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Selectorama : Stéphane Oiry

Stéphane Oiry, autoportrait (2020)

L’étudiant en architecture à Strasbourg a bien changé : il est devenu un dessinateur accompli, auteur d’une poignée d’albums remarquables, dont, entre autres, deux volumes des Passe-Murailles (Les Humanos), trois des Pieds Nickelés (Delcourt), et surtout la série originale Maggy Garrisson, scénarisée par Lewis Trondheim pour Dupuis, sans oublier la biographie Lino Ventura et l’oeil de verre avec Arnaud Le Gouëfflec sortie l’an dernier chez Glénat. Par contre, il est resté tout autant passionné par la musique que par le passé. De fêtes estudiantines mémorables en petits groupes où il a joué dans sa jeunesse agitée, le lien intime avec le rock ne s’est jamais distendu, et sa carrière entière continue à résonner en parallèle avec la musique. Dans ce selectorama généreux, il choisit quelques titres qui ont marqué son parcours, agrémenté de moult anecdotes savoureuses sur les rencontres qui ont émaillé sa vie. Continuer la lecture de « Selectorama : Stéphane Oiry »

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Belkacem Meziane, Night Fever, 100 Hits qui ont fait le Disco (Le Mot et le Reste)

Un an à peine après On The One!, L’Histoire du Funk en 100 albums, déjà publié par la maison d’édition Le Mot et le Reste, le conférencier passionné Belkacem Meziane revient avec un ouvrage consacrée au disco : Night Fever, 100 Hits qui ont fait Le Disco. Le musicien français sort ainsi légèrement de sa zone de confort (le funk) pour nous proposer un tour d’horizon très complet du genre phare des années soixante dix. La structure de l’ouvrage suit la ligne éditoriale du Mot et du Reste : un essai d’une trentaine de page suivi d’une sélection de cent disques. Petite originalité, les morceaux remplacent judicieusement la sélection d’albums attendue. Cette singularité permet ainsi de mettre en valeur le format maxi 45 tours si important dans le genre. Dans les sillons amples des douze pouces, les remixeurs de génie (Walter Gibbons, Tom Moulton, Larry Levan etc.) étirent les chansons jusqu’à l’extase, loin des contraintes des sept pouces et des LP. Continuer la lecture de « Belkacem Meziane, Night Fever, 100 Hits qui ont fait le Disco (Le Mot et le Reste) »

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Johan Asherton – Passions partagées

Johan Asherton
Johan Asherton

Rendez-vous au bûcher à midi. Celui de Jeanne d’Arc, à Rouen. Pour ce qui est des vanités, elles se sont consumées depuis bien longtemps, si tant est qu’elles l’aient jamais vraiment animé. En cette première journée de liberté oisive, comme en prémisses encore incertains de l’été – météo normande oblige – il y a quelque chose de très émouvant à prendre le premier train du matin depuis bien longtemps pour rencontrer Johan Asherton sur ses terres. Avec une ponctualité à l’égale de son élégance, la silhouette s’avance, toujours aussi impressionnante, et les souvenirs affleurent en masse, surgis d’une époque d’avant l’accessibilité virtuelle instantanée, où la culture musicale s’assemblait comme un puzzle un peu secret, en collectionnant tant bien que mal des fragments confidentiels avant même de connaître le modèle à reproduire. Continuer la lecture de « Johan Asherton – Passions partagées »

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La stagione è gia passata *

Au sujet de Rococo, de Fabio Viscogliosi (2019, Objet Disque)

C’est un disque sorti il y a longtemps déjà, au milieu de l’automne 2019. C’est une musique qui écrit l’entre-deux, l’entre-deux saisons par exemple. Une musique de fin d’été qui réactive en moi, à chaque écoute, de façon nette et immédiate, la mémoire et les images d’un lac. Continuer la lecture de « La stagione è gia passata * »

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Diabologum, La Jeunesse est un Art (Ici D’ailleurs / L’autre Distribution)

Le grunge en France, rétrospectivement ? Il y a quelqu’un ? oh ? hého ? Il y a quelqu’un ?

