Quatrième album de Pearl & The Oysters depuis leur essai inaugural en 2017 : le duo franco-américain a parcouru un sacré chemin en six ans. Démarrée à Gainesville en Floride, l’aventure s’écrit désormais à Los Angeles. Cette nouvelle vie s’accompagne aussi d’un nouveau label. Juliette Pearl Davis et Joachim Polack rejoignent ainsi Stones Throw. La structure, après avoir été un pilier du rap indépendant, s’aventure désormais régulièrement dans les terres pop. Les voisins de Pearl & The Oysters se nomment en effet Mid High Club, Benny Sings, Jerry Paper ou Stimulator Jones. Dès la couverture, signée par l’illustrateur indonésien Ardhira Putra, Coast 2 Coast nous embarque dans un voyage nostalgique et rétro-futuriste, quelque part entre un vinyle de yacht-rock et une cartouche de Mega Drive. 
Mixé par Shags Chamberlain, complice du Drugdealer, et accompagné d’une liste d’invités prestigieuses (Alex Brettin, Laetitia Sadier, Dent May, Flore Benguigui etc.), l’album s’éprend du mirage d’un soleil de Californie. En une douzaine de morceaux, Pearl & The Oysters dessine les contours d’une musique ondoyante mais ne dédaignant pas une certaine mélancolique. Coast 2 Coast capture ce court instant de répit, après l’euphorie. Fireflies semble s’échapper des limbes d’un rêve enfumé tandis que Konami dodeline comme un hamac vibrant au gré d’une brise fraîche d’été. Pacific Ave convoque le groove des disques AOR westcoast et city pop. La face A se conclue sur la délicate Space Coast. La très bonne reprise de D’ya hear me de Brenda Ray rejoint, avec bonheur, Kevin Ayers ou Badfinger. Paraiso dialogue avec Pacific Ave tandis que Read the Room sort la pédale de distorsion et nous plonge dans la discographie de Stereolab période French Disko. Joyful Science interrompt la retransmission sur une étonnante note. L’épilogue surprend par son vocodeur et son ambiance répétitive très réussie. Coast 2 Coast confirme alors l’immense talent de Pearl & The Oysters. Qui d’autres qu’eux peut, avec cette aisance, convoquer l’exotica, le soft rock, la pop synthétique de Yellow Magic Orchestra tout en sonnant d’une aussi manière personnelle ? Espérons que la signature chez Stones Throw donne une nouvelle dimension à cet attachant duo. Il construit, patiemment, une exquise discographie.
