Les astronomes savent que parmi les innombrables corps célestes qui peuplent la galaxie, se trouvent des planètes dites « vagabondes », mondes libres et solitaires qui ne sont rattachés à aucune étoile mère, mais qui errent dans l’espace à leur propre guise. Magon est une de ces planètes. D’abord parce que cet Israélien de parents irakiens, qui a vécu a Paris et a déménagé au Costa Rica semble avoir choisi d’être citoyen du monde, et par ailleurs parce que sa musique ne semble appartenir à aucune chapelle. Si on devine certaines de ses influences, aucun mimétisme n’est à déplorer. On est loin de ces groupes qui cochent toutes les cases d’un genre et auraient pu être générés par quelque CHAT GPT indie. Au contraire, Magon a sa propre identité, multiple certes, mais toujours singulière et cohérente. Écoutons par exemple King Of Nothing – qu’on trouve sur le premier album Out in the Dark sorti en 2019 -, titre proche de l’univers des Pixies période Bossanova, avec ses suites d’accord digne du Black Francis des meilleurs jours, morceau dont le chant, dans la partie finale, rappelle Jonathan Richman et ses Modern Lovers. L’esprit de Joey Santiago se retrouve également dans le son de guitare de l’excellente Forever de l’album In the Blue (2021), mais pour ma part, c’est avec l’hypnotique Right Here apparaissant sur le LP Did you Here the Kids sorti en2023 – genre de morceau qui donne envie de rouler sur une autoroute perdue lynchéenne – que je me suis laissé convaincre par Magon. Continuer la lecture de « Selectorama : Magon »
Auteur : Baptiste Fick
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Selectorama : Food Fight
Tout n’est pas perdu pour le rock hexagonal. Les Rennais de Food Fight nous l’avaient déjà démontré en 2021, année de la sortie de leur E.P. éponyme, sur lequel apparaissait le titre-phare Shenanigans, qui nous avait bigrement enthousiasmés, laissant entrevoir un futur prometteur pour le groupe. Trois ans plus tard, après avoir sillonné la France en long en large et à travers, le quatuor vient tout juste de sortir son premier album, Zeitgeist Impressions, généreux en riffs et en mélodies accrocheuses. Cultivant sans vergogne l’imaginaire mod, biberonnés à la power pop de la fin des seventies, les quatre Bretons pourraient tout aussi bien être brittons. Continuer la lecture de « Selectorama : Food Fight »
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Ishka Edmeades (Tee Vee Repairmann) : heureux comme un punk en Australie
Depuis une quinzaine d’années, l’Australie semble être devenue la nouvelle Terre Promise du rock and roll. Les gamins y forment incessamment de nouveaux groupes et courent voir des concerts, chose surprenante quand ont voit qu’en France par exemple, le rock est devenu une affaire de quadras, voire de quinquas, au vu de tous les chauves et des têtes chenues qu’on observe majoritairement dans les salles de concerts et même sur scène. En Australie, quelques formations et artistes des antipodes comme Tame Impala, Courtney Barnett et plus récemment Amyl and the Sniffers ont réussi à connaître un véritable succès mondial, parvenant à s’extraire de l’étroit microcosme indie. Les jeunes painques boutonneux à mulets de The Chats sont même parvenus à réaliser l’invraisemblable en atteignant plus de 20 millions de vues sur Youtube avec leur hilarant hit Smoko. Continuer la lecture de « Ishka Edmeades (Tee Vee Repairmann) : heureux comme un punk en Australie »
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Selectorama : Diode
Depuis quelques années – on ne va pas s’en plaindre – un petit club de groupes américains ont su redonner du lustre au post-punk, constituant un nouveau sous-courant que quelques obsédés de la catégorisation ont nommé egg punk. Leurs noms ? Lithics, Snõõper ou encore Diode, pour ne nommer que les plus intéressants d’entre eux. S’abreuvant aux meilleures sources, ils ont notamment emprunté à Devo une certaine raideur rythmique mécanique ainsi que cette façon de chanter toute robotique qui a fait la gloire du quintette de Milwaukee. Ils se distinguent néanmoins de leurs illustres mentors par une production plus brute et sans chichis, plus caractéristique du punk pur sucre. Mais chez Diode, on apprécie particulièrement l’usage de synthés vintage et minimalistes, qui ajoute une dimension presque pop à l’ensemble. On ne
