Satellite Jockey… Plays Music ! (Another Record)

unnamed(1)

« Descend la route jusqu’au crucifix« 

Là où d’autres semblent chercher l’inspiration outre Manche / Atlantique, quitte à marier un peu de force leurs influences musicales avec notre idiome exotique – et souvent, ça fonctionne – Satellite Jockey se cherche plus dans les recoins du patrimoine européen des années 1960 à 1980 : ses intermèdes un peu space pour la télévision, des accroches de génériques pour les émissions enfantines ou des chansons oubliées de bandes originales de films chelous (ce genre). Dans une sorte de psychédélisme domestique, assagi mais pas moins rêveur, le groupe travaille les timbres en jouant sur les contrastes de leurs sonorités acoustiques / électriques / électroniques, toujours au service d’une écriture simple et efficace. Car le savoir faire de Satellite Jockey ne trouve son aboutissement que dans l’exploration de la mélodie. Ou comment garder la foi en ce territoire plus ou moins abandonné ces temps-ci au profit du rythme, de la palabre et de l’image.

Alors le chemin du groupe croise forcément les chemins un peu novelty d’un Vladimir Cosma (Moonlight Walk), le rayon des musiques d’illustrations et leurs histoires sans parole (Mouvement II), quelques développements un peu progressifs où il lâche les chevaux (le parfait Où sont les gens ? et sa coda ouverte qu’on aimerait laisser tourner jusqu’à plus soif avec ses cordes somptueuses). Il fait sonner les cloches, le piano électrique, les synthés analogiques et même les flûtes (magnifique arrangement sur le sommet Je ne sais pas), comme s’ingéniait à le faire De Roubaix, ou en jouant aux alliages incongrus à la manière d’un Morricone de poche.

unnamed

Et cet instinct plutôt européen n’empêche pas de ponctuer cette bande-son de quelques réminiscences d’influences américaines : tête dans les nuages,  en toute inconscience (quand on a les frères d’Addario en embuscade, il faut être sûr de son coup, la barre est haute, mais c’est bien), les Satellite laissent revenir par la fenêtre ce sentiment tout velvetien qui plane sur Toutes les recettes ou tout wilsonien sur l’anglophone et terminal Recipe, superbe essai pop. Cette pop de l’âge d’or qui continue de travailler en profondeur les groupes d’ici, et notamment de la maison de Tours, Another Record (Odessey & Oracle notamment nous avait subjugué, Boost 3000 ou Odran Trümmel, chacun à leur manière) ou d’ailleurs : KCIDY, qui joue et chante dans Satellite Jockey, et sa surprenante et récente soulitude sixties, Cabane et sa relation avec Sean O’Hagan… Des petites échappées qui ne perdent aucunement la modestie et la solidité du projet, du travail bien fait, des belles chansons pour les grands enfants du futur, l’amour en héritage.


Satellite Jockey… Plays Music ! est sorti chez Another Record.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *