Il pleut, j’ai presque froid et c’est bon en ces temps caniculaires. L’ordinateur effectue péniblement ses mises à jour, manière de dire qu’il va bientôt me lâcher. Pour autant, l’obsolescence programmée n’attaquera pas ma quiétude dominicale. Tout est prêt dans la cuisine pour le retour de Zoé : le riz et le vinaigre japonais, le sucre et le sel, le soja et la coriandre, la soupe Miso, les avocats et le saumon. Ne manque plus que mon binôme culinaire pour attaquer les sashimis. Dans un mois pile, elle aura dix-huit ans. Forcément, je la vois de moins en moins. Mon oiseau prend son envol et ça m’émeut davantage que je ne le laisse paraitre. Pas de raison de se plaindre pour autant : nous partons encore en vacances ensemble, écoutons des vinyles, échangeons sur les trucs à ne pas manquer sur Netflix tout en mangeant japonais donc, assis en tailleur dans le salon. Autour de moi, peu de parents partagent encore ce genre de choses avec leur(s) enfant(s). Ce soir, si ça la tente et qu’elle ne s’est pas couchée trop tard hier – ce qui m’étonnerait –, on ira voir le film sur Daniel Darc. Faut dire que ma chérie aime la plupart des zouaves que j’écoute. Alors vraiment, oui, je m’en sors bien. Oserai-je affirmer que depuis que ma fille en devient une, je comprends mieux les femmes ? Allez savoir. Le travail de toute une vie, cette affaire. Continuer la lecture de « Jean-Louis Murat, Mustango (PIAS) »
Étiquette : Année : 2019
Catégories livres
Bonnes feuilles : Christophe Brault, « Power Pop : Mélodie, Choeurs et Rock’n’Roll » (Le Mot Et Le Reste)
“Innocente, mais fatale. ” C’est une fois encore à cette double qualification, introduite en 1974 dans les pages de Phonograph Record Magazine pour évoquer les impressions ressenties à l’écoute de September Gurls de Big Star, que l’on finit par revenir lorsque les définitions génériques ne cessent de se dérober. Née au début des années 1970, de la volonté nostalgique de quelques adolescents américains de prolonger la concision mélodique des pionniers de la British Invasion – Beatles et Who en tête – dans une époque de dérives progressives et de stridences métalliques, la power pop n’a cessé de se développer dans de multiples directions au cours des cinq décennies suivantes. Aucun bilan de ces métamorphoses protéiformes n’existait encore en langue française. Un manque que vient combler l’ouvrage de Christophe Brault, Power Pop : Mélodie, chœurs et rock’n’roll. Continuer la lecture de « Bonnes feuilles : Christophe Brault, « Power Pop : Mélodie, Choeurs et Rock’n’Roll » (Le Mot Et Le Reste) »
Catégories chronique nouveauté
Jenny Hval, The Practice of Love (Sacred Bones)
J’avais laissé Jenny Hval, écrivaine et compositrice norvégienne de 39 ans, dans un rêve. C’était lors de son EP tout en digressions et reflets The Long Sleep. Projet tout à fait conscientisé de s’adresser au corps de son auditeur, Hval y théorisait un flux de sensations et de mots pour détruire les codes du capitalisme numérique – son sujet était alors de déjouer les cadres du streaming. Revenue de cette expérience à même le rêve, la Norvégienne propose cette fois-ci un album qui n’a rien de digressif. The Long Sleep était un objet accueillant et relativement simple d’accès considérant le reste de la discographie de la compositrice, The Practice of Love sorti chez Sacred Bones, confirme et accentue cette orientation. Continuer la lecture de « Jenny Hval, The Practice of Love (Sacred Bones) »
Catégories playlist
Ric Ocasek, le top 10 + 1
Hommage au chanteur des Cars
Ric Ocasek en dix titres + 1 sélectionnés et commentés par l’auteur de l’article sur les Cars paru précédemment sur section26.
Catégories portrait
The Cars : un cœur dans la machine
Dans While we’re young (2015), la satire de Noah Baumbach qui confronte la génération X vieillissante avec celle des hipsters, il y a cette scène où Adam Driver (le djeunz) fait écouter au casque Eye Of The Tiger à Ben Stiller (le quadra en crise). Ce dernier lui lance : « Je me souviens quand cette chanson est sortie, c’était considéré comme naze. Mais ça fonctionne ! ». Le personnage d’Adam Driver ne peut pas saisir le retournement par lequel le ringard d’hier a pu devenir cool, et pour cause : quand Rocky III est sorti, il n’était pas né. Pour lui la chanson de Survivor a toujours été « cool » : elle n’est rattachée à aucun affect personnel qui l’aurait fait passer par toutes les phases du jugement, de l’enthousiasme enfantin sans recul jusqu’à l’attendrissement rétrospectif de l’âge mûr, en passant par les oukases du snobisme adolescent qui auraient relégué Eye Of The Tiger dans les limbes de la nullité. Ces phases de jugement, Ben Stiller les a traversées : séparer le bon grain de l’ivraie, pour finalement, la maturité venue, revenir de toutes les postures, c’est toute notre histoire.
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Catégories transmission
Transmission #23 – Spéciale Power Pop #2
Spéciale Power Pop #2.
Émission du 15 septembre 2019.
Présentée par Thomas Schwoerer et Matthieu Grunfeld
avec Christophe Brault autour de la sortie de son livre Powerpop, mélodie, choeurs et Rock’n’roll (1970-2019) chez Le mot et le reste
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Catégories interview, portrait
(Sandy) Alex G sort de sa bedroom pop
J’ai rencontré Alexander Giannascoli a.k.a. (Sandy) Alex G le 26 juin dernier, quelques heures avant sa session acoustique au Motel, dans le quartier de la Bastille. Un bar un peu étroit pour celui dont les albums, bien que largement reconnus par ses pairs comme par la critique, se transmettent depuis 2014 au bouche à oreille, comme un secret, parmi une communauté de fans assidus. Ils étaient là ce soir-là, côte-à-côte avec les habitués du lieu, dans une foule immobilisée. Prêts à souffler les paroles au moindre instant d’hésitation, à fredonner les accompagnements manquants à ce guitare-voix solitaire, ces admirateurs – largement anglophones – entouraient « Alex » comme une famille, lui décrochant même quelques sourires. Continuer la lecture de « (Sandy) Alex G sort de sa bedroom pop »
Catégories billet d’humeur
Sorry entertainer
Daniel Johnston (1961 – 2019)
Avant de rouvrir ce coffre à merveilles, dont on connaît certains recoins par cœur, penchons-nous sur la tradition orale, ou comment les chansons de Daniel Johnston nous ont été transmises. Quand elles nous furent présentées pour la première fois au début des années 90, on n’aurait pu écouter, ni même entendre, ces diamants bruts sous cette forme-là. Continuer la lecture de « Sorry entertainer »