Catégories portraitÉtiquettes , , , ,

Mark Tranmer (Gnac) : Discographie commentée

Mark Tranmer
Mark Tranmer

Depuis plus de trois décennies, Mark Tranmer est demeuré présent dans bon nombre des histoires musicales qui ont compté à nos yeux. Des histoires de petite dimension : celles, si précieuses, qui sont faites de souvenirs intimes ou collectifs ; celles qui occupent une place considérable dans une vie où l’essentiel semble, un peu plus chaque jour, constitué de l’assemblage de ces détails. La première fois, il était sur scène un soir de février 1990 – le premier concert partagé avec ma future femme, cela compte forcément – pour le festival Sarah Records. Quelques années plus tard, il y a eu ce concert de The Montgolfier Brothers – ce duo si mémorable avec feu Roger Quigley qu’Alan McGee avait comparé à une version de Durutti Column avec Ian Curtis au chant – sur une péniche parisienne où le public était presque exclusivement constitué d’amis futurs et de relations à venir, dont bon nombre de collaborateurs de la Revue Pop Moderne et de soutiens, proches ou lointains, des années de passion musicale partagée, jusqu’à ce jour. Continuer la lecture de « Mark Tranmer (Gnac) : Discographie commentée »

Catégories sous surveillanceÉtiquettes , ,

Sous Surveillance : Alex Pester

Alex Pester
Alex Pester

Qui ?

Une bouille d’angelot à peine sorti de l’adolescence ; un talent d’un autre âge : à vingt ans, Alex Pester compose, arrange et interprète seul des chansons comme on ne croyait plus pouvoir en entendre. Un vieux Mac de 2011 équipé de GarageBand, quelques instruments : il ne lui en a pas fallu davantage pour commencer à dessiner les contours d’un univers intime aux frontières du folk et de la pop baroque. Il semble y jouir d’une liberté presque sans limite, comme en témoignent les quatorze minutes de Love On Our Shoulders, cette suite invraisemblable publiée il y a quelques semaines où les violoncelles classiques s’entremêlent aux fragments instrumentaux émancipés tout droit sortis d’un vieux disque de Soft Machine. Selon ses propres dires, son épiphanie personnelle a eu lieu lorsque, à treize ans, il a déniché une copie de Bryter Layter de Nick Drake (1970), égarée dans les rayons d’un grand magasin Sainsbury’s. Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Alex Pester »

Catégories interviewÉtiquettes , , ,

Rachel Love (Dolly Mixture) – Amour éternel

Rachel Love
Rachel Love

Au début, elles étaient trois. Trois lycéennes de Cambridge toutes pressées de s’insinuer dans les interstices musicaux entrouverts par le séisme du Punk. Sous le nom de Dolly Mixture, Debsey Wikes (basse), Rachel Love (guitare) et Hester Smith (batterie) ont hissé à des hauteurs durablement appréciables l’étendard d’un amateurisme adolescent et éclairé, laissant derrière elles un héritage dont la maigreur quantitative – une poignée de singles et une double compilation de démos publiée à titre posthume – n’a cessé de contraster, plus intensément encore au fil des décennies, avec l’importance esthétique. C’est, en effet, dans cette fusion originale entre la féminité flamboyante et assumée des Shangri-La’s et l’énergie mélodique rafraichissante des Buzzcocks ou des Undertones qu’une bonne partie des disciples autoproclamés de ce trio éphémère ont commencé à puiser, quelques années plus tard, une bonne partie de leur inspiration. Continuer la lecture de « Rachel Love (Dolly Mixture) – Amour éternel »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Ian M Bailey, Songs To Dream Along To (Kool Kat Musik)

Comme souvent, tout est affaire, ici, de proximité et de connections fortuites. Entre les co-auteurs de cet album, en premier lieu, mais pas uniquement. Il y a quelques mois, Daniel Wylie évoquait au cours d’une interview estivale l’imminente publication d’un album cosigné avec un certain Ian Bailey. De ce dernier, on ignorait à peu près tout : quelques maigres indices ça et là, dont un album publié avec Charlotte Newman au sein de The Lost Doves – Set Your Sight Towards The Sun, 2020. L’automne est arrivé et Songs To Dream Along To avec lui, comme annoncé. On y reconnait d’emblée la patte coutumière du leader de Cosmic Rough Riders, son sens toujours captivant de l’accroche mélodique chaleureuse. Au-delà de ces retrouvailles ponctuelles avec la familiarité d’une œuvre chère, il y a quelque chose d’immédiatement accueillant dans cette première collection de onze chansons qui semblent toutes habitées par l’esprit de ceux qui ont construit, au fil des décennies, ces improbables ponts musicaux transatlantiques entre l’Ecosse et l’Amérique. De Teenage Fanclub à Dropkick, ils peuplent tous notre Panthéon personnel qui abrite donc un nouveau venu. Continuer la lecture de « Ian M Bailey, Songs To Dream Along To (Kool Kat Musik) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

