Selectorama : Mess Esque

Mess Esque
Mess Esque

Lorsque l’on évoque le natif de Melbourne Mick Turner, on pense immédiatement aux essentiels Dirty Three dont il fut le membre fondateur. Ce serait faire l’impasse sur quarante années de projets dont le dernier en date, Mess Esque, vient de sortir sur Drag City. Le groupe est né en 2020 sur la base d’échanges à distance entre Mick Turner et Helen Franzmann qui s’est fait connaître en sortant des albums sous le nom de McKisko. Leurs chansons sont de purs produits de la pandémie, chaque titre respire l’isolation, la solitude et la mélancolie. Il s’en dégage pourtant une chaleur et une beauté qui nous invite à pénétrer dans leur cercle intime sans voyeurisme. On y trouve même un certain réconfort. Cela est d’autant plus incroyable que Mick et Helen ne se sont jamais rencontrés physiquement. La formule fonctionne grâce au juste équilibre entre minimalisme, expérimentations et mélodies foutraques. Ce Selectorama proposé par les deux membres du groupe vous éclairera sur leur univers étrange et fusionnel qui a donné à naissance à deux albums en moins d’un an. On espère qu’il y en aura beaucoup d’autres.

Mick

Bill Callahan & Bonnie Prince Billy, The Wild Kindness (feat. Cassie Berman)

Bill et Bonnie Prince interprètent ce classique de Siver Jews, dans une version particulièrement émouvente, et c’est l’un de mes clips vidéos préférés. Ma voix figure dans le chorus au milieu de la foule.

Big Thief : NPR Music Tiny Desk Concert (2016)

Il s’agit de trois chansons d’une durée de neuf minutes, incluant Masterpiece, Paul et Lorraine. J’adore simplement ce groupe. Cette captation, filmée dans les bureaux de NPR est vraiment particulière pour son intimité.

The Orbweavers, Spotswood

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Un groupe local de Melbourne avec un de leurs morceaux fétiches à propos d’une banlieue de la ville, qui vient juste d’être réédité en vinyle pour le dixième anniversaire de l’album.

Helen

Karen Dalton, Something on your mind

J’ai entendu cette chanson pour la première fois un soir de Nouvel An. C’était à une soirée dans les collines en dehors de Byron Bay et tout le monde avait ajouté ses sélections musicales à la playlist. Ce morceau est arrivé au milieu d’autres plus rapides, et je me suis assise pour l’écouter. Son « You can’t make it without ever even trying » me bouleverse à chaque fois. Une voix et un morceau incroyable et desespéré à la fois.

Life Without Buildings, The Leanover

La manière de chanter de Sue Tompkins m’épate tellement, avec sa façon de balancer les mots comme ça avec autant de cœur. J’ai lu quelque part qu’elle prenait beaucoup de notes pendant les répétitions, et que les mots et les idées évoluaient ainsi vers qulque chose de plus conséquent. Je travaille sur les paroles de la même façon avec Mess Esque, c’est une influence directe.

Winter Family, Shooting Stars

La chanson qui m’a permis de m’apaiser pour dormir maintes et maintes fois. La simpicité de l’accompagnement et cette voix trainante qui s’évanouit, c’est tellment satisfaisant. Un rappel qui nous dit que c’est ok de prendre les choses avec une telle lenteur.

Rabbit Island, 11,12,13

Je n’ai pas encore vu Amber jouer ses chansons en concert ici en Australie, mais la découverte de ce disque a été une douce surprise il y a quelques années. Elle vit dans l’ouest de l’Australie, et il y a l’air d’y avoir de très bonnes choses en termes de musique dans cette partie-là du pays. La répétition des mélodies et des harmonies de ce morceau ont une sorte de force tranquille.

False Mirror, Mess Esque

C’était l’été, j’étais allongée sur le sol de la cuisine dans mon maillot de bain, avec de grandes choix de vie à prendre. C’est toujours compliqué, emmêlé, mais j’ai cette chanson pour en témoigner.

Mick et Helen

Mess Esque, Jupiter

Mick : Notre ode à un voyage épique dans l’espace. La vidéo de Lucy Dyson va dans ce sens.

Helen: Les paroles et la musique sont venues très rapidement pour celle-ci, enregistrée sur un téléphone dès que j’ai entendu la partition de guitare de Mick en marchant dans la crique. Il y a une référence au poème de E.E. Cummings qui traînait sur le sol de ma chambre. J’avais aussi une carte postale de la peinture Monk by the Sea de Caspar David Friedrich punaisée au mur en face de moi. La chanson a pris du temps à se finir, on a un certain nombre de versions rangées dans nos ordinateurs respectifs. Mick a travaillé avec acharnement dessus pendant des mois et Lucy Dyson a réalisé ce clip satellisé.

Mess Esque, Big Old Blue



Mick :
Un extrait de notre premier album, Dream #12, comme un duvet de couchage géant et doux pour vous garder au chaud et en sécurité.

Helen : La vidéo a été réalisée par Denny Ryan dans ma maison et dans les magnifiques eaux de Minjerribah, au loin de la côte australienne.

Mess Esque, Take It Outside

Mick : C’est le premier single sorti de notre album éponyme avec un hommage aux manifestants d’Extinction Rebellion dans le clip.

Helen : J’ai enregistré les voix très tôt dans la journée, dans ma chambre à coucher à la maison. Ce morceau est inhabituel dans sa façon de démarrer avec ces « Ah Ah » que l’on entend au second plan. Pas de mots, juste la mélodie et les harmonies. Mick a joué par-dessus et la chanson s’est très vite crée à partir de là. Beaucoup de moments fugaces y figurent. L’habitude de me promener seule le long de la rivière près de ma maison. Un vieux livre de Jacques Cousteau sur une étagère en face de moi quand je chantais. Le sentiment de se sentir sous l’eau pendant le confinement. Me tenir debout devant un flamboyant bleu (ndlr : un arbre subtropical originaire du centre-sud de l’Amérique du Sud aux grandes fleurs bleues). Ma soeur Caitlin et moi improvisant lors de performances interminables allant du meilleur au pire. Dans les parties à la fin, j’ai joué avec cette idée à nouveau, en riant la moitié du temps. On a aimé comme ça sonnait et on l’a gardé. Mick a connu pas mal de moments contrastés en l’enregistrant, parce que je me réveillais parfois à deux heures du matin, j’y ajoutais des choses, je l’envoyais et je retournais me coucher. Mais j’ai eu le sentiment assez vite que je pouvais croire en lui. C’est lui qui a réalisé le clip. 


L’album éponyme de Mess Esque est sorti chez Drag City / Modulor.

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