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L’envol cosmique de Tänzmachine II

Tänzmachine II / Photo : Herzfeld
Tänzmachine II / Photo : Herzfeld

Chez Herzfeld, qui fêtera bientôt ses 20 ans, après avoir longtemps tracé un chemin folk donnant vers le Grand Est, on aime désormais aussi jouer avec les concepts et les genres établis. Récréation jonglait avec les références comme des classiques jetés en l’air, juste pour voir le bruit qu’ils feraient en retombant par terre. Tänzmachine II s’est formé sur l’idée d’une compilation de groupes fictifs, abandonnée en 2022. Revoici le duo désormais incarné par Léo H. Godot (Ex-Sinaïve, Récréation) à la musique et Marie Lagabbe (Récréation) au chant, avec un petit tour de piste d’Olivier Stula (A Second Of June, Récréation et Vaillant, bientôt de retour sur LP) à la sitare. Le résultat prend la forme d’une incroyable épopée kraut de près de 17 minutes, où l’on imaginerait bien cette voiture sur l’autoroute dans le clip prendre une envolée totalement cosmique, quittant la terre et ses pays énoncés, et célébrant funestement la fin des Nations. Message personnel à son auteur : jouez-nous cela sur scène avant de partir hanter les caves d’affinage.


Tänzmachine I par Tänzmachine II est sorti aujourd’hui en digital sur Herzfeld.

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Attention le tapis s’envole

Attention le tapis prend feu aux Magasins Généraux à Pantin / Photo : TS
Attention le tapis prend feu aux Magasins Généraux à Pantin / Photo : TS

Hier soir, on a eu subitement l’impression d’être plongés dans une version retro-futuriste d’Alice au Pays des Merveilles, et c’est suffisamment rare pour qu’on ait eu l’envie de se laisser prendre au jeu. Martin Mahieu et Carla Descazals étaient magnifiques dans leurs costumes de conte de fées entourés des sculptures d’animaux XXL en papier mâché de Valentine Gardiennet, exposées au Magasins Généraux à Pantin. Leur pop éthérée embrasse tout ce qu’ils aiment, autant les guitares shoegaze et noisy que les rythmes électroniques, allant parfois presque jusqu’à une version manga de la techno. Les paroles sont comme un journal intime ado, désabusé et poétique. Et sous ce vernis emo-teen, une vraie profondeur d’âme. Aujourd’hui sort Violette (rework), et comme on n’a jamais vraiment parlé d’eux (à tort), voici ce titre conçu comme une extension de leur troisième album boom boom duplicata sorti en décembre dernier sur Illogique Musique et Entre-soi. « Une histoire d’amour au féminin sur guitare éthérée et sea-recordings », comme ils disent. Promis, on n’oubliera plus de se plonger dans leur univers complètement déconnectant aux sentiments si précieux. Continuer la lecture de « Attention le tapis s’envole »

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Messieurs-dames, on ferme !

Trois lieux emblématiques d’une scène indé parisienne fragilisée ferment leurs portes ce printemps.

Le Motel à Paris, hier soir vers 3 heures du matin. / Photo : TS
Le Motel à Paris, hier soir vers 3 heures du matin. / Photo : TS

Hier soir, il y avait foule devant Le Motel, à deux encablures de Bastille. Le cœur des indie heads était réuni passage Josset pour boire une dernière pinte avant fermeture définitive, avec quelques pincements ici et là à l’évocation des souvenirs. Une chorale d’habitués chantait Common People à tue-tête à l’intérieur, une foule compacte frissonnait sur le trottoir, et Tali et ses comparses transformaient les dernières gouttes de bière en petites larmes à l’œil. La dernière soirée de ce lieu symbolique où tant de musicien.nes sont passé.es et où tant de groupes se sont formés, avec 18 ans au compteur, tourne une page de l’histoire de la pop et de l’indie parisienne. Continuer la lecture de « Messieurs-dames, on ferme ! »

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Chiens de Faïence reprend Brigitte Fontaine

On vous en a déjà parlé à plusieurs reprises, on adore la pop fragile diy, probablement conçue entre la table basse et le canapé et les prestations scéniques désarmantes de Chiens de Faïence. Cette fois, pour célébrer le retour de notre rubrique Jeudi Cover, on les a pris au dépourvu du partage d’une reprise de Brigitte Fontaine. Trois minutes après le postage du titre lundi sur les réseaux, j’ai envoyé un message à Harmonie Aupetit en lui demandant si on pouvait la proposer dans notre rubrique. Réponse immédiate : « Oui grave ! Merci 🥰🥰 ». Voici Il s’en Passe, très jolie balade originalement écrite et chantée par la grande Brigitte et mise en musique par l’indispensable Areski en 2009. Le résultat est plus épuré mais pas moins magnifique, et les voix d’Harmonie, Boris Cuisinier et Malo Vannet s’y mélangent avec grâce et douceur, en contrepoint au piquant des paroles. Tout à fait le genre de choses dont on a fortement besoin ces temps-ci, car oui, Il s’en Passe, chéri.
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Selectorama : Biche

