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Pole – Le temps distordu

Figure tutélaire du genre dubtronica, Pole vient présenter son LP « Tempus » au Festival BBMix ce week-end.

Stefan Betke / Pole
Stefan Betke / Pole

Tempus (Mute records), nouvel album de l’allemand Stefan Betke et de son projet principal Pole, creuse un sillon inauguré il y a plus d’une vingtaine d’années avec sa fameuse trilogie Pole 1, 2 et 3. Une dubtronica abstraite et froide, conceptuelle et expérimentale, qui est assurément l’une des aventures esthétiques les plus passionnantes de la scène électronique allemande contemporaine. Nous avons pu rencontrer Stefan Betke à l’occasion de son passage au festival BBMix le 26 novembre, et évoquer avec lui une œuvre aussi fascinante qu’indispensable. Continuer la lecture de « Pole – Le temps distordu »

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V/A, Hallo 22, DDR Funk & Soul von 1971 – 1981 (Sony Music Allemagne)

En 2022, les rééditions et compilations tournent toujours à plein régime. Un petit tour chez votre disquaire et vous voilà parti dans une contrée lointaine, en Afrique ou en Asie, à la recherche d’un nouveau Graal. Paradoxalement, cette quête effrénée de disques à rééditer ne touche que marginalement la production européenne. La musique socialiste des années 60-70-80 semble ainsi être souvent un angle mort de l’intérêt général actuel pour l’extérieur du spectre anglophone. Il y a certes quelques compilations sur la scène tchécoslovaque (Czech Up, Munster), roumaine (Hai Noroc!667 records) ou yougoslave (Jugoton FunkCroatia Records) mais rien de comparable avec le flot de rééditions actuel. Hallo 22 témoigne également de ce sentiment : la compilation, proposée par Sony Allemagne, ne semble pas distribuée en Europe. Continuer la lecture de « V/A, Hallo 22, DDR Funk & Soul von 1971 – 1981 (Sony Music Allemagne) »

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Un monde nouveau

Une des têtes pensantes du groupe krautrock Neu! revient sur son parcours à l’occasion de son passage au festival BBMix

Michael Rother / Photo : Vittoria Maccabruni
Michael Rother / Photo : Vittoria Maccabruni

Il y a cinquante ans, le guitariste Michael Rother et le batteur Klaus Dinger, fraichement échappés de Kraftwerk, enregistraient sous le nom de Neu! l’un des albums les plus importants de toute l’histoire du rock, un disque dont les inventions saisissantes et la radicalité formelle permirent notamment d’imposer, avec force et autorité, l’idée d’un krautrock visionnaire, hypnotique et très physique qui n’a jamais cessé d’apparaître comme l’une des principales sources d’inspiration de certains des plus fameux acteurs du rock de ces cinq dernières décennies. Pour célébrer cet anniversaire, le label Grönland ressort l’intégrale du duo (les trois albums, tous indispensables, plus les désormais inévitables sessions de 1986) augmentée d’un album de remixes inédits impliquant Mogwai, The National, Idles ou Yann Tiersen, entre autres, le tout présenté dans un somptueux coffret orange. Continuer la lecture de « Un monde nouveau »

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Klaus Schulze, Moondawn (1976, Brain)

Le 26 avril 2022, Klaus Schulze rejoignait Edgar Froese, parti lui en 2015, dans le cosmos. Les deux furent les principaux architectes célestes de la Berlin School dans les années 70. Ils contribuèrent ainsi à faire de la future capitale allemande un haut lieu de la musique planante et expérimentale. La carrière de l’intéressé démarre au milieu de la décennie précédente. En pleine vague psychédélique, il joue de la batterie au sein de Psy Free, un trio art rock n’ayant laissé aucun enregistrement. Il rejoint ensuite Tangerine Dream, toujours derrière les fûts. Il participe à l’enregistrement d’Electronic Meditation (1970), avant de quitter le groupe suite à des désaccords avec Froese. Son goût pour l’expérimentation pousse en effet Klaus Schulze à utiliser des bandes d’orgue trafiquées pendant les concerts, contre la volonté du leader de Tangerine Dream. Continuer la lecture de « Klaus Schulze, Moondawn (1976, Brain) »