The Brothers Steve, Dose (Big Stir Records)

C’est l’une des nombreuses vertus de la somme imposante que Simon Reynolds a consacrée à ce genre musical – Shock And Awe (2016, traduction française publiée chez Audimat l’an dernier) – que de souligner à quel point le Glam s’articule, dans bon nombre de ses embranchements foisonnants, avec le monde de l’enfance et les plaisirs encore naïfs de l’imaginaire. Les trois minutes réglementaires de la chanson pop comme point d’accès privilégié à un arrière-monde plus lumineux, plus coloré et dont l’inauthenticité même garantit la valeur toute particulière. C’est un peu de cette quête passionnée des artifices insouciants que l’on retrouve dans le second album de The Brothers Steve. Continuer la lecture de « The Brothers Steve, Dose (Big Stir Records) »

Catégories sous surveillanceÉtiquettes , ,

Sous Surveillance : Wyndow

Wyndow
Wyndow

Qui ?

Deux femmes, autrices et compositrices, déjà riches de nombreuses années d’expérience sur les scènes folk du Royaume-Uni. C’est sur l’une d’entre elles qu’elles se sont rencontrées – celle du Moseley Folk Festival de Birmingham, il y a deux ans – et qu’elles ont lié connaissance en coulisses en devisant de leur amour partagé pour l’œuvre de Robert Wyatt. Wyndow est né ainsi d’une intention à la fois très précise – enregistrer une reprise à deux voix de Free Will And Testament de l’ex-batteur de Soft Machine – et d’un désir partiellement indéfini d’engager plus avant une collaboration prometteuse. Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Wyndow »

Catégories mardi oldieÉtiquettes , , , , ,

Jellyfish, Bellybutton & Spilt Milk, (1990 & 1993, Charisma)

C’est la question que l’on redoute par-dessus tout et qui finit tôt ou tard par resurgir. Souvent en plein dîner de famille, parfois dès les premières minutes d’une nouvelle rencontre. Qu’il s’agisse de justifier l’irrationalité inflationniste d’une collection envahissante de quelques milliers de disques ou d’expliquer au profane le contenu exact de ce mystérieux webzine auquel on consacre du temps depuis un bon moment. Immanquablement, elle sera posée avec la naïveté déroutante et involontairement cruelle du Petit Prince face à l’aviateur : “Mais enfin, c’est quoi le genre de musique que tu écoutes ? ” Depuis quelques années, plutôt que de creuser davantage le fossé qui nous sépare de l’interlocuteur curieux en tentant d’échafauder une définition complexe ou en exhibant une liste de noms et de références trop rarement partagées, et qui finissent par éteindre les dernières lueurs de compréhension dans son regard, on préfère opter pour une pédagogie par l’exemple. Et ce sont presque toujours ces deux albums que l’on commence par ressortir. Continuer la lecture de « Jellyfish, Bellybutton & Spilt Milk, (1990 & 1993, Charisma) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , , ,

Constant Follower, Neither Is, Nor Ever Was (Shimmy-Disc/Joyful Noise)

Constant FollowerIl est des albums dont l’importance se révèle dans un contexte d’autant plus inattendu que leur beauté singulière contraste alors avec la triste banalité de l’instant. En l’occurrence un quai bondé de RER en panne, l’attente qui semble interminable et l’accablement du début de semaine qui s’ajoute aux angoisses agoraphobes. Dans ces cas-là, le désir de musique a tendance à disparaître, submergé par les envies envahissantes de circonstances : sortir, avancer, récupérer un peu de vie et ne plus être là, tout simplement. Même s’il ne saurait se réduire à cette seule dimension thérapeutique, Neither Is, Or Never Was s’est imposé comme la bande-son parfaite d’une matinée très mal engagée sur ces mauvais rails, encombrés par les débris sinistres d’un énième incident voyageur. L’un des très rares à susciter immédiatement un sentiment de tranquillité protectrice, comme une bulle apaisée au milieu de la foule trop compacte et dans laquelle résonnerait des sons qui étouffent d’emblée tous les bruits parasites aux alentours. Continuer la lecture de « Constant Follower, Neither Is, Nor Ever Was (Shimmy-Disc/Joyful Noise) »