Biche / Photo : Greg Ponthus
Biche / Photo : Greg Ponthus

Avec en signal annonciateur fort, le single Déjà-Vu sorti en catimini l’année dernière, on sentait une petite révolution en mouvement chez Biche. Le quintette a mis son temps pour réfléchir à l’évolution de leur projet, parti d’une pop alanguie aux guitares boisées, aux influences marquées sixities et seventies, que Burgalat himself n’aurait pas renié. Petits crépitements parasites et sonorités résolument plus électroniques viennent donner le ton, et soulignent la présence grandissante des machines dans nos vies. Avec Le Code, leur deuxième single, tout semblait plus clair, Alexis Fugain, Thomas Subiranin, Alexis Croisé, Brice Lenoble et Florian Adrien ont eu envie d’accélerer le tempo, beaucoup plus élastique et rebondissant que précédemment. Ils auront peut-être tardé à revenir, mais B.I.C.H.E. est une superbe collection de petits tubes (Americanism) et de chansons attachantes (Labrador), et de merveilles bubble gum pop (La Spirale) interprétées avec la douceur d’un Pierre Barouh par Alexis, qu’on a adoré revoir sur scène en cette fin janvier en format trio aux côtés de En Attendant Ana. Pour nous, il révèle quelques-uns des titres qui ont compté pour la création de ce nouvel album autoproduit.

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Des étoiles dans les yeux de Betty

Betty / Photo : Jules Vandale
Betty / Photo : Jules Vandale

Il y a quelque chose de très fraternel dans les petits groupes qui émaillent la scène indie francilienne. Beaucoup de projets en commun, de transferts de musiciens d’un groupe à l’autre, de soirées passées à voir les uns ou les autres sur scène, avec dans le public, souvent un certain nombre de membres desdites formations venus encourager les amis. Betty en est un excellent exemple : l’idée est partie d’un travail en solo de Rémi Studer, qui a composé des morceaux pendant plusieurs années de son côté, en mode bedroom pop. Le dénominateur en commun entre lui et cette scène fut Jérôme Ganivet de Belmont Witch, qui l’a aidé à concrétiser ses rêves, il y a une dizaine d’années déjà. Tous les deux ont enregistré des démos, avec Sparklehorse, Sebadoh ou Pinback dans le rétroviseur. La vie n’a pas été clémente, et Jérôme s’en est allé. Grâce à Michele (toujours Belmont Witch), Rémi a intégré Eggs et de fil en aiguille, Manolo Freitas (Hobby et Eggs aussi) et Isabella Green Catani (Dog Park) ont rejoint Betty. Après un EP l’an dernier, le trio sort son premier album masterisé par Côme Ranjard, Reminder, comme un rappel du chemin parcouru. Continuer la lecture de « Des étoiles dans les yeux de Betty »

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Sous Surveillance : Diana Vaughan

Diana Vaughan
Diana Vaughan / Photo : Kiki de Saint Supplice

On ne va pas prétendre le contraire, nous n’étions pas dans les meilleurs dispositions au début de la soirée Womb au Sample à Bagnolet ce 16 janvier dernier. Nous nous y étions rendus pour écouter notre Ela Orleans bien-aimée, mais la nouvelle du départ de David Lynch, apprise quelques minutes avant le début de son set, nous avait coupé l’herbe sous les pieds. Il ne fut alors pas tellement question de s’attarder sur place, mais le destin en a décidé autrement. Juste après jouait un tandem totalement inconnu au bataillon, elle à la flûte traversière, lui à la basse, les deux aux synthés, qui apparemment n’en étaient pas loin de leur premier concert. Diana Vaughan, ce nom qui fait instantanément penser à une actrice hollywoodienne ou une auteure de romans du siècle dernier, n’est en fait que le nom de plume de Léo Taxil (*), un pamphlétiste anticlérical du XIXe. Suffisamment intrigant pour nous donner envie d’en savoir un peu plus. Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Diana Vaughan »

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So long, Marianne.

La guitare Martin D-X1AE utilisée sur les albums "Give My Love To London" et "Negative Capability" photographiée chez Marianne Faithfull pour les enchères Sotheby's.
La guitare Martin D-X1AE utilisée sur les albums « Give My Love To London » et « Negative Capability » photographiée chez Marianne Faithfull pour les enchères Sotheby’s (détail).

Je me souviens de son parfum, L’Ombre dans l’eau, qui habitait toutes les pièces de son appartement luxueux de la rue d’Anjou, près de Madeleine, à Paris. Du tatouage d’une petite hirondelle au creux de sa main gauche, presque complètement délavé par toutes ses années d’infortune. Continuer la lecture de « So long, Marianne. »