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Le club du samedi soir #9 – Tales Of The Riverbank, the genius of Ian Broudie

Pour beaucoup, la carrière de Ian Broudie se résume à Lightning Seeds, groupe qu’il a fondé en 1989 et qui a rencontré un énorme succès outre-manche. Ce serait oublier la richesse d’un parcours qui a commencé sur les cendres de la scène punk de Liverpool. Aux côtés d’Holly Johnson et de Bill Drummond, il se fait remarquer au sein de Big In Japan. Dès leur séparation, il ne cessera d’alterner entre projets au sein de différentes formations (Original Mirrors, Care, Bette Bright and the Illuminations) et une carrière de producteur entamée en 1980 avec le single Rescue d’Echo & The Bunnymen. Avant de fonder Lightning Seeds en 1989, on le retrouve associé à la production de plusieurs albums majeurs dont certains pour The Pale Fountains, The Colourfield, The Fall ou bien Noir Désir. Si certaines collaborations n’ont pas toujours bien vieilli (on lui reproche souvent d’avoir massacré le premier album de Shack, Zilch), il a su s’adapter aux principaux mouvements musicaux trois décennies durant avant de quasiment disparaître de la circulation en 2009. La musique qu’il publiait alors sous son propre nom, le trop méconnu Tales Told ou avec Lightning Seeds, le magnifique Four Winds, était en total décalage avec son travail pour les dispensables et déjà oubliés The Subways ou The Automatic. Il se contente depuis de tourner au royaume-uni avec Lightning Seeds. En attendant avec impatience un retour discographique, cette playlist rend un hommage à cet acteur incontournable et trop discret de la pop de ces quarante dernières années.  Continuer la lecture de « Le club du samedi soir #9 – Tales Of The Riverbank, the genius of Ian Broudie »

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Le club du samedi soir # 7 : Dreams Never End

Marc-Aurèle, bronze, Italie / Photo : © RMN-Grand Palais (Musée du Louvre), Stéphane Maréchalle

Alors que nous n’étions qu’au tout début de l’étrange épisode du confinement, un philosophe avait prescrit la lecture du stoïcien Marc Aurèle comme remède à nos inquiétudes. Selon lui, la raison et la lucidité seraient nos meilleures alliées pour exorciser nos angoisses et neutraliser nos inévitables coups de déprime. On peinerait à le contredire complètement. Pourtant, on aurait pu lui faire remarquer que l’imaginaire et l’illusion sont peut-être plus vitaux encore pour traverser les péripéties de l’existence. Comment aurions-nous pu supporter notre pesante oisiveté forcée sans le recours à la fiction, aux rêves éveillés que nous procurent les romans, les films et bien sûr la musique, sans laquelle la vie ne serait qu’une erreur et un exil, selon la célèbre formule de Nietzsche ? Dans les moments difficiles, il m’a toujours semblé que l’écoute d’une bonne chanson pop était d’un secours bien plus efficace que n’importe quel précepte de sagesse antique. Continuer la lecture de « Le club du samedi soir # 7 : Dreams Never End »

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Le club du samedi soir # 6 : les joies de l’entre-soi

Inscrit au fronton de cette ouverte maison, probablement parce que régulièrement vilipendé et ne cessant de grimper au hit-parade des maux du siècle, l’entre-soi a tôt fait d’irriguer les champs du rock et de la pop, principalement pour s’avérer le ferment d’honorables chansons plutôt que céder à la tentation du repli communautariste. Exercice d’admiration, tribut payé aux aînés, influence revendiquée ou béquille bien pratique, ces name-dropping songs ont ratissé large, au point que sous la plume de Nick Toshes le contingent des laissés pour compte ou des oubliés a eu droit au titre de Unsung Heroes of Rock’n’Roll. Dylan a pratiqué l’hommage plus souvent qu’à son tour (Song To Woody, Blind Willie McTell) avant d’être honoré par Bowie (Song for Bob Dylan), lequel à dû se contenter d’Isabelle Adjani. Sans balayer ces deux icônes, ni faire l’impasse sur d’autres (Syd Barrett, Brian Wilson, les Ramones, ou bien sûr les Beatles sont parmi les champions les plus souvent cités), on s’autorisera à arpenter nos territoires de prédilection, à organiser des numéros de duettistes ou à tirer sur la ficelle du marabout, quitte à évincer à regret d’obscurs ferrailleurs ou des comètes négligées. Ainsi Glenn Tipton, guitariste de Judas Priest, ou Bobby Jameson, respectivement chantés par Mark Kozelek et Ariel Pink, n’ont, vous m’en voyez marri, pas passé le cut. Il y en a d’autres, à foison, et on ne parle ici que de chansons où le nom de l’artiste ou du groupe apparait dans le titre. Sans compter mes oublis fortuits, que vous vous ferez fort de réparer.

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Le club du samedi soir # 4 : SF Bay Area

Départ pour la Baie de San Francisco, entre Oakland, San José, Palo Alto et Fremont pour un voyage dans le temps depuis les années 60 et ses diverses contestations au doux parfum de patchouli et autres herbes odorantes. Quelques années plus tard durant les années 70/80, on y trouvait les prémices du punk sauvage mais aussi expérimental autour de la salle Mabuhay Gardens, qui rassemblait la fine fleur des révoltés ou marginaux du coin. Puis dans une époque plus contemporaine, le renouveau « cool » de la ville, qui depuis quelques années ne laisse plus le choix aux musiciens et artistes de bouger en périphérie faute d’argent pour y vivre. Direction Oakland, qui devient à son tour un vivier de groupes. Continuer la lecture de « Le club du samedi soir # 4 : SF Bay Area »

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Le club du samedi soir #1 : Wes Anderson Fan Club

Wes Anderson, « The Darjeeling Unlimited », 2007.

