Le digging pointu fait aujourd’hui figure de domaine incontournable pour la production pop contemporaine. Superior Viaduct, Numero Group, WRWTFWW, Finders Keepers, Editions Mego/Recollection GRM, autant de noms de labels qui se caractérisent par des pratiques éditoriales remarquables et par leur haut niveau d’exigence : catalogues aux lignes impeccables, érudition historique, perfectionnisme dans la réalisation des objets (livret, pochette, etc.)
Fondé à Paris en 2017 par Jonathan Fitoussi et Sébastien Rosat, Transversales Disques ne déroge pas à cette règle. Croisant des esthétiques ou des figures aussi diverses que celles des pionniers de l’électro-acoustique (Bernard Parmegiani, Luc Ferrari, Pierre Henry), figures singulières de l’expérimentation électronique (les frères Baschet, Igor Wakhévitch, Ariel Kalma, Suzanne Ciani bientôt), maitres de la bande originale de film (François de Roubaix, Ennio Morricone, Philippe Sarde, Alessandro Alessandroni), ou encore représentants importants du Free/Spiritual Jazz (Pharoah Sanders, Archie Shepp), le label s’est très rapidement imposé comme l’un des plus intéressants du moment. Reprenant le flambeau de noms mythiques comme ceux de Shandar Records ou de BYG/Actuel, Transversales Disques fête ce mois d’octobre ses cinq années d’existence. L’occasion de faire retour sur quelques références marquantes du catalogue.
NDLR : Et aussi pourquoi pas de lire ou relire cet entretien avec Jonathan Fitoussi et Sébastien Rosat.
Bernard Parmegiani, Rock
Première parution du label, cette BO du film Rock de Michel Treguer (1981), inédite sur disque, nous fait découvrir une autre facette du compositeur électroacoustique et figure du GRM Bernard Parmegiani. Assumant une esthétique plus pop (on entend pour la première fois Parmegiani utiliser une TR 808), ces pièces convoquent Jean-Jacques Perrey, Raymond Scott ou certains pionniers kösmische pour des constructions ludiques et délicieusement rétro-futuristes.
Luc Ferrari, Photophonie
Pièces inédites pour bande magnétique. Une référence qui illustre le passionnant travail d’archiviste des musiques électroacoustiques effectué par le label : aux côtés des œuvres canoniques du répertoire de Luc Ferrari, nous découvrons ici des travaux de commande, véritables curiosités expérimentales au sein d’une entreprise emblématique d’un certain modernisme avant-gardiste.
Philippe Sarde, Les choses de la vie
BO culte qui n’avait jusqu’alors jamais été rééditée, représentative d’un âge d’or du genre en France, aux côtés de François de Roubaix ou de Maurice Lecoeur. Une référence qui propose en outre des documents inédits et exceptionnels, comme une version italienne inédite de La chanson d’Hélène chantée par Romy Schneider.
Pharoah Sanders, Live in Paris (1975)
Enregistrements inédits d’un concert à Paris de l’un des maîtres du Free et Spiritual Jazz. Une manière de renouer avec l’esprit de Shandar Records, label de référence pour Jonathan Fitoussi et Sébastien Rosat.
Philip Glass, Music in Twelve Parts – Concert à Paris (1975)
Le minimalisme américain, dans sa version répétitive notamment, est l’une des grandes source d’inspiration du travail de Jonathan Fitoussi. Peu étonnant de retrouver au catalogue de Transversales cet enregistrement d’un passage de Philip Glass à La Maison de la Radio en 1975, typique de la première période du maître new-yorkais.
Jonathan Fitoussi, Plein Soleil
Premier titre d’Obliques, sous-division du label consacrée aux travaux de Jonathan Fitoussi, Plein Soleil s’impose comme un sommet de psychédélisme électronique et minimaliste. On pense ici à Terry Riley période Persian Surgery Dervishes, à ou encore aux expérimentations sur système Buchla de Suzanne Ciani.