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Climats #17 : Jens Lekman, Juli Zeh

This could be the saddest dusk ever seen
You turn to a miracle high-alive
Michael Stipe

Peut-on écouter Vauxhall and I de Morrissey sous le franc soleil de juillet ? Et un Antônio Carlos Jobim empêtré dans un crachin de février, c’est toujours du Antônio Carlos Jobim ? Climats met en avant les sorties disques et livres selon la météo. Continuer la lecture de « Climats #17 : Jens Lekman, Juli Zeh »

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Les rêves lo-fi de Luke Lover

Tout premier disque désarmant pour l’allemand originaire de Constance

Luke Lover
Luke Lover / Photo : Lynn Gerstmair

Du côté de Constance en Allemagne, Lukas Stadler aka Luke Lover joue dans le groupe garage punk The Jimmy’s, et participe à l’aventure au Horst Klub, salle de concert-skatepark nichée au bord du lac de Constance côté Helvète. N’interrogez pas vos moteurs de recherche préférés, le voici avec une première cassette chez Hidden Bay records (un label toulousain que l’on aime beaucoup) et We don’t Make It Records, la maison Suisse de Romain Savary de Léopardo, dont on vous a également déjà parlé. Continuer la lecture de « Les rêves lo-fi de Luke Lover »

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Gas, Der Lange Marsch (Kompakt)

GasQu’elle emprunte un chemin ou un autre, la musique de Wolfgang Voigt, co-fondateur du légendaire label électronique allemand Kompakt, se reconnaît entre mille. Der Lange Marsch (« la longue marche » pour les non-germanistes) ne fait pas exemption à la règle et s’inscrit dans la droite lignée des œuvres du producteur depuis la réanimation de son projet Gas au mitan des années 2010. Un foisonnement d’effets ambient enveloppe dès les premières secondes l’auditeur qui, s’il y consent, s’en ira pour une longue échappée (presque 70 minutes) hypnotique, poisseuse, parfois lumineuse aussi, baignant dans des vagues orchestrales empruntées à la musique symphonique et portée par une pulsation sourde et éthérée, un rythme lourd et plus puissant qu’à l’accoutumée qui disparait et revient comme issu d’un songe. Continuer la lecture de « Gas, Der Lange Marsch (Kompakt) »

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Jean-Hervé Peron (Faust) : « Nous étions autodestructeurs »

Faust
Faust en 1971 / Photo : Juergen d. Ensthaler

Cinquante années après la sortie de son premier album, Faust reste un groupe dont beaucoup connaissent le nom, mais peu connaissent la musique. Polydor, leur premier label, pensait pourtant signer les Beatles Allemands. Si le parallèle fonctionne au niveau de l’innovation technologique, des expérimentations et d’une influence pour les artistes des décennies à venir, dans sa première incarnation, les membres de Faust ont, à l’opposé, donné le meilleur d’eux-mêmes pour s’assurer un suicide commercial constant. Tensions internes, refus de tout compromis, concerts chaotiques, tout était réuni pour créer un cocktail explosif et une musique hors norme et exceptionnelle. Le coffret 1971-1974 récemment sorti chez Bureau B permet de mesurer à quel point leurs idées ont été empruntées par The Fall, Sonic Youth, Joy Division, PIL et tant d’autres. C’est à l’occasion d’un étonnant concert Faust IV donné fin novembre au festival BBMix de Boulogne-Billancourt que Jean-Hervé Péron, membre fondateur de Faust, nous a accordé une interview rétrospective dont les détails et les anecdotes permettent de réaliser à quel point ce groupe a été et restera hors norme. Continuer la lecture de « Jean-Hervé Peron (Faust) : « Nous étions autodestructeurs » »