (The Doors, The Stooges, Love…), la structure est rachetée par Warner au début des seventies. Elektra contribue alors à développer un certain son californien (Leon Ware, Bread, Lee Ritenour, Carly Simon) aux cotés de leurs collègues d’Asylum également chapeautés par WEA. Dans cet environnement moins puriste, Patrice Rushen s’épanouit et ose aller vers une production plus funky, dansante et surtout pop, ce qui est vécu comme une trahison par les amateurs de jazz. Continuer la lecture de « Patrice Rushen, Straight From The Heart (Elektra, 1982) »

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The War On Drugs, Slave Ambient (Secretly Canadian, 2011)

The War On Drugs, Slave Ambient A l’automne 2011, soit 10 ans tout juste ou presque, je restais plein d’espoir sur les premières facéties d’Adam Glanduciel. Je vous expliquerais demain et avec quelques détails, pourquoi, j’avais vu juste mais j’avais, en fait, tout faux.


Forcement à l’ombre du phénoménal deuxième album de Girls, véritable soleil sombre de cette rentrée pop moderne, la deuxième incursion de The War On Drugs mérite tout de même une attention soutenue. Car s’il on reparlera à foison pour les premiers d’un son mercuriel inauguré par Bob Dylan et achevé à Birmingham au mitan des 80’s (Lawrence et Felt, pour ne pas les nommer), on saisira l’importance capitale de ce même songwriting Dylanien sur celui d’Adam Granduciel, lui-même rejoint par quelques obsessions britanniques. Continuer la lecture de « The War On Drugs, Slave Ambient (Secretly Canadian, 2011) »

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Aimee Mann, Queens Of The Summer Hotel (SuperEgo Records)

Aimee MannDébut de la chanson, début de la consultation, le docteur dit :
Give me fifteen, give me fifteen, give me fifteen minutes
That is all I need to make the call
Give me fifteen, give me fifteen, give me fifteen minutes
Women are so simple after all.
Et hop : hôpital psychiatrique.
Pont :
You’re feminine, you’re crazy
Et hop, et fin de la chanson : le docteur ne demande pas plus de quinze minutes pour se prononcer, et prononcer sa sentence, et en reste là :
Give me fifteen.
Aimee Mann sort un nouvel album, et ce devrait être un événement – dans un monde meilleur – et c’est un événement. Continuer la lecture de « Aimee Mann, Queens Of The Summer Hotel (SuperEgo Records) »

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Shannon Lay : « J’assume mon super pouvoir : tenir une salle rien qu’avec ma guitare et ma voix. »

Shannon Lay
Shannon Lay / Photo : Denee Segall

“Ainsi, l’apparition de Shannon Lay apparut”, aurait-on pu transcrire, un peu pataud.

Une silhouette bleue arc-boutée, recroquevillée sur un bitume en bordure de grève, des mèches rousses dissimulant les traits d’un visage enfoui, l’océan ne faisant qu’un avec le ciel grisâtre. C’était l’image de Living Water, il y a presque cinq ans, déjà. On y entendait un oranger, une lune lésée, un soleil précieux. Et puis ce Recording 15 comme extrait de la mémoire d’une boîte vocale, une confession qu’elle n’avait pas pris le temps de titrer tant il y avait urgence à chanter ce qu’elle préférait ne pas ressentir. Sa voix désarmait à ne pas vouloir trop en faire non plus, elle visait toujours juste dans le désir et la mélancolie. Comme d’autres avant elle, elle semblait situer la bonne distance entre l’intime et le mystère, la candeur et la noirceur. Continuer la lecture de « Shannon Lay : « J’assume mon super pouvoir : tenir une salle rien qu’avec ma guitare et ma voix. » »

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The Reds Pinks & Purples, Don’t Come Home Too Soon (Tough Love Records)

Il y a des groupes comme ça. Des groupes qui sont comme taillés sur mesure, des groupes dont on sait déjà qu’ils ne nous décevront pas – et entre nous, il n’y a que des groupes pour réussir ça. Xavier, l’ami qui m’a fait écouter les chansons de ce type-là pour la première fois (parce que oui, pour celles et ceux qui n’auraient vraiment pas suivi, cette histoire, c’est avant tout l’histoire d’un homme seul, Glenn Donaldson), aurait sans doute résumé tout cela mieux que moi, aurait bien mieux dit la fausse légèreté de ces mélodies qu’on connait par cœur avant même de les avoir écoutées… Mais voilà, Xavier n’est pas là et c’est à moi de rappeler que justement, en matière de cœur, The Reds, Pinks & Purples ne fait jamais les choses à moitié, comme sur ce nouveau single à peu près parfait pour ponctuer l’été indien et annonciateur d’un quatrième album à paraitre le 4 février 2022.

The Reds Pinks & Purples, Summer at Land's End

Alors, en trois minutes et treize secondes (environ), quand bien même on s’était juré qu’on ne se laisserait plus prendre, Don’t Come Home Too Soon (ce titre, une fois encore) porte haut les couleurs de la mélancolie en donnant une idée assez précise de comment auraient pu sonner certaines des plus belles chansons de The Field Mice (toutes, donc) reprises par St. Christopher. C’est vous dire la splendeur des ébats.


Don’t Come Home Too Soon par The Reds Pinks & Purples, premier single du nouvel album Summer at Land’s End, sortie le 4 février 2022 chez Tough Love Records.

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Yma Sumac, Mambo ! (1954, Capitol)

Pour beaucoup d’entre nous, les années cinquante ressemblent à un continent éloigné, une terre perdue dans la brume. La faute à ces maudites années soixante ! Essentielles dans la construction de la musique que nous aimons (Beatles, Beach Boys, Velvet Underground, Byrds…), elles relèguent la décennie précédente dans les limbes. Tout au mieux, nous savons qu’il y avait les pionniers Rock & Roll, de Chuck Berry en passant par Buddy Holly ou Little Richard et du Jazz bien sûr, énormément de Jazz. Les fifties furent pourtant fort variées : Doo Wop, Exotica, danses de salon (Mambo, Cha-Cha-Cha…) Mambo! d’Yma Sumac, paru en 1954 sur Capitol, témoigne de l’excitation qu’il régnait après guerre dans les foyers américains. Au léger répond l’étrange. L’album fascine par sa capacité à faire entrer la personnalité singulière d’Yma Sumac, dans le registre connoté du mambo. Continuer la lecture de « Yma Sumac, Mambo ! (1954, Capitol) »