Les Bowlers, Id. (Cameleon, Mono-Tone)

Les BowlersÀ la fin des années 90 – début des années 2000, à l’intersection des compilations underground et des sites de partage de musique, nous fûmes nombreux à découvrir notre patrimoine rock hexagonal des années soixante. Parmi les sélections marquantes de l’époque figuraient en bonne place O Toi, Beatnik et Psychegaelic – French Freakbeat. Cette dernière en particulier, propose, du moins sur le papier, d’écouter des morceaux freakbeat en français. Le terme a de quoi faire briller les yeux des amateurs biberonnés aux Nuggets et autres Back From The Grave,  comme une promesse de découvrir les aspirants français mods et garageux les plus sauvages et indomptables. Est-elle tenue ? Nous laissons chacun d’entre vous juger de la réponse. Cependant, force est de constater que la France a engendré quelques (très) bons groupes beat/garage/mod dans les sixties malgré  des conditions d’existence aussi précaires que chaotiques. Parmi eux, mentionnons : les Gypsys, les Problèmes, les 5 Gentlemen, les Boots ou encore les Bowlers dont il est ici question. Ces derniers sont d’ailleurs présents sur les deux compilations mentionnées et d’autres (Woldbeaters et la récentes Névralgies Particulières). Dans un pays où la chanson à texte a longtemps sapé les tentatives de faire sonner la musique, ces groupes ont réussi à écrire et enregistrer des tentatives enthousiasmantes de rock en français. Ils n’ont, malheureusement, pour la plupart, jamais eu un succès populaire leur permettant de s’installer durablement. Bref, la chasse aux 45 tours est ouverte car rares sont ceux qui ont pu enregistrer un album ! Le travail underground (guère légal généralement) a cependant (un peu) payé. Certaines formations ont ainsi pu être rééditées. C’est au tour des Bowlers, cinquante-six ans après les 4 titres. Cameleon et Mono-tone se sont associés pour compiler les deux EPs du groupe et quatre inédits. À l’exception d’une reprise énergique mais anecdotique de Long Tall Sally, l’ensemble des chansons est composé par Roland Seroussi, l’un des deux guitaristes du groupe. La compilation fonctionne dès lors presque comme un album. Les deux EPs impressionnent par leur niveau général : si Ne L’attend Pas et surtout Il Est Trop Tard sont les tubes les plus évidents, le groupe dispose d’autres belles cartouches dans son répertoire. Aujourd’hui est une petite perle moderniste que les Creation ou The Smoke auraient pu composer. Je Me Moquerai De Toi ou Plus Simple Dans La Vie sont de beaux morceaux garage tandis que Je Vois Tout En Gris s’inspire des Beatles et du son Merseybeat. Les trois inédits originaux sont presque aussi bons que les morceaux publiés. Toi Tu Nous Mens sort particulièrement du lot et offre une excellente incursion dans le british R&B bien balancé. Les Parisiens des Bowlers auraient mérité mieux, comme quelques autres de leurs contemporains. Espérons que cette réédition les fera découvrir à quelques uns d’entre vous. Rêvons à haute voix, il manque toujours la compilation définitive et légale, sur les groupes de rock français des années soixante.


La compilation consacrée aux Bowlers est sortie chez Cameleon / Mono-Tone.

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