Selectorama : Jane Weaver

Jane Weaver / Photo : Nic Chapman
Jane Weaver / Photo : Nic Chapman

Après un virage pop réussi avec Flock en 2021, Jane Weaver sortira Love In Constant Spectacle chez Fire Records le 5 avril prochain. Plus expérimental et sombre que son prédécesseur, on y retrouve tout ce que l’on aime chez Jane Weaver (les vieux synthés bricolés, une batterie motorik) sans jamais avoir l’impression de l’avoir déjà entendu. C’est d’ailleurs ce qui fait de Jane Weaver une des artistes pop les plus passionnantes de sa génération. Avec douze et albums solos au compteur et de nombreux projets parallèles, elle n’a jamais cessé de se renouveler, de chercher de nouvelles pistes à explorer, sans noyer l’auditeur grâce à une balance parfaite entre la complexité et l’accessibilité. Il suffit d’écouter attentivement les dix titres de ce Selectorama, et de lire à quel point elle se passionne pour ces artistes, pour comprendre à quel point cela ressort dans sa musique unique et onirique.

01. Thom Yorke, Suspirium 


C’est la musique du remake de Suspiria de Dario Argento. Je suis une fan du film original et d’autres films d’horreur italiens de cette époque, j’étais donc inquiète que ce nouveau film soit épouvantable… Je ne pouvais pas avoir plus tort, je l’ai adoré à bien des niveaux. Je l’ai même regardé à plusieurs reprises car il vous attire dans son monde comme par sortilège. La musique est vraiment parfaite. J’adore la façon dont Thom Yorke écrit et la manière dont quelque chose de très simple peut vous faire basculer dans l’émotion, ce qui convient parfaitement à ce film.

02. Suzanne Cianni, Flowers of Evil


Il s’agit d’une musique joué sur un synthétiseur Bucla A et d’une voix qui lit le poème Elevation de Charles Baudelaire. Je suis un grande admiratrice de Suzanne, c’est une personne merveilleuse et une véritable pionnière, son histoire est une source d’inspiration pour continuer à grandir et à développer son art.

03. Scott Walker, It’s Raining Today


Quand j’étais jeune, beaucoup de gens citaient Scott 4 comme le disque de Scott Walker à écouter, mais  je lui préfère Scott 3. Cette chanson me rend folle parce qu’elle commence avec des cordes et sonne comme un film d’horreur. L’une des cordes est très forte et dissonante, elle n’est pas dans la tonalité de l’accompagnement et elle perdure tout au long de la chanson alors que le reste de l’instrumentation est plutôt classique pour une ballade. C’est vraiment étrange et déconcertant, et c’est une production expérimentale assez audacieuse.

04. Twink, Fluid


J’avais l’habitude d’écouter les Pink Fairies quand j’étais plus jeune. Un motard nous a fait découvrir leur musique, à mes amis et moi, quand nous avions 17 ans et que nous écoutions du Hawkwind, du rock, mais aussi du métal. Cette chanson est tirée de l’album Think Pink de leur batteur Twink et je l’écoute parce que j’aime la production, c’est psychédélique et vraiment lourd par endroits, même si personnellement je ne pense pas que la batterie soit assez haute dans le mixage. Les parties de batterie sont très bonnes mais la guitare est tellement forte !

05. Catherine Ribeiro + 2 bis, Le Point Qui Scintille


J’écoute beaucoup sa musique, elle a une voix urgente et très expressive, celle des chanteurs de protest songs ou de folk rock. Ce titre vibre comme s’il avait été composé et joué au milieu d’une forêt… Catherine et son groupe ont l’air si naturellement cool qu’ils me donnent envie de traîner avec eux dans les années 1970.

06. Bergen, Sen Affesten


Je me promenais à Brick Lane à Londres et je suis tombée sur une camionnette de déménagement chargée des meubles. Le vieil homme qui se trouvait à l’extérieur de la camionnette jouait cette chanson à tue-tête sur l’auto-radio, je lui ai demandé ce que c’était, je pensais d’abord que c’était de l’arabe, mais il m’a dit « non, c’est du turc »! Il m’a appris que c’était une chanteuse célèbre dans on pays. Nous avons bien discuté et j’ai shazamé la chanson ! Bergen est énorme, j’adore les cordes de ce titre et sa voix est incroyable.

07. Hala Strana, Stouthrief


Je ne connaissais pas l’artiste Steven R Smith. Il se cache derrière plusieurs pseudonymes et projets musicaux, dont celui-ci, qui date du début des années 2000. Ça sonne comme un vieux disque, avec notamment cette partie de violon très frappante qui ressemble à un cri d’animal. Il s’agit d’un morceau assez émouvant, basé sur une musique traditionnelle d’Europe de l’Est.

08. Nico, Janitor of Lunacy


J’écoutais beaucoup Nico l’année précédant l’enregistrement de mon album. Je ne peux l’écouter que si je suis de bonne humeur. Sa musique est si lourde, sombre et désespérée. Sans le réaliser, je n’étais probablement pas bien dans ma tête à l’époque, je ne voulais plus écouter de musique pop. Je viens de précommander la réédition de Desertshore. J’adore le côté dramatique de l’album et, bien sûr, la chanteuse.

09. Yoko Ono, Greenfield Morning/I pushed an Empty Baby Carriage all over the city


Le groove de cette chanson est comme un mantra mental, c’est tellement bon. Chaque fois que je poste un morceau de Yoko sur les réseaux sociaux, certaines personnes me disent qu’elles trouvent la voix de Yoko dérangeante, mais moi je l’adore et j’ai toujours été un fan d’elle et de son art, très expressif et libre.

10. Ssabae, Le Premier Soir du Monde


C’est mon nouveau disque préféré, mon mari me l’a fait écouter récemment et j’ai été intriguée. Il est expérimental et sonne de manière tout à fait unique. Les sons sont tout à fait dans mes cordes : harmonium et instrumentation traditionnelle, mais on dirait qu’ils ont été enregistrés de différentes manières, c’est vraiment bon.

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Romantic Worlds, nouvel extrait du prochain album de Jane Weaver, Love In Constant Spectacle, est disponible chez Fire Records.

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