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Water (dance) Machine

Water Machine
Water Machine / Photo. : DR

Avec son nouveau single Tiffany, Water Machine vient magnifiquement renouer avec la plus pure tradition d’inde pop dansante écossaise, jadis incarnée par les héroïques Orange Juice et autres Josef K, et poursuivie plus tard par Franz Ferdinand. Mais sur ce nouveau titre qui sied parfaitement à l’arrivée du printemps, le quintette de Glasgow formé en 2022 et apprécié de Stephen Pastel nous donne l’impression d’une collaboration fantasmatique du premier groupe d’Edwyn Collins pour les guitares avec Dolly Mixture et les Marine Girls, allusion à la voix de la chanteuse du groupe Hando Morice semblant faire un trait d’union entre Birdie et Tracey Thorn. Le groove bringuebalant de la batterie fait quant à lui agréablement songer à celui de ces groupes de post-punk dansants comme Liliput ou Delta 5. Il ne faudra pas non plus manquer d’aller jeter une oreille aux quelques chansons que le groupe a publiées depuis 2022, comme l’excellente Hot Real Estate, qui creuse très habilement le sillon tracé autrefois par les Fire Engines, Lung Leg et autres The Yummy Fur. Le futur album, à paraître en juin prochain, s’annonce plus qu’alléchant. Continuer la lecture de « Water (dance) Machine »

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Ici et maintenant

Now / Photo : DR
Now / Photo : DR

Après avoir fait le récent éloge du dernier single des Sharp Pins dans une borne d’écoute Section 26 pas plus tard que la semaine dernière, on tire à nouveau notre chapeau à Calvin Johnson, grand gourou de K Records, pour avoir eu le flair d’héberger le groupe Now sur son label-caverne d’Ali-Baba. En l’attente de l’album Now Does the Trip à venir en mai prochain, nous pouvons nous délecter à l’avance du premier single In Pathécolor, à travers lequel le trio semble avoir conjugué la joyeuse naïveté des premiers Pastels avec l’esprit du psychédélisme des rives de la baie de San Francisco qui les a vu naître. Continuer la lecture de « Ici et maintenant »

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Cindy reprend Françoise Hardy

Karina Gill (Cindy) / Photo : Mathieu Zazzo
Karina Gill (Cindy) / Photo : Mathieu Zazzo

Françoise Hardy a rendu son dernier souffle le 11 juin dernier. Plus de 60 ans nous séparent désormais de 1962, année bénie où la belle Françoise a composé la musique et les paroles de Tous les Garçons et les Filles, son premier succès, immortel emblème d’une époque. Peu d’artistes françaises, peut-être même aucune autre, auront subjugué autant de musiciens étrangers, de Bob Dylan à David Bowie, en passant par Iggy Pop, Graham Coxon, Damon Albarn, Jarvis Cocker, Stuart Murdoch et même Chuck D. de Public Enemy. A sa disparition, je me suis souvenu de ma première écoute de la superbe Et Surtout des Californiens de Cindy, chantée en Français. Continuer la lecture de « Cindy reprend Françoise Hardy »

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Kai Slater (Sharp Pins) ne peut plus s’arrêter

Kai Slater (Sharp Pins)  / Photo : DR
Kai Slater (Sharp Pins) / Photo : DR

La flamme de la pop ne s’éteindra donc jamais ? Le nouveau single de Sharp Pins vient le confirmer. En 2023, avec Turtle Rock, Kai Slater – gamin de Chicago d’à peine 20 ans et par ailleurs membre de Lifeguard -, avait délivré un premier album protéiforme, étonnant, et un peu foutraque, se plaisant aussi bien à marcher sur les plates-bandes de White Fence que de Sebadoh et Boyracer, avec une couleur vocale qui n’était pas sans rappeler parfois Marc Bolan, tout cela dans une atmosphère résolument lo-fi. Au menu, des tubes comme Bye Bye Basil ou I’m Breaking Down qui avaient laissé espérer un avenir prometteur. Radio DDR, l’album suivant, n’a non seulement pas déçu, mais étonné encore plus, par son ambition et son éclat. On avait compris que nous avions affaire à un surdoué au talent hors-norme. Continuer la lecture de « Kai Slater (Sharp Pins) ne peut plus s’arrêter »

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Shane MacGowan, Le légendaire chanteur des Pogues par Richard Balls (La Table Ronde)