Parce que j’ai toujours voulu être Margot Tenenbaum, son carré blond parfait retenu par une simple barrette, sa micro-robe sous son manteau de fourrure, écrivaine qui pleure dans sa baignoire avec une classe folle. Parce qu’il s’agit d’histoires de familles compliquées et que pour moi aussi, la famille, c’est compliqué. Parce que j’aime retrouver à chaque film cette troupe d’acteurs, ces visages que je connais bien, ni tout à fait les mêmes ni tout à fait ceux des autres. Parce que cette fidélité aux comédiens, le réalisateur la voue aussi à ses compositeurs, Mark Mothersbaugh et Alexandre Desplat, qu’il convoque de film en film. Parce que toutes les chansons figurant au générique démontrent le goût sûr d’un gars sûr, d’ailleurs l’élégance du mec, excusez-moi du peu. Parce que c’est un cinéma dans lequel tous les adultes sont des enfants à qui les enfants montrent le chemin à suivre. Parce que j’ai beaucoup lu Roald Dahl et que je ne m’en lasserai jamais. Parce que c’est un cinéma très écrit et dans lequel l’écrit tient une place essentielle, partout des livres, des notes manuscrites, des lettres, des messages codés, des chapitres et une histoire romanesque. Parce que la voix de Georges Clooney quand il dit autre chose que What else ? Parce que j’ai eu un labrador pendant 14 ans et que j’adore les chiens. Parce que j’ai toujours rêvé de déambuler dans les couloirs d’un palace, où des grooms en tenue à boutons dorés m’accompagneraient dans l’ascenseur et où il y aurait des coffre-forts cachés avec des trésors dedans. Parce que j’ai toujours été un peu amoureuse de Jason Schwartzman. Parce que mes enfants rient aux éclats quand Tilda Swinton déclare : Action Sociale, j’écoute. Parce que ces deux gamins sur la plage, lui avec sa toque en raton-laveur et elle qui transporte son mange-disque dans une valise, s’embrassent pour la première fois avant de se déhancher sur Le Temps de L’Amour. Continuer la lecture de « Le club du samedi soir #1 : Wes Anderson Fan Club »

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I Like 2 Stay Home #45 : Moderato silencio

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

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Le Testament d’Orphée, Jean Cocteau

Ils ne sont pas là pour les funérailles du poète parce qu’ils sont célèbres, mais « parce qu’ils sont mes amis » dit Cocteau au générique de son Testament d’Orphée (1959). Disons-le ici : Jeanette, Karina, les Gibb, Hepburn, Jobim ils sont mes amis. Alors certes, ils sont célèbres mais qu’importe ?

Cocteau toujours : pour ses vraies-fausses funérailles, autour de lui, personne d’autres que les tziganes pour pleurer le poète. Ceux-là même qui plus tôt l’accueillaient dans le monde des nôtres : homme-cheval et feu follet de la photo de Cégeste, imprécations et flamenco nuptiale ou funéraire, célébrant une vérité ancienne que les nomades conservent sur la terre. Le vieux cinéaste, qui en est à sa dernière excentricité, sait la chose très bien : cinéma donc feu donc épreuve de la joie fugace et crépitante — enregistrement = mort.

Le poète n’a qu’une famille : les nomades. Il n’a qu’une amitié : les sons les plus anciens, les plus triviaux, les plus impurs, la musique populaire. On dit ici populaire en son sens vrai : pas le genre Spotify, mais bien le plus vieux creuset de l’humanité, le son de la voix. Celle-ci qui fut enregistrée et dont vint la déraison, la passion, l’excitation, la mort. Enfance de l’art dit Godard du cinéma. Enfance de l’art dirons-nous pour la pop. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #45 : Moderato silencio »

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I Like 2 Fuck Home #43 : More Songs About Fucking

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

« Dans ton confinement je m’introduis, puisque Ovide dit ne faire que peu de cas des barrières qui masquent nos gestes les plus impurs. »

(Benoît Douvres, La porte étroite, Douchet-Fustel, 1969)

Absolument prépondérante, la question du sexe confiné ne transpire que trop peu de l’autre côté des verrous. De nouveaux fragments du discours amoureux s’écrivent pourtant, dans toutes les langues, à l’ombre de chambres à coucher désertées, dans la surchauffe de salons surpeuplés, sous la douche, sur des écrans, des réseaux, des lignes téléphoniques saturées de désirs ou de foutre, du bout des doigts, au creux de paumes ou de poignes étranglant la frustration, dans nos rêves humides, face à des Camgirls & boys qui vibrent ou ploient sous l’assaut du Bitcoin. Continuer la lecture de « I Like 2 Fuck Home #43 : More Songs About Fucking »

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I Like 2 Stay Home #42 : 26 inúteis paiságens

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Johan Larnouhet, Untitled, 2016, 180 x 180 cm, oil on canvas

Mais pour quoi?
Pourquoi tant de ciel,
Pourquoi tant de mer,
Pourquoi?
À quoi sert cette vague qui se brise
Et le vent de l’après-midi?
À quoi sert l’après-midi?
Paysage inutile.
Peut être
que tu ne viendras plus
Ne reviendra jamais.
À quoi servent les fleurs qui naissent
Sur le chemin, 
Si mon chemin
Solitaire n’est rien.
Ce n’est rien.
Ce n’est rien.

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