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#5 : Tindersticks, We Have All The Time in The World (Clawfist, 1993)

Tindersticks sur canapé.
Tindersticks sur canapé.

Si j’ai pris pour habitude de me lever tôt et dormir peu (et mal), j’ai toujours eu cette propension hautement revendiquée à la glande et à la procrastination. Vite lever le pied, remettre au surlendemain, rechigner devant l’effort et refuser l’obstacle sont des compétences qui n’ont plus de secret pour moi. Après avoir longtemps sinué en dilettante entre droit à la paresse (Paul Lafargue) et éloge de l’oisiveté (Bertrand Russell), j’avais à la fin du siècle dernier pensé trouver dans l’oblomovisme une voie à emprunter. A l’origine de ce néologisme, Oblomov, un roman de l’écrivain russe Ivan Gontcharov, publié en 1859, et adapté au cinéma (c’est par ce biais que j’en ai d’abord eu connaissance) par Nikita Mikhalkov en 1980, du temps où le cinéaste et son œuvre n’étaient pas encore devenus totalement infréquentables. L’oblomovisme, quand les écoles ont fermé et que le repli s’est opéré, a fait retour, grattant insidieusement à la porte du foyer. On s’imaginait aisément, débarrassé de toute obligation, de tout horaire, se lover dans la contemplation et l’abstinence de décision, avachi dans le canapé. C’était là un art de vivre des plus tentants, à cela près qu’il se pratique seul (et pas avec deux gamins dans les pattes), qu’il baigne dans une profonde mélancolie (ce n’est pas vraiment le moment opportun) et qu’il demande beaucoup, beaucoup trop d’attention pour être mené à bien. Et puis traîner toute la journée en savates et robe de chambre, très peu pour moi. Quitte à ne rien faire, autant le faire bien. Et avec un minimum d’élégance. Continuer la lecture de « #5 : Tindersticks, We Have All The Time in The World (Clawfist, 1993) »

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Slow Emotion Replay – The The

17 secondes qui ont changé ma vie

On ne dit pas adieu comme on dit bonjour. Non. On n’abandonne pas un bout de sa vie comme on accueille le facteur. A moins, peut-être, de s’appeler Marc Almond, de n’avoir jamais su faire la différence entre sa joue gauche et sa main droite, et de présenter la claque et la bise comme des siamoises de cabaret lorsqu’il chante Say Hello, Wave Goodbye avec Soft Cell. Mais c’est une autre histoire. Celle qui nous occupe commence il y a vingt-six ans, à Londres, lorsque je découvre Slow Emotion Replay sur l’album Dusk de The The, le deuxième et dernier disque qu’enregistrera Johnny Marr, l’ancien guitariste des Smiths, avec l’Anglais Matt Johnson, sorte de Tom Waits égaré au rayon fournitures scolaires d’un Sainsbury’s. Continuer la lecture de « Slow Emotion Replay – The The »

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The Posies, Frosting On The Beater (Omnivore Recordings)

The PosiesQui sont les Posies à l’heure où sort leur troisième album ? Une sorte d’anomalie dans un courant et une époque qui surfe sur la révolution Nevermind pour ne surtout pas trier le bon grain de l’ivraie. Il y a trop d’argent et de drogues en jeu. On vous passera la liste des containers entiers de la déchetterie que furent aussi ces années-là, mais s’il est bien un disque à réécouter sans a priori en gardant le souvenir d’une fanitude commencée là et largement confirmée depuis (Blood/Candy en 2010, chaudement conseillé), c’est bien Frosting On The Beater, véritable tour de force power pop d’une rentrée 1993 qui en comptait pourtant d’autres, ramenant le sceptre et le spectre de Big Star aux nouvelles générations, le récemment réévalué Thirteen du Teenage Fanclub en tête. Continuer la lecture de « The Posies, Frosting On The Beater (Omnivore Recordings) »