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Shaun Ryder, Wrote For Luck : Selected Lyrics (Faber & Faber)

Bez Shaun Ryder Happy Mondays
Bez et Shaun Ryder, Happy Mondays.

À 56 ans, Shaun Ryder continue régulièrement à tenir le micro sur scène lors de reformations de ses groupes Happy Mondays et Black Grape. Le livre en langue anglaise Wrote For Luck : Selected Lyrics édité par Faber & Faber réunit 28 des textes des chansons de celui en qui feu Anthony Wilson, responsable du label Factory, jamais en retard d’un compliment ou bien d’un bon mot pourvu que cela fasse parler, distinguait un poète égal de William Butler Yeats. Une comparaison dans un premier temps difficile à confirmer, faute de paroles imprimées avec les disques, tout comme l’aptitude naturelle à déchiffrer l’accent de Manchester, de toute façon guère évocatrice de ce côté-ci de la Manche…

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Alexis Hache, Eagles – Life In The Fast Lane (Le Mot Et Le Reste)

Eagles, avec Glenn Frey, Don Felder, Don Henley, Joe Walsh et Timothy B.Schmitt

L’étonnante vérité a resurgi le 18 janvier 2016, au moment du décès de Glenn Frey. A longueur de posts, sur des réseaux sociaux pourtant prompts à célébrer à titre posthume les figures musicales les plus secondaires pour mieux étaler leurs R.I.P.’s à l’air libre, ne s’affichaient quasiment que proclamations hostiles et déclarations de détestation ostentatoire. On ne pouvait manquer d’être surpris en constatant à quel point il semblait toujours aussi cool de témoigner publiquement, en plein XXIème siècle, d’un rejet radical des créateurs d’Hotel California. Un tel dégoût, en effet, ne permet même plus depuis bien longtemps – si tant est que cette possibilité ait jamais existé – de recueillir les bénéfices symboliques associés aux prises de position outrageusement distinctives et paradoxales, celles qui accompagnent communément l’exercice désormais ritualisé et convenu consistant à exploser à coup de grenades rhétoriques les vaches sacrées. Disserter sur un ton péremptoire à propos de la nullité absolue des Beatles, pourquoi pas ? L’art du contre-pied peut encore amuser quand il demeure teinté d’audace et qu’il n’est pas systématique. Pour ce qui est des Eagles en revanche, le consensus est depuis trop longtemps gravé dans le marbre des certitudes officielles pour que l’opération de démolition présente le moindre intérêt. Continuer la lecture de « Alexis Hache, Eagles – Life In The Fast Lane (Le Mot Et Le Reste) »

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Simon Clair, Lizzy Mercier Descloux, Une Eclipse (Playlist Society)

Lizzy Mercier Descloux
Lizzy Mercier Descloux, NYC, 1979 / Photo : Michel Esteban

La chronique récente d’Accident parue dans ces pages fut également un prétexte pour évoquer des blogs devenus labels. Nous aurions tort de négliger l’apport culturel de ces sites, bricolés sur des plateformes de publication comme blogger ou wordpress. Ces symboles des années deux-mille ont en effet marqué, par leur ouverture et leur curiosité, un paysage journalistique peut-être un poil conservateur. Comme le fanzine précédemment (et à nouveau?), toute une génération de rédacteurs, critiques, passeurs et autres pigistes s’est formée dans ces médias à forme libre, largement personnelle. Certains des plus doués sont passés du coté de la presse traditionnelle et y ont amené leur spontanéité, d’autres ont, quant à eux, choisi de prolonger l’expérience sur d’autres supports. Continuer la lecture de « Simon Clair, Lizzy Mercier Descloux, Une Eclipse (Playlist Society) »

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Mark Stewart, Learning to Cope With Cowardice (On-U Sound, réed. Mute)

