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Stereolab en français dans le texte

Prévu le 23 mai, le retour du groupe bicéphale franco-britannique a quelque chose de rassurant pour les gens de ma génération, un groupe revenu de beaucoup de choses, l’underground des débuts, la mise en place de son propre vecteur de diffusion, la signature sur Elektra, les vents, les tournées interminables, les marées, les changements de personnel… Et puis Stereolab est devenu un pilier, écouté bien au-delà de ses cercles de départ, une référence signée 4AD, sur Warp (les pionniers des années 90 ont le choix, c’est ça ou Domino), une prestance et une constance dans des musiques à la fois pop et irriguées par toutes sortes de choses (musiques brésiliennes, allemandes, britanniques, avant-garde, library, easy, uneasy listening, passé, présent…). Continuer la lecture de « Stereolab en français dans le texte »

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Forever Young

Pour Lola Young, la musique, c’est pour enfin s’aimer soi-même.

Lola Young
Lola Young, sur la pochette de son dernier album.

Ça a commencé avec elle, Messy et son refrain qui m’est rentré, ou plutôt qui s’est installé, dans ma tête, et ces mots simples que je ne pouvais pas oublier – ”Cause I’m too messy, And I’m too fucking clean » – ces mots qui cachaient une certaine mélancolie. Mais il n’y avait pas que ça. Il y avait ce truc là, dans sa voix, très anglais, très pop-ulaire, une manière de chanter qui ne s’apprend que devant le miroir de sa vie . Et puis, il y a eu les autres Messy stripped, live, sped up – qui ont fini de me rendre fou, ainsi que mon entourage – « T’as quel âge pour écouter ça ? » -. Mais alors pourquoi ai-je tant attendu avant d’écouter l’album This Wasn’t Meant for You Anyway ? Continuer la lecture de « Forever Young »

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À Rebours

Retour inespéré de Pulp près d’un quart de siècle après leur dernier album.

Pulp 2025 / Photo : détail de la pochette de "More"
Pulp 2025 / Photo : détail de la pochette de « More » (Rough Trade Records)

Jeudi 10 avril, excitation générale, Pulp est de retour avec un nouveau titre annonciateur d’un album à paraître le 6 juin, 24 ans après We Love Life. Texto cryptique d’un ami (qui a le 06 de Lawrence) « Si jamais tu l’as pas écouté en direct, Candida aimerait jouer dans Tame Impala. Je ne divulgache rien d’autre. » Je comprends immédiatement, mais non, depuis que Lauren Laverne est passée en milieu de matinée sur la BBC6, je n’ai plus le plaisir d’entendre ses invités, venus autant en promo qu’en amis, livrer au vaste monde leurs nouvelles productions. Après The Divine Comedy et Stereolab, sans oublier Miki Berenyi trio, si ces dernières semaines ont évoqué la « grande » période des Inrockuptibles – celle où quiconque portait un costume et savait lire se voyait qualifier de dandy -, on est loin d’une nostalgie nauséabonde.

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Messieurs-dames, on ferme !

Trois lieux emblématiques d’une scène indé parisienne fragilisée ferment leurs portes ce printemps.

Le Motel à Paris, hier soir vers 3 heures du matin. / Photo : TS
Le Motel à Paris, hier soir vers 3 heures du matin. / Photo : TS

Hier soir, il y avait foule devant Le Motel, à deux encablures de Bastille. Le cœur des indie heads était réuni passage Josset pour boire une dernière pinte avant fermeture définitive, avec quelques pincements ici et là à l’évocation des souvenirs. Une chorale d’habitués chantait Common People à tue-tête à l’intérieur, une foule compacte frissonnait sur le trottoir, et Tali et ses comparses transformaient les dernières gouttes de bière en petites larmes à l’œil. La dernière soirée de ce lieu symbolique où tant de musicien.nes sont passé.es et où tant de groupes se sont formés, avec 18 ans au compteur, tourne une page de l’histoire de la pop et de l’indie parisienne. Continuer la lecture de « Messieurs-dames, on ferme ! »

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Avant-gardes folk

Ce week-end, le festival Rage Sacrée à Petit Bain explore la puissance immersive des musiques expérimentales associées aux instruments folk et traditionnels.

Malicorne
Malicorne / Photo : DR

Il peut au premier abord paraître paradoxal d’associer musiques expérimentales et musiques folks ou traditionnelles. Le plus souvent, la posture avant-gardiste semble exclure tout rapport aux formes sur le long terme, pour lui substituer une logique de la table rase − la projection futuriste comme seule option défendue. Pourtant, une filiation minoritaire semble pouvoir être repérée : sans remonter jusqu’à Bartók et son intérêt pour les musiques folkloriques d’Europe centrale, la séquence psyché aura été particulièrement féconde en croisements acid et folk – Incredible String Band, Tim Buckley, Robert Wyatt, et pour la France Malicorne ou Alan Stivell. Continuer la lecture de « Avant-gardes folk »

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je ferme les yeux

À propos d’Hypnogram de Thurston Moore, extrait de Flow Critical Lucidity (Daydream Library)

Porquerolles / Photo : Sébastien Berlendis
Porquerolles / Photo : Sébastien Berlendis

J’avance le départ d’une journée, je quitte à la hâte la maison du Radar à côté du sémaphore dans les hauteurs de l’île de Porquerolles. Depuis le Cap d’Arme, je prends le temps de saluer, comme chaque matin, l’étendue bleue qui s’allonge et scintille —sans doute jusqu’aux côtes africaines. Malgré la lourdeur du sac, je descends en courant les premiers lacets, coupe à travers les champs d’oliviers. Continuer la lecture de « je ferme les yeux »

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Jouir pour lutter

La Philharmonie de Paris consacre une exposition au Disco, mouvement au cœur des revendications d’alors jusqu’à aujourd’hui.

Paradise Garage, 1979 (détail) / Photo : Bill Bernstein
Paradise Garage, 1979 (détail) / Photo : Bill Bernstein

Le disco recèle un étrange paradoxe. Ce style, assis chronologiquement entre l’épanouissement grand public de la soul afro-américaine et l’explosion de la House, s’avère toujours autant apprécié, surtout les soirs de nouvel an, que totalement méconnu. C’est d’ailleurs sur cette étrange réalité que les maitres d’œuvres de l’exposition (les commissaires Jean-Yves Leloup, Patrick Thévenin et Marion Challier, accompagnés de Dimitri from Paris pour le décorum vinylesque et l’expertise discographique) ont insisté lors de la présentation auprès de la presse. Sa signification politique et sociale, son hédonisme militant, notamment chez les minorités afro-américaines et LGBTQIA+, se confond avec un certain doute, voire dédain, envers sa signification et sa profondeur artistique. Continuer la lecture de « Jouir pour lutter »

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Photos ratées, bourbon à température et sécessionnisme poussiéreux

Ce bon vieux « Good Old Boys » par Randy Newman est sorti il y a 50 ans, en 1974.

Randy Newman, Good Old BoysRetour sur le quatrième album de Randy Newman au sommet d’une carrière qui en a connu d’autres mais dont l’actualité éphéméridaire (on « fête » ses 50 ans) et politique (son analyse des rapports de force au sein de la société américaine) reste d’une incroyable pertinence tout en étalant une richesse esthétique (savante convocation de Scott Joplin, Nino Rota, Irving Berling, Ry Cooder, Don Henley et les auteurs William Faulkner, John Steinbeck, Flannery O’Connor) qui ne cesse de laisser bouche bée malgré les années. Continuer la lecture de « Photos ratées, bourbon à température et sécessionnisme poussiéreux »