On ne sait pas trop s’il s’agit d’un collectif ou d’un supergroupe, mais peu importe, seul le résultat compte. Musique expérimentale ? Traditionnelle ? Le curseur s’affole sans se poser. Après plusieurs essais improvisés, Jérémie, Mathieu et Yann décident de segmenter leurs différents projets et de les nommer : naissent alors France, Zeitspielraum ou encore Meutr. Au gré de rencontres et sans opter pour un line-up statique, ils décident un soir, au Crous de Valence, d’appeler leurs efforts communs Tanz Mein Herz, en référence aux maigres notions d’allemand de Mathieu. En guise d’introduction aux musiques traditionnelles, la bande fréquente assidûment les concerts de Toad, le projet de Yann Gourdon & Guilhem Lacroux vite rejoints par Pierre-Vincent Fortunier. « C’était complètement barjo, ça jouait très fort, très sale avec une nonchalance très rock qui ne pouvait que nous plaire ». L’amitié entre tous les membres de Tanz Mein Herz est le lien qui fédère l’ensemble, leur musique est non calculée, navigue au gré des sensibilités et des envies. Ils prennent leur temps, fonctionnent par thèmes, pour les enregistrements comme pour les lives. Tout part souvent d’une rythmique, d’une ligne de basse et d’un placement spécifique des membres en cercle, car comme le dit si bien le groupe d’une seule voix, il veut être également auditeur de son propre son.
Catégories billet d’humeur
The Apartments, hier, aujourd’hui et demain.
Ce matin même, je réécoutais In And Out The Light – ai-je d’ailleurs cessé de l’écouter ? – quand mon cœur s’est, comme à chaque écoute, emballé lorsque la voix de Peter Milton Walsh a lâché ces mots magnifiques : « If I could, l’d put some blue sky in your head ». Pendant un instant, je n’étais plus sûr des mots que j’entendais, – est-ce head que j’entends ou est-ce hair ? -. C’est comme si un coup de pinceau s’était posé sur cette toile musicale – head est effacé, le pinceau pose hair -, la phrase devient alors : « If I could, l’d put some blue sky in your hair ». La lumière de la chanson se transforme, elle devient plus douce – ou différente – mais reste toujours aussi belle. Les images, les souvenirs, changent eux-aussi, nous sommes ensemble, elle et moi, nos regards sont entremêlés, nos cœurs aussi, et avec le revers de ma main, j’écarte avec tendresse ses cheveux… Continuer la lecture de « The Apartments, hier, aujourd’hui et demain. »
Catégories mardi oldie
Harmonium, Les Cinq Saisons (Célébration, 1975)
Le Québec, à la fois si proche et loin. Si nous sommes séparés à travers l’océan Atlantique de nos lointains cousins, nous partageons la même langue. Nos histoires respectives se sont parfois croisées, elles ne partagent pas toujours les mêmes blessures. Au-delà des mots, intéressons-nous au patrimoine musical québécois. Relativement peu connu dans l’hexagone, Harmonium est l’un des jalons de la culture francophone nord-américaine des années soixante-dix. Porté par l’esprit d’indépendance qui anime la décennie, le groupe a su capter les espoirs des siens en les métamorphosant dans une musique onirique et bucolique. Fondé en 1972 par Serge Fiori et Michel Normandeau, le duo devient l’année suivante un trio avec l’arrivée de Louis Valois. Ils constituent l’ossature du groupe, en particulier sur les deux premiers albums : Harmonium (1974) et Les Cinq Saisons (1975), également connu sous le nom de Si On Avait Besoin d’une Cinquième Saison. Continuer la lecture de « Harmonium, Les Cinq Saisons (Célébration, 1975) »
Catégories chronique nouveauté
Jacques, LIMPORTANCEDUVIDE (Recherche & Développement)
« Quand on m’demande ce que je fais
dans la vie, j’me le demande aussi »
Cher Jacques,