Dans une série d’articles écrits pour le magazine Wire au tournant des années 1990-2000, Simon Reynolds a pu évoquer l’hypothèse d’un « continuum hardcore » qui caractériserait la scène électronique anglaise, depuis l’explosion rave jusqu’aux UK Garage, Grime et Dubstep, en passant bien évidemment par l’axe Jungle / Drum and bass / Breakcore. Une lignée subculturelle ayant pour épicentre Londres évidemment, mais aussi certaines villes comme Bristol, et qui constitue une véritable version « mutante », typiquement britannique, de la house et de la techno.
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Infinite Bisous, Period (Tasty Morsels)

Le nom d’Infinite Bisous circule entre initiés, et tel un mot de passe, il ouvre sur un univers inconnu aux limites pas encore éprouvées. Embrasser la musique de Rory McCarthy, le jeune homme derrière ce projet, est presque en soi déjà une forme de victoire tant le Britannique installé à Paris refuse le jeu de la promotion pour offrir sa musique à ceux qui la désirent sincèrement et feront l’effort de la chercher plutôt que de la recevoir. À l’inverse de la passivité d’écouter une playlist créé par quelques algorithmes fort avisés, Infinite Bisous, dans un geste romantique, lance une bouteille à la mer et met en téléchargement libre sur le site du label/collectif Tasty Morsels ses albums. Continuer la lecture de « Infinite Bisous, Period (Tasty Morsels) »

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The Boy With The Perpetual Nervousness, Dead Calm (Pretty Olivia Records)

The Boy With The Perpetual Nervousness Dead CalmParfois, l’évidence s’impose avec une clarté suffisamment éblouissante pour qu’il n’y ait plus d’autre choix que de la marteler au fil des lignes. On a déjà eu l’occasion, en ces pages, de célébrer le talent d’Andrew Taylor, l’un des tous meilleurs songwriters contemporains évoluant sur des terres où la concurrence est pourtant rude – l’Ecosse –  et qui n’a cessé, depuis une quinzaine d’années, d’aligner avec son groupe Dropkick des albums aussi précieux que méconnus. On en est intimement persuadé : serait-il précocement décédé dans des circonstances dramatiques ou doté d’un tempérament plus enclin aux addictions tapageuses que ses œuvres seraient déjà consacrées à titre posthume, dans des cercles où l’extase est trop souvent rétrospective et nécrophage. Trop discret pour échapper aux marges, trop normal pour nourrir la passion mortifère des cultes, cet artisan modeste persévère pourtant avec une admirable constance, indifférent à l’indifférence.

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Stephen Malkmus, Groove Denied (Matador)

Pochette de Groove Denied de Stephen MalkmusUne proposition musicale insensée. Un truc tellement fou que les grands pontes de Matador avaient jugé que le public n’était pas prêt pour ça. Ah ça, on nous en avait promis des choses de ce Groove Denied. Un album solo électronique de Stephen Malkmus. Mais derrière le charme de l’oxymore se cache finalement une piteuse collection de chansons usées où les moindres pas de côté, aussi hideux soient-ils, semblent être excusés invariablement par un bon vieux retour au bercail. Et plutôt qu’un équivalent au McCartney II, formidable disque mal foutu mais joueur, c’est plutôt face à un McCartney I que l’on se retrouve : le projet vaniteux et inutile d’un type se parlant tout seul pendant une demi-heure en étant persuadé que le monde y trouvera un intérêt. Continuer la lecture de « Stephen Malkmus, Groove Denied (Matador) »

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Born Idiot, Coco Trip (autoproduit)

Le format EP a décidément la cote avec les groupes indés français. Tandis que nous évoquions ici même, récemment, Beach Youth ou Accident, Born Idiot propose à son tour un douze pouce dans ce format intermédiaire entre le simple et l’album. La raison n’est peut être pas tout à fait innocente, car l’EP a les faveurs de nombreux professionnels du milieu musical. Il constitue une carte de visite idéale pour un groupe. Moins complexe à digérer qu’un album pour prospecter, moins frustrant qu’un single, il offre la longueur idéale d’un échantillon à la fois suffisamment long pour donner envie sans pour autant tout dévoiler. Born Idiot n’a, en tout cas, pas ménagé ses efforts, offrant cinq chansons particulièrement réussies à travers ce Coco Trip.

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