Conçu comme la cour de récréation de son bâtiment principal Corridor, ce nouvel album du montréalais Jonathan Personne dégage en effet cette impression de relaxation, les morceaux s’enchaînant bon esprit comme aurait dit Maneval. Ce son super posé, doux (ces batteries au touché si particulier) sonnent comme un Weezer apaisé, un Pavement acoustique et rectiligne, un Grandaddy moins technologique, bref un petit précis de college rock états-uniens 90-00 tout bien digéré. Continuer la lecture de « Jonathan Personne, Nouveau Monde (Bonsound) »
Étiquette : Lieu : Canada
Catégories borne d'écoute
Focus sur Preoccupations

Nés sur les cendres de feu Women, Viet Cong renommés Preoccupations sont devenus au fil des ans les fers de lance d’une scène Canadienne à l’assaut de l’Europe. Trois excellents albums entre 2015 et 2018 encensés par la presse spécialisée et applaudis aux quatre coins du monde. De manière plus confidentielle mais attendue, ils reviennent avec Focus, seul morceau en écoute de leur prochain album III at Ease à paraître le 9 mai prochain chez l’américain Born Losers Records. Un clip original ou se compilent des images d’archives de groupes new age, sectes et courants illuminés qui collent parfaitement à ce morceau entêtant. Basse prononcée, guitares en retrait, explorations synthétiques sensuelles et chœurs enivrants par la présence de Marlaena Moore. Une chanson qui laisse présager un retour en grâce, qui ravira les fans du groupe et donnera envie aux néophytes de plonger dans la riche discographie du quatuor. Continuer la lecture de « Focus sur Preoccupations »
Catégories borne d'écoute
Le dad folk de Jonathan Personne

Echappé une fois encore de Corridor, le quatuor montréalais auteur d’albums inspirés entre poésie psyché et post punk – en français dans le texte – dont on s’est entichés jusqu’au dernier, Mimi, sorti l’an dernier chez Sub Pop, Jonathan Personne poursuit sa route en solitaire tranquillement. Après Nuage Noir et Nouveau Monde, deux très beaux titres qu’il avait offerts à son public fin 2024, en voici deux autres : Zoé sur la montagne et Deuxième vie. La première trouve ses racines dans un air chanté à sa fille, et déroule sa mélodie folk apaisée avec une forme de naïveté confondante. Deuxième vie, évoque ces rencontres qui peuvent être un tournant dans l’existence, parfois entre deux êtres dont la proximité s’accentue soudain. Une ballade où sa voix douce se confronte à l’électricité des guitares. Des chansons perçues comme une catharsis introspective en réaction à la vie mouvementée d’un groupe, un cocon moelleux où Jonathan Personne se libère de la pression des tournées avec un minimum de tensions autour de lui. Nouveau Monde, son quatrième album, est la somme de ces moments d’entre-deux, avec plusieurs titres composés au fil du temps. Des instants en solitaire qu’on aime retrouver à chaque fois, tout autant que celles collectives de sa famille canadienne de Corridor. Continuer la lecture de « Le dad folk de Jonathan Personne »
Catégories mardi oldie
Leonard Cohen, Various Positions (CBS, 1984)
If it be your will.
« Si telle est ta volonté. »
C’est ainsi que Leonard Cohen conclut la difficile deuxième période de sa carrière dite « des désamours », qui a succédé à la lune de miel entre le poète et son public, à sa bohème élégante mais sincère, inattaquable géographiquement — le Chelsea Hotel et Hydra avant l’arrivée de l’électricité sur l’île, qui dit mieux ? — et artistiquement — les recueils, le roman, puis les trois premiers albums, inattaquables — trop noirs ? Inattaquables.
Ces fameux trois albums inauguraux qui captivent d’emblée l’Europe alors que ce sont ceux qui rêvent encore d’Amérique, qui deviennent des tables de la Loi, des mesures de toute chose folk, de tout arrangement – et très vite, dès Songs of Leonard Cohen, qui deviennent des prisons. Cohen lors de ses premières tournées, malgré toutes ses tentatives de sabotage — concerts sous LSD, chevaux, impréparation, empathie —, peine sous le poids des mots ravivant soir après soir les passés et les morts — père, amours, etc. —, sous le poids des attentes, sous le poids de la perfection qu’il atteint quand il fait sans essayer d’être. Un poids sous lequel Bob Dylan, d’un cuir plus solide, a déjà craqué et s’est enfui avant de réapparaître autre, tout autre. Continuer la lecture de « Leonard Cohen, Various Positions (CBS, 1984) »
Catégories post live
Myriam Gendron, son d’hiver

