Catégories borne d'écouteÉtiquettes , , ,

Ici et maintenant

Now / Photo : DR
Now / Photo : DR

Après avoir fait le récent éloge du dernier single des Sharp Pins dans une borne d’écoute Section 26 pas plus tard que la semaine dernière, on tire à nouveau notre chapeau à Calvin Johnson, grand gourou de K Records, pour avoir eu le flair d’héberger le groupe Now sur son label-caverne d’Ali-Baba. En l’attente de l’album Now Does the Trip à venir en mai prochain, nous pouvons nous délecter à l’avance du premier single In Pathécolor, à travers lequel le trio semble avoir conjugué la joyeuse naïveté des premiers Pastels avec l’esprit du psychédélisme des rives de la baie de San Francisco qui les a vu naître. Continuer la lecture de « Ici et maintenant »

Catégories billet d’humeurÉtiquettes , , , ,

je ferme les yeux

À propos d’Hypnogram de Thurston Moore, extrait de Flow Critical Lucidity (Daydream Library)

Porquerolles / Photo : Sébastien Berlendis
Porquerolles / Photo : Sébastien Berlendis

J’avance le départ d’une journée, je quitte à la hâte la maison du Radar à côté du sémaphore dans les hauteurs de l’île de Porquerolles. Depuis le Cap d’Arme, je prends le temps de saluer, comme chaque matin, l’étendue bleue qui s’allonge et scintille —sans doute jusqu’aux côtes africaines. Malgré la lourdeur du sac, je descends en courant les premiers lacets, coupe à travers les champs d’oliviers. Continuer la lecture de « je ferme les yeux »

Catégories coverÉtiquettes , , , ,

Cindy reprend Françoise Hardy

Karina Gill (Cindy) / Photo : Mathieu Zazzo
Karina Gill (Cindy) / Photo : Mathieu Zazzo

Françoise Hardy a rendu son dernier souffle le 11 juin dernier. Plus de 60 ans nous séparent désormais de 1962, année bénie où la belle Françoise a composé la musique et les paroles de Tous les Garçons et les Filles, son premier succès, immortel emblème d’une époque. Peu d’artistes françaises, peut-être même aucune autre, auront subjugué autant de musiciens étrangers, de Bob Dylan à David Bowie, en passant par Iggy Pop, Graham Coxon, Damon Albarn, Jarvis Cocker, Stuart Murdoch et même Chuck D. de Public Enemy. A sa disparition, je me suis souvenu de ma première écoute de la superbe Et Surtout des Californiens de Cindy, chantée en Français. Continuer la lecture de « Cindy reprend Françoise Hardy »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Gary Louris, Dark Country (Thirty Tigers)

Qu’écrire de l’amour qui va et qui dure ?  Il n’est pas toujours aisé d’apporter une réponse satisfaisante – et, surtout, artistiquement convaincante – à cette interrogation aporétique lorsque l’on a choisi de creuser le sillon de son œuvre dans un registre musical qui, depuis ses origines, semble le plus adéquat pour évoquer les élans des premières passions adolescentes, l’intensité inégalable du coup de foudre ou les phases terminales et tempétueuses des déchirements. Bien moins pour célébrer, à tout juste soixante-dix ans, la sérénité apaisée de l’attachement réciproque au long cours. Pour une chanson, le couple tranquille n’est pas nécessairement un bon sujet : pas assez de vagues, de reliefs douloureux pour que l’on trouve un compte quelconque à écouter celui qui raconte calmement ses histoires de trains quotidiens qui ne cessent d’arriver à l’heure. Et pourtant, pour paraphraser ce brave Alfred, les chants d’amour les plus murs sont parfois les plus beaux. Et ceux de Gary Louris provoquent de purs sanglots. Continuer la lecture de « Gary Louris, Dark Country (Thirty Tigers) »

