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Radio Hito reprend «Dommage que tu sois mort» de Brigitte Fontaine (inédit)

Radio Hito / Photo : Vasantha Yogananthan.

Navigatrice aux ports d’attache et aux talents multiples, Y.-My Nguyen développe depuis plusieurs années des propositions sonores singulières qui tentent de trouver le lien juste entre le calque sensible d’un cheminement personnel et celui d’existants d’une diversité surprenante. Elle a sorti sous le nom de Radio Hito en mars dernier Non Solo Sole, son premier album cassette sur le label animé par TG Gondard, MIDI Fish, qui conjugue avec élégance — et souvent en italien — la voix des poètes et la sienne, et qui fait dialoguer nappes électroniques et mélodies savantes de claviers en lutte tendre entre l’ombre et la lumière. Elle ressuscite ici le plus grand poète vivant après Artaud et Rimbaud, c’est-à-dire Brigitte Fontaine, avec cette reprise de Dommage que tu sois mort.

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Le fond de la pop #1 : « la maladie de notre temps »

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Träumend / Miriam Cahn

Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit

Fugue de mort, Paul Celan.

Il y a toujours la possibilité d’une circulation dans la solitude. La solitude, dès lors qu’elle creuse son propre puits, dresse une carte dont les écailles et les archipels sont autant des souvenirs que des bruits, autant des inquiétudes que des couleurs. Or, la grande stupeur qui nous prend quand on s’y agenouille tient à cela : elle fait tenir sur un plan unique une boucle qui désordonne la vie. À sa fin, si nous l’atteignons jamais, sur le dernier rivage de son lac noir, tout se mêle. L’entrelacs de dimensions qui habitent ce puits bave. Ses composantes s’effondrent les unes dans les autres. La vie entière tient à des tâches d’acrylique dans l’eau : désordre. Elles nous apparaîtront plus tard, laiteuses et fondues, dans la texture de quelques nuits, à la lisière d’un souvenir d’enfance, sur le seuil d’une phrase où tout se brouillera. Il faudra alors les rendre à leur ventre, à leur liqueur séminale, à la solitude. Continuer la lecture de « Le fond de la pop #1 : « la maladie de notre temps » »

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Rock alternatif : le long remord

Berurier Noir, 7 février 1987, Salles des Fêtes d’Arcangues / via leur tumblr

Le confinement a eu ses effets indésirables. Nous allons évidemment devoir survivre à la vague des romans auto-introspectifs de circonstance, sans oublier tous ces albums réalisés « chez soi » qui se prendront pour des Basement Tapes ou du DIY. Pour beaucoup de ma classe d’âge, qui gravitent désormais dangereusement autour de la cinquantaine – car je ne suis pas un cas isolé –, ces deux mois et demi se révélèrent également un terrible moment pour revisiter notre si petite histoire, notre autobiographie musicale façon Haute Fidélité (ce livre terrifiant parce que si mauvais et tellement juste). Ressortir les vieux dossiers, solder les comptes personnels et inévitablement subir la visite des vieux souvenirs qui ne s’invitent jamais quand il le faut… Et découvrir tardivement qu’on ne choisit pas les disques de sa jeunesse. Parce que quelque part, nous appartenons à une génération sacrifiée, celle qui eut entre 15 ans et 25 ans dans les années 1980 et pour qui le rock alternatif fut un passage obligé, un rite initiatique (pardon Claude Lévi-Strauss ou Marcel Mauss), que cela plaise ou non, que cela fasse ou non joli dans une discussion entre érudits pré-deezer que nous sommes tous devenus. Ou bien que cela sonne creux pour les lecteurs des Inrocks ou de la RPM. Continuer la lecture de « Rock alternatif : le long remord »

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Les Marquises, La Battue (Les Disques Normal)

Il est temps de dire adieu aux tristesses juvéniles *

Jean-Sébastien Nouveau et Martin Duru, amis et complices depuis les années de lycée, forment le binôme du groupe lyonnais Les Marquises. Leur quatrième album, La Battue, est sorti au début du mois de juin. Toujours aussi beau et aventureux, sauvage et étonnamment mélodieux, pop et expérimental. Singulier en un mot. Tentative de décryptage. Continuer la lecture de « Les Marquises, La Battue (Les Disques Normal) »

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Biga*Ranx, Sunset Cassette (Brigante)