Nous n’avions que les disques.
Et souvent nous ne parlons que des disques, à Section26 : ils sont des occasions mécaniques de voir ce qui apparaît, d’entendre ce qui se tait à volonté, dès lors que l’on dispose d’écouteurs ou de haut-parleurs à soi, et de l’air pour faire vibrer des tympans jusqu’à la moelle, jusqu’à la chair. Les disques : mobiles, palpables et pourtant sans limites, détachés du lieu comme de l’espace.
Et rarement nous parlons de concerts, sinon au détour d’une ligne ou d’une humeur : toujours déjà passés et donc absents, ou toujours à venir et donc hypothèses. Aucun rendez-vous ne dure comme un disque – les mémoires nous amusent, nous séduisent autant qu’elles nous piègent. Revenir au souvenir d’un concert, c’est la certitude d’une absence, quand revenir à un disque chéri recouvre cette même absence d’une illusion rassurante, l’illusion de toucher son être et mon être.
Pourtant, je crois que je les aime, les mémoires, surtout enfuies et qui reviennent, qui nous reprennent. Continuer la lecture de « Myriam Gendron, son d’hiver »
Catégories chronique nouveauté
Myriam Gendron, Mayday (Feeding Tube Records / Thrill Jockey)
Ce qui fut : I – Le Magicien
« Je ne sais pas moi, j’improvise », me souffle-t-on dans l’oreille et à propos de tout autre chose.
Pas de plan mais une carte, les éléments et les suites au grand jour mais sans explication. Seulement de la magie, deux albums inattendus et pas tant inouïs que : actifs. Not So Deep as a Well, avec les mots rendus de Dorothy Parker, Ma délire – Songs of Love, Lost and Found, avec les siens de mots, Myriam Gendron, et d’autres. Deux disques qui retournent les cœurs les plus usés, leur inoculent une joie et une espérance, transmutent par une musique qui semble toujours avoir été là, cachée sous les yeux. Un chemin débroussaillé, catalogue des possibles, que nous habitons. Leçons et savoirs ancestraux, ça fouille, remue ; si folk veut dire quelque chose, ça veut dire cela, enregistré en chambre ou en compagnie, acoustique ou électrique, une idée du monde et de sa transmission. La Grande Prêtresse toque doucement à la porte, lever de lune, l’obscurité transperce après-midi comme matin. Continuer la lecture de « Myriam Gendron, Mayday (Feeding Tube Records / Thrill Jockey) »
Catégories selectorama
Selectorama : Corridor

Le temps passe si vite, semble nous dire Jonathan Robert et les musiciens du groupe montréalais Corridor Dominic Berthiaume, Julian Perreault, Julien Bakvis, et leur complice de concerts Samuel Gougoux. Mourir Demain, premier single de ce quatrième album n’est pourtant pas une complainte pessimiste mais un morceau lumineux, une ode à un passage serein. Le temps passe, certes, « on vieillit, on fonde une famille, on ralentit les choses… » nous disent-ils. Mimi est un disque au spectre musical plus ouvert, qui s’émancipe de leurs débuts post punk pour explorer des terres plus mélodiques, comme si on ouvrait les fenêtres sur la nature après un temps enfermé chez soi. Avec une poésie psyché plus contemplative et assagie, Corridor s’inscrit une fois encore parmi ceux que l’on aime voir grandir. Pour célébrer la sortie de cet album à tête de chat, second du groupe signé sur l’étasunien Sub Pop (après un LP paru par chez nous), voici dix morceaux choisis avec cœur par Dominic Berthiaume. Continuer la lecture de « Selectorama : Corridor »
Catégories selectorama
Selectorama : Yan Skene

En pleine pandémie, lassé d’entendre souvent les mêmes choses sur bandcamp, Yan Skene, une des têtes pensantes de Bleu Nuit, groupe de post-punk mélodique de Montréal en pause pour le moment, à l’envie de créer un label qui propose des sorties obscures et inclassables. C’est chose faite avec Contact Minimal Records. « Je cherche à sortir des artistes émergents de partout à travers le monde et d’offrir également des compilations d’artistes 70’s-80’s. C’est important de rendre hommage aux pionniers. »