Non, je ne crois pas, on est directement passé à autre chose parce qu’on est trop des petits malins. En France dans les années 90, le rock c’est devenu la fusion, un truc grotesque avec des types en short qui hurlaient en suant. Ah si, je me souviens un peu de groupes qui avait du matos mais pas trop de chansons, leurs noms commençaient aussi en D mais je ne les citerai pas. Il y en a même eu un qui avait un nom de la première brebis clonée, et encore eux, ils auront presque une décennie de retard, c’est vous dire l’affligeant niveau. Il y a bien Noir Désir, qui viennent de découvrir Fugazi et en renverseront un peu partout à la truelle sur leur célébre album Tostaky mais bon, on est plus au lycée, on est plus ou moins à la fac ou dans des écoles pour petits bourges, bref on tente plus ou moins et comme qui dirait de faire des études alors le toast, on le décline plus ou moins poliment. On est quand même en France, un pays dans lequel Nevermind de Nirvana a été distribué et plutôt bien vendu. Je vais les voir au Zenith d’ailleurs au printemps, en revenant d’un enterrement (ça ne s’invente pas…) et c’est proprement époustouflant, il y a même Teenage Fanclub en première partie, le seul concert pas top d’eux que j’ai vu mais bon, passons. Continuer la lecture de « Diabologum, La Jeunesse est un Art (Ici D’ailleurs / L’autre Distribution) »

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Diabologum : La jeunesse est un art

Entretiens avec Anne Tournerie, Pierre Capot et Michel Cloup

Diabologum / Photo : Valéry Lorenzo

Quand j’ai entrepris, il y a déjà deux ans, Les années Lithium, un numéro spécial de mon fanzine Langue Pendue, Diabologum était évidemment l’une de mes obsessions les plus vivaces. D’abord parce que je n’avais cessé d’écouter et de réécouter le #3 depuis sa sortie, mais aussi parce que leurs deux premiers albums, et surtout quelques faces B, Tannis Root, ici, De tels actes de renoncement, là, laissées à l’abandon sur le bas de quelques maxi CD, continuaient de me hanter, par leur nature même, indomptable, chaotique, approximative, comme un miroir d’une post adolescence en pleine ébullition, inconsciente de ses propres limites. Ces disques étaient finalement autant une invitation à vivre différemment que de simples modes d’emplois musicaux, et c’est en ça qu’ils ont eu une importance primordiale. Oui, ici, on pouvait faire quelque chose qui dépassait le stade de l’imitation, oui, on pouvait dire des choses, et les dire bien, avec des mots à eux, à nous. Tout pouvait changer, à un niveau intime, peut-être, mais pour nous en ces années 90, c’était déjà beaucoup. Si notre jeunesse était un art, seul Diabologum en avait trouvé la formule, une formule qui les conduirait doucement, en perdant des plumes en chemin, vers le #3, chef-d’œuvre générationnel. Clair. Continuer la lecture de « Diabologum : La jeunesse est un art »

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Joseph Fisher reprend « The White Cliffs of Dover » de Dame Vera Lynn (inédit)

La semaine dernière, nous croisions Joseph Fisher sur la micro-terrasse du Pop In, côté du boulevard des Filles du Calvaire, sous les rayons discrets d’un dimanche en fin d’après midi. Quelques mots échangés, et une proposition lancée à l’imprévu, celle d’une reprise pour nous, comme nous le proposons à quelques artistes dont nous sommes proches. Son choix serait le nôtre. Il a été rapide, puisqu’on a reçu cette après-midi ce morceau en hommage à Dame Vera Lynn, disparue aujourd’hui-même à 103 ans. Il nous explique son choix : « Nous sommes le 18 juin 2020 et Dame Vera Lynn vient tout juste de mourir. En France, elle est presque une inconnue mais au Royaume Uni, elle a, durant les longues années de la Seconde guerre mondiale, incarné la résistance de l’Angleterre aux bombardiers nazis qui, durant l’été de 1940, firent subir à Londres un Blitz meurtrier. Continuer la lecture de « Joseph Fisher reprend « The White Cliffs of Dover » de Dame Vera Lynn (inédit) »

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Selectorama : Vaisseau

Vaisseau

Depuis quelques semaines, il existe une véritable liturgie d’un culte voué à Tangerine Dream et Black Sabbath qu’on appelle le synth doom. Les uns sourient, d’ailleurs les intéressés eux-mêmes ne s’en privent pas, d’autres se vautrent des deux oreilles dans ce savoureux mélange de rock progressif, de heavy metal et de musique électronique. Horrors Waiting in Line en est pour l’instant l’unique représentant. C’est un disque de doom sans guitare, étrange, jouissif et probablement le plus audacieux du genre depuis des années. Il est l’œuvre de deux musiciens de Brest, deux metalheads passionnés et érudits. L’un d’eux (Ewenn, le batteur) n’est autre que le fondateur de l’excellent Totem Cats Records, le label de Dopethrone qui réédite Bongzilla ou le premier album de Sons of Otis, Spacejumbofudge (1996), la chapelle Sixtine du psych-doom. Du coup, et là c’est un peu de ma faute, la discussion a parfois viré à un enthousiaste name dropping de « groupes préférés ». Continuer la lecture de « Selectorama : Vaisseau »