Évacuons d’emblée cette histoire autour de ta coupe de cheveux qui peut en incommoder plus d’un : j’ai toujours pensé qu’elle faisait de l’ombre à ta musique, même si elle m’a fait réfléchir à ce que sont les normes physiques et à ce qu’on attendait d’un homme et d’un musicien, la transgression, le rapport au ridicule, tout ça. Je me doute qu’elle te sert aussi à créer une image que tout le monde peut facilement mémoriser et instantanément identifier. Les casques de Daft Punk, les lunettes d’Elton John (je repense toujours à cette fabuleuse fin d’un numéro du Muppet Show dans lequel il était invité, entouré par les marionnettes qui portaient toutes des lunettes multicolores en plumes), les globes oculaires géants des Residents ou, bien sûr, les tonsures des Monks. Mais peut-être que je fais fausse route, peut-être que tout le monde s’en fiche de cette coupe de cheveux, je me dis juste que tu devrais profiter que tu en as, parole de cinquantenaire décati. Continuer la lecture de « Jacques, LIMPORTANCEDUVIDE (Recherche & Développement) »
Catégories climats
Climats #9 : Destroyer, Isaac Babel, Georges Didi-Huberman
This could be the saddest dusk ever seen
You turn to a miracle high-alive
Michael Stipe
Peut-on écouter Vauxhall and I de Morrissey sous le franc soleil de juillet ? Et un Antônio Carlos Jobim empêtré dans un crachin de février, c’est toujours du Antônio Carlos Jobim ? Climats met en avant les sorties disques et livres selon la météo. Continuer la lecture de « Climats #9 : Destroyer, Isaac Babel, Georges Didi-Huberman »
Catégories interview
David Scott (The Pearlfishers) – Perle rare
On avait pris contact avec David Scott, une première fois, il y a environ deux ans alors que la publication de son dernier album en date – l’excellent Love & Other Hopeless Things, 2019 – coïncidait tristement avec l’annonce semi-officielle de la disparition du label qui l’avait hébergé pendant près de vingt ans. Fausse alerte, on s’en réjouit. Les allemands Marina Records semblent avoir survécu à ce premier faire-part de décès et republient même sur support vinyle, en ce début d’année, des versions augmentées de trois des jalons essentiels de la discographie de The Pearlfishers, cet ensemble aux contours fluctuants et dont Scott est toujours apparu comme le seul véritable maître permanent : The Young Picnickers, 1999, Across The Milky Way, 2001 et Up With The Larks, 2007 ont extraordinairement bien vieilli. L’occasion est trop belle de rattraper les anciens rendez-vous, manqués à plus d’un titre tant on a sans doute sous-estimé, tout au long de la décennie 2000, l’importance et le talent de cette figure majeure de la scène indie-pop écossaise. Continuer la lecture de « David Scott (The Pearlfishers) – Perle rare »
Catégories borne d'écoute
Appel entrant : KG
Le nouveau clip du duc de Sausheim en avant-première.
Non mais t’as vu ce qui se passe ? Confiné depuis la sortie de l’impeccable Jesus Weint Blut (2019) chez Herzfeld, Rémy Bux aka le duc de Sausheim n’avait pas donné de nouvelles ou presque. Les rares inconscients qui le suivent pour des raisons sociales sur les réseaux sociaux avaient pourtant senti le vent tourner, retour à l’électronique sur le mat bien érigé de diverses performances qui prouvent que des reflets intenses qui s’estompent en six shampoings ne font pas tout face au génie. Âmes sensibles et français de l’intérieur au cœur pur, passez votre chemin, El Buxo revient aujourd’hui dans une débauche lascive dont même mon vieux cœur de fan ne saurait se remettre. Ruf Mich An. En spray ou en gel aqueux, une ouverture délicate mais toujours impressionnante vers un nouvel album cryptique et infernal, Eine Mann Ohne Feind, à paraitre chez October Tone/Mediapop vers la mi-avril, si nous sommes encore là pour le voir de nos yeux. Et si t’as quelque chose besoin, appelles.
Vous voilà putain de prévenus.
Catégories mardi oldie, portrait
Bienvenue dans le monde merveilleux d’Ed Ball
C’était il y a une éternité, en 1995 précisément. Paru plutôt discrètement, If A Man Ever Loved A Woman, le premier album de l’attachant Edward Ball, avait pourtant fait une entrée fracassante dans la vie d’une poignée d’entre nous. La vingtaine à peine dépassée mais la passion pour les groupes mods des mid-sixties – The Action et Small Faces en tête – déjà enclenchée, on n’hésita pas à plonger en profondeur dans le monde merveilleux d’Ed Ball que promettait la rétrospective Creation. Car les rares mots de l’homme, lus ici et là, avaient fait naître une certitude : Il faisait partie d’une sorte de grande famille, la nôtre. Continuer la lecture de « Bienvenue dans le monde merveilleux d’Ed Ball »