Catégories borne d'écouteÉtiquettes , , , ,

Kai Slater (Sharp Pins) ne peut plus s’arrêter

Kai Slater (Sharp Pins)  / Photo : DR
Kai Slater (Sharp Pins) / Photo : DR

La flamme de la pop ne s’éteindra donc jamais ? Le nouveau single de Sharp Pins vient le confirmer. En 2023, avec Turtle Rock, Kai Slater – gamin de Chicago d’à peine 20 ans et par ailleurs membre de Lifeguard -, avait délivré un premier album protéiforme, étonnant, et un peu foutraque, se plaisant aussi bien à marcher sur les plates-bandes de White Fence que de Sebadoh et Boyracer, avec une couleur vocale qui n’était pas sans rappeler parfois Marc Bolan, tout cela dans une atmosphère résolument lo-fi. Au menu, des tubes comme Bye Bye Basil ou I’m Breaking Down qui avaient laissé espérer un avenir prometteur. Radio DDR, l’album suivant, n’a non seulement pas déçu, mais étonné encore plus, par son ambition et son éclat. On avait compris que nous avions affaire à un surdoué au talent hors-norme. Continuer la lecture de « Kai Slater (Sharp Pins) ne peut plus s’arrêter »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , , ,

Horsegirl, Phonetics On and On (Matador Records)

On sait ce que l’on encoure, lorsque l’on sort un premier album parfait, acclamé par les critiques – « fascinant de la première à la dernière note » écrivait le NME à propos de Versions of Modern Performance en 2022 – et origine du succès public. Ce risque, c’est de générer de la déception chez ceux qui, jusqu’ici, résumaient l’essence du groupe à ce seul opus ; à savoir, chez Horsegirl, la prééminence de guitares robustes et distordues à la Sonic Youth, une culture DIY et un spleen subjuguants de la part de ces trois jeunes alors à peines sorti.es de l’adolescence.

Continuer la lecture de « Horsegirl, Phonetics On and On (Matador Records) »

Catégories mardi oldieÉtiquettes , , ,

Jeannie Piersol, The Nest (High Moon)

Jeannie PiersolLes tous premiers fils très subjectifs qui me rattachent viscéralement à cette histoire – celle de la scène psychédélique de San Francisco – ont commencé à se tisser en 1984. A douze ans, l’exploration des méandres d’une histoire musicale qui ne m’appartient déjà plus tout à fait s’apparente alors à une forme d’ascèse, méticuleuse et déceptive : les grands groupes dont les exploits révolus ne résonnent plus que dans la presse – parfois, aussi, dans Les Enfants du Rock – sont alors au tréfonds de la vague. Les rééditions sont introuvables dans ma banlieue et il faut s’échiner – tant bien que mal – à raccorder la légende lue à la médiocrité des œuvres disponibles. Continuer la lecture de « Jeannie Piersol, The Nest (High Moon) »

Catégories selectoramaÉtiquettes , , , , ,

Selectorama : Bob Dylan par François Gorin

Bob Dylan sur la pochette de son album "Highway 61 Revisited" (1965)
Bob Dylan sur la pochette de son album « Highway 61 Revisited » en 1965 (Détail)

My back pages, Dylan & eux par François Gorin (Le Boulon)Profondément dylanophile depuis toujours ou presque (situons la scène primitive, blonde sur blonde, autour de 1970), François Gorin avait, dès les pages de Rock&Folk dans les années 80, maintes fois abordé l’œuvre comme le personnage, mais moins frontalement qu’en contrebande, dans les interstices de textes qui ne lui étaient pas directement consacrés et sur lesquels planait néanmoins souvent son ombre portée. Une approche biaisée ou à revers, dénuée de tout prosélytisme, qui achèvera pourtant de convertir nombre d’entre nous, jusqu’aux plus réticents. Dylan réapparaitra évanescent ensuite dans Sur le rock (Éditions Lieu Commun, 1990 puis réédité aux Éditions de L’Olivier) où le titre du prologue avait déjà valeur d’avertissement : « Don’t look back ». Puis dans les pages de Télérama, notamment au cours d’une longue série, treize à la douzaine, de « Disques rayés ». Au-delà du succès rencontré par A Complete Unknown, le film de James Mangold en salles actuellement, le terrain de l’exégèse dylanesque est désormais à ce point balisé voire miné par une cohorte de thuriféraires, Greil Marcus en tête, qu’apporter sa pierre à l’édifice babélien deviendrait un exercice au mieux périlleux, au pire vain ou voué à l’échec. Il était pourtant écrit que François Gorin devait s’y coller (ou, pour le citer, « Il était dit que j’en arriverai là »). Continuer la lecture de « Selectorama : Bob Dylan par François Gorin »