Shane MacGowan, Le légendaire chanteur des Pogues Richard Balls La Table RondePour rendre justice au livre de Richard Balls, on pourrait reprendre la formule de Bob Dylan au sujet de Last Train to Memphis (la biographie d’Elvis par Peter Guralnick) : « Shane semble comme sortir ces pages, vous pouvez le sentir respirer. Ce livre annule tous les autres. » Certes, en nous lançant dans la lecture de cette très bonne traduction française, on pouvait se demander si après avoir visionné il y a quelques années Crock of Gold : a Few Rounds With Shane MacGowan de Julien Temple – fascinant documentaire consacré au génial barde punk anglo-irlandais -, nous avions encore quelque chose à apprendre sur lui. Et pourtant, ce livre qui se dévore d’une traite vient approfondir ce que le documentaire n’avait parfois fait qu’effleurer et se révèle plus passionnant encore. Richard Balls aura minutieusement enquêté pendant plusieurs années auprès de MacGowan lui-même, parvenant à lui arracher quelques difficiles mais essentielles confessions, entre deux sautes d’humeur alcoolisées. Tantôt disert ou muet comme une tombe, MacGowan aura donné du fil à retordre à Balls et il aura fallu beaucoup de patience et de tact à ce dernier pour parvenir à apprivoiser la bonhomme. Il faut aussi savoir que contrairement au commun des mortels, MacGowan ne distinguait à peine le jour de la nuit et le matin du soir, n’ayant aucune notion du temps ordinaire et pouvant vous laisser poireauter pendant des heures, apparaître et disparaître sans crier gare, se livrer à vous avec une exceptionnelle générosité ou vous envoyer sur les roses sans autre forme de procès. Continuer la lecture de « Shane MacGowan, Le légendaire chanteur des Pogues par Richard Balls (La Table Ronde) »

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Selectorama : Bruno Juffin

Photo : FB Le Boulon
Photo : FB Le Boulon

Les Clermontois connaissent bien Bruno Juffin, fine plume des Inrockuptibles dont ils ont maintes fois pu apercevoir la silhouette filiforme de dandy à la mèche toujours impeccable dès qu’un concert intéressant avait lieu en ville. Certains musiciens de ma connaissance l’ont même eu comme prof d’anglais au lycée : « Il me prêtait des disques de Moe Tucker et il nous a fait découvrir des films comme La Nuit du Chasseur ou Freaks… ». Il y a pire comme formation. Un autre me disait qu’il avait été sidéré il y a trente ans, lorsqu’il passait le bac, de voir ce doppelgänger de John Cale surveiller l’épreuve d’anglais tout en lisant un numéro des Inrocks (grand format) avec David Bowie en couverture. Quand je repense à mes profs d’anglais à moi, si compétents et sympathiques qu’il furent, j’ai du mal à les imaginer en train de poser sur des photos avec Lux Interior et Poison Ivy des Cramps ou aux côtés de David Johansen des New York Dolls ! Continuer la lecture de « Selectorama : Bruno Juffin »

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Magon, World Peace (autoproduit)

MagonCe qu’il y a de délicieux avec la musique, avec l’art en général, c’est que tout se passe comme si, grâce à eux, on pouvait à nouveau tomber amoureux un nombre indéfini de fois sans pour autant que ces attachements soient incompatibles entre eux, comme si on pouvait en quelque sorte vivre à l’infini l’impossible expérience d’un polyamour heureux. Parfois, alors qu’on se complaisait allègrement dans nos habitudes esthétiques, qu’on se contentait avec paresse d’écouter et de réécouter nos disques fétiches, on tombe par hasard sur un un artiste inconnu aux charmes duquel on se laisse prendre sans s’y attendre. On écoute une chanson – il s’agissait pour moi, avec Magon, de l’hypnotique Right Here (Did you Hear the Kids ?), 2023 – et commence alors le premier moment de la fameuse cristallisation décrite par Stendhal.

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Selectorama : Marquis de Coco Nut (Les Lolitas)

Coco Nut & Françoise Cactus, 1986 / Photo : Christian Schulz
Coco Nut & Françoise Cactus, 1986 / Photo : Christian Schulz

Lorsqu’il a eu 18 ans dans les années 1980, Coco Neubauer – plus connu sous le surnom de Marquis de Coco Nut -, a été pris d’une folle envie de quitter Paris pour aller chercher l’aventure à Berlin, galvanisé par ses idoles musicales. Son envie ? Créer un groupe au plus tôt et se vouer corps et âme au rock and roll. L’histoire est à peine croyable mais en 1981, au bout de seulement une semaine dans la capitale allemande, il rencontre la formidable Françoise Cactus – très regrettée frontgirl des magnifiques Stereo Total, disparue en 2017 -, avec laquelle il formera bientôt les Lolitas. Entre 1986 et 1992, ils sortiront pas moins de 7 albums, notamment sur les labels allemands What’s so Funny About… et Vielklang ainsi qu’une palanquée de singles et EPs dont certains, comme le 45 tours comprenant l’excellente Touche Moi, sont sortis sur le label français New Rose mené par Patrick Mathé et Louis Thévenon, les transformant en camarades de label de Johnny Thunders et des New York Dolls ! Un de leur album – Fusée d’amour (1989) – sera même produit par Alex Chilton ! L’exil berlinois aura été salutaire… Le Marquis de Coco Nut vivra plus tard 8 ans en Guadeloupe et ne cessera de sillonner les États-Unis, de Memphis à la Nouvelle-Orléans. Continuer la lecture de « Selectorama : Marquis de Coco Nut (Les Lolitas) »