résiste pas non plus à la voix de furie de la charismatique Kiana (KT dans ce Selecto) qui apporte un grain de folie très réjouissant à la musique des Californiens. On recommandera à ceux qui découvriraient Diode aujourd’hui d’aller jeter une oreille aux excellents morceaux que sont Tomothy, Ugly, ou la formidable Card Dealer, meilleur titre de 2, leur dernier disque sorti cette année sur le très estimable label Under The Gun Records. Kiana, Theo et Vinny se sont prêtés au jeu du Selectorama, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on s’attendait pas à y trouver le dernier morceau ! Continuer la lecture de « Selectorama : Diode »
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Selectorama : Ian Svenonius
Ian Svenonius n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Depuis plus de 35 ans, avec pas moins de 20 albums sortis sous différentes bannières – Nation of Ulysses, Cupid Car Club, Weird War, The Make-Up, Chain and the Gang etc. – et des milliers de concerts à travers le monde, le dandy rocker de Washington D.C. n’a eu de cesse de donner de sa personne. Le voici de retour avec le savoureux nouveau single Black Gold, extrait de l’album Charge Of The Love Brigade, à paraître dans les semaines qui viennent sous l’avatar d’Escape-ism. Je parle de retour mais depuis 2017, Escape-ism a été omniprésent, sortant tout de même 4 albums coup sur coup – notamment le remarquable The Lost Record – ainsi que l’admirable single Rebel Outlaw en février dernier, qu’on a écouté et réécouté compulsivement depuis. Svenonius avait même eu l’humour culotté de faire presser en vinyle The Silent Record – désormais épuisé –, disque entièrement silencieux, sorte de version musicale du Carré blanc sur fond blanc de Kasimir Malevitch. John Cage aurait certainement apprécié ! En 2017, Svenonius s’était également offert le plaisir de publier un livre désopilant ; Stratégies occultes pour monter un groupe de rock, ouvrage dans lequel on avait retrouvé tout l’esprit facétieux de ses délectables interviews. Continuer la lecture de « Selectorama : Ian Svenonius »
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Selectorama : Cassie Ramone
C’était il y a bientôt 15 ans déjà. Nous étions sur la fin de la première décennie des années 2000, inaugurée par le retour en force des groupes de rock comme The Strokes, The White Stripes, Yeah Yeah Yeahs, Black Rebel Motorcycle Club et autres Art Brut. En 2008, alors que Jay Reatard débutait en force sa carrière solo et que Crystal Stilts, Dum Dum Girls et Brilliant Colors n’allaient pas tarder à entrer à leur tour dans l’arène, sortait le premier album décapant des Vivian Girls, trio pop/punk/garage basé à Brooklyn. Le savant mélange de grosses guitares à de savoureuses mélodies harmonisées façon Shangri-Las bourgeonnant comme des roses au milieu des orties, évoquait beaucoup Black Tambourine, l’incontournable groupe de Mike Schulman. Malgré le passage du temps, des titres comme Damaged, Going Insane ou comme l’excellente Where Do You Run demeurent toujours aussi percutants et réjouissants. On n’a pas non plus oublié des perles comme I Can’t Get Over You – dont la partie vocale finale me serre à chaque fois le cœur – ou The Desert, qu’on trouve sur Everything Goes Wrong, le deuxième des quatre disques qu’auront sorti les new-yorkaises entre 2008 et 2019. Continuer la lecture de « Selectorama : Cassie Ramone »
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Selectorama : Nervous Twitch
Voici déjà trois ans ici-même, nous avions chanté les louages de Nervous Twitch, trio pop originaire de Leeds, toujours en (sur)activité et en pleine forme. Alors qu’ils viennent de boucler une tournée française de quatre dates, dont une à Paris dans le cadre de l’indispensable Paris Popfest, le groupe emmené par la chanteuse et bassiste Erin Van Rumble enchaîne actuellement les concerts en terre d’Albion pour défendre son tout nouveau disque Odd Socks, compilation de titres inédits. En 2022, les trois compères étaient déjà revenus en force avec Some People Never Change, sur lesquels on retrouve le tube History of the Wild West, le très pixiesien Forgive Yourself – qu’on croirait chanté par Joan Jett – où l’excellente You Never Let Me Down, qui rappelle les ballades enfantines que chérissaient jadis les Television Personalities, ou encore la touchante Like A Snowball. Continuer la lecture de « Selectorama : Nervous Twitch »