Le reggae, au sens large, est une musique historiquement liée à un mouvement messianique et c’est peu dire que ce genre musical d’origine jamaïcaine aime les prophètes, les miracles, les révélations. A ma microscopique échelle, je n’en avais pas connues de réelles vis-à-vis de ce genre musical, si ce n’est une inclinaison pour les esthétiques floues et protéiformes du dub, ou les sonorités actuelles fat qui infusent les genres croisés au hip hop britannique (du grime à la drill) et qui en descendent lointainement… En gros, sorti des encyclopédies Blood & Fire et des épais dictionnaires Soul Jazz, bien pratiques, je n’y connais pas grand chose, et j’ai manqué, sans doute, de bien épiques épisodes.

Et voilà que descend, du ciel nuageux de Tours, l’archange Gabriel (Gabriel > Gabi > Biga) qui vient me glisser à l’oreille son interprétation toute personnelle des sons jamaïcains. Continuer la lecture de « Biga*Ranx, Sunset Cassette (Brigante) »

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Selectorama : Stéphane Oiry

Stéphane Oiry, autoportrait (2020)

L’étudiant en architecture à Strasbourg a bien changé : il est devenu un dessinateur accompli, auteur d’une poignée d’albums remarquables, dont, entre autres, deux volumes des Passe-Murailles (Les Humanos), trois des Pieds Nickelés (Delcourt), et surtout la série originale Maggy Garrisson, scénarisée par Lewis Trondheim pour Dupuis, sans oublier la biographie Lino Ventura et l’oeil de verre avec Arnaud Le Gouëfflec sortie l’an dernier chez Glénat. Par contre, il est resté tout autant passionné par la musique que par le passé. De fêtes estudiantines mémorables en petits groupes où il a joué dans sa jeunesse agitée, le lien intime avec le rock ne s’est jamais distendu, et sa carrière entière continue à résonner en parallèle avec la musique. Dans ce selectorama généreux, il choisit quelques titres qui ont marqué son parcours, agrémenté de moult anecdotes savoureuses sur les rencontres qui ont émaillé sa vie. Continuer la lecture de « Selectorama : Stéphane Oiry »

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Belkacem Meziane, Night Fever, 100 Hits qui ont fait le Disco (Le Mot et le Reste)

Un an à peine après On The One!, L’Histoire du Funk en 100 albums, déjà publié par la maison d’édition Le Mot et le Reste, le conférencier passionné Belkacem Meziane revient avec un ouvrage consacrée au disco : Night Fever, 100 Hits qui ont fait Le Disco. Le musicien français sort ainsi légèrement de sa zone de confort (le funk) pour nous proposer un tour d’horizon très complet du genre phare des années soixante dix. La structure de l’ouvrage suit la ligne éditoriale du Mot et du Reste : un essai d’une trentaine de page suivi d’une sélection de cent disques. Petite originalité, les morceaux remplacent judicieusement la sélection d’albums attendue. Cette singularité permet ainsi de mettre en valeur le format maxi 45 tours si important dans le genre. Dans les sillons amples des douze pouces, les remixeurs de génie (Walter Gibbons, Tom Moulton, Larry Levan etc.) étirent les chansons jusqu’à l’extase, loin des contraintes des sept pouces et des LP. Continuer la lecture de « Belkacem Meziane, Night Fever, 100 Hits qui ont fait le Disco (Le Mot et le Reste) »

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Johan Asherton – Passions partagées

Johan Asherton
Johan Asherton

Rendez-vous au bûcher à midi. Celui de Jeanne d’Arc, à Rouen. Pour ce qui est des vanités, elles se sont consumées depuis bien longtemps, si tant est qu’elles l’aient jamais vraiment animé. En cette première journée de liberté oisive, comme en prémisses encore incertains de l’été – météo normande oblige – il y a quelque chose de très émouvant à prendre le premier train du matin depuis bien longtemps pour rencontrer Johan Asherton sur ses terres. Avec une ponctualité à l’égale de son élégance, la silhouette s’avance, toujours aussi impressionnante, et les souvenirs affleurent en masse, surgis d’une époque d’avant l’accessibilité virtuelle instantanée, où la culture musicale s’assemblait comme un puzzle un peu secret, en collectionnant tant bien que mal des fragments confidentiels avant même de connaître le modèle à reproduire. Continuer la lecture de « Johan Asherton